La révolte des femmes iraniennes se poursuit-elle ?

Malgré les difficultés et les dangers, les femmes en Iran luttent courageusement pour leurs droits. Elles font face à des défis importants et à des conséquences potentiellement graves. Mais leur détermination reste forte. Ces femmes montrent une résistance incroyable dans leur quête pour plus d’égalité et de justice, même lorsque les obstacles sont nombreux.

À Téhéran, dans la prison d’Evine, Ali Al-Qasimehr, le chef du département de la justice de Téhéran et ancien procureur de Téhéran, accompagné de deux juges notoires et de plusieurs autorités pénitentiaires, se sont introduit dans le quartier des femmes mercredi 27 décembre 2023. Or, parmi les juges, se trouvait Iman Afshari, l’homme ayant condamné bon nombre des femmes emprisonnées. Elles se sont alors mises à protester et à scander des slogans à l’encontre du régime de mollahs, réclamant leur libération, étant donné qu’elles ont été condamnées à de lourds châtiments, sans aucun procès. Les gardiens de prison sont alors arrivés et ont agressé avec violence les prisonnières. L’administration pénitentiaire les a à leur tour menacée en coupant les lignes téléphoniques, en les menaçant de les inculper à nouveau et de les exiler vers des lieux éloignés, comme Sistan-Baloutchistan. Le message porté par leur révolte a rempli son rôle, puisque la commission des Femmes du Conseil national de la Résistance iranienne a appelé à condamner la brutalité du régime misogyne des mollahs et a demandé à la mission internationale d’enquête de l’ONU, de visiter les prisons iraniennes, afin de parler avec les prisonnières.

« Sa peine de 74 coups de fouet a été exécutée conformément à la loi et à la charia » et « pour atteinte aux mœurs publiques » – Mizan Online

De plus en plus de femmes s’affichent sans voile sur la tête, sur les réseaux sociaux, depuis le début des mouvements révolutionnaires de septembre 2022. Mais elles sont toutes très vite sanctionnées pour cela. C’est le cas de Roya Heshamti, qui a par la suite reçu 74 coups de fouet pour « atteinte aux mœurs publiques ». Ella a aussi été condamnée à payer une amende pour non-port du voile, obligatoire depuis la Révolution islamique de 1979. 

Trois années de plus pour la publication d’« images obscènes »

Les figures médiatisées du mouvement « Femme, Vie, Liberté » sont les premières à être réprimées. La traductrice Sepideh Rashno, âgée de 29 ans, a été condamnée à quatre ans de prison, pour la publication d’« images obscènes ». La cause : c’est une militante qui lutte contre le port obligatoire du hijab. Elle est notamment connue, car une vidéo d’elle en pleine dispute avec une femme dans un bus, au sujet du port du voile, a été diffusée sur les réseaux sociaux. Par la suite, elle a été reprise par son établissement : l’Université Al-Zahra de Téhéran, qui l’a exclu durant deux semestres à son encontre. Mais cette répression ne l’a pas arrêté dans son combat. Elle a continué de diffuser des messages sur les réseaux sociaux, dans lesquels elle « incite les Iraniennes à se rebeller contre les règles imposées par la religion et le régime ». En octobre, elle a été accusée d’« incitation à la prostitution et à la corruption » et de « propagande contre le régime », et condamnée à quatre ans et un mois de prison. Elle doit aujourd’hui subir une peine de trois années de prison.

Mais elle n’est pas la seule …

Ce n’est pas la seule femme condamnée à une peine de prison, pour avoir « trop parlé ». Maryam Akbari, l’une des plus anciennes prisonnières politiques en Iran, doit elle aussi subir trois années de plus en prison. Elle devait normalement être libérée après 15 années enfermées, mais le pouvoir judiciaire des mollahs en Iran l’a à nouveau condamnée dans « deux affaires distinctes fabriquées par le ministère du renseignement ». L’une pour « propagande contre le système », l’autre pour « insulte aux dirigeants, réunion et la collusion, publication de mensonges et trouble de la conscience publique, incitant à s’opposer à la sécurité nationale ». Si Maryam Akbari s’est retrouvée enfermée dans ce cercle vicieux, c’est parce qu’elle a demandé justice pour trois de ses frères, qui appartenaient à l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK) et qui ont été exécutés par le régime des mollahs. Elle a été arrêtée en 2009, pour avoir participé à un soulèvement, en décembre 2009, à Téhéran. Nous pouvons donc affirmer que, malgré les obstacles, toutes ces femmes continuent de se révolter, avec courage.

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