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La liberté de la presse mise en péril 

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Le 12 octobre, le quotidien L’Humanité publiait « La journaliste Samira Sabou en liberté provisoire ». Depuis le 30 septembre, cette journaliste et blogueuse originaire du Niger avait été portée disparue pendant huit jours. En réalité, elle avait été enlevée chez elle par des individus en civil se présentant comme des membres des forces de sécurité. Ces hommes masqués avaient exhibé des cartes professionnelles et avaient insisté pour qu’elle les suive dans une voiture, où elle avait été cagoulée. Ni sa famille, ni son avocat n’avaient pu entrer en contact avec elle depuis son arrestation, et ils ignoraient où elle avait été emmenée. La journaliste a été inculpée pour avoir « diffusé des informations susceptibles de perturber l’ordre public », selon RSF. Le 7 octobre 2023, Samira Sabou a été retrouvée dans les locaux des services nigériens de la sécurité extérieure (DGDSE). Elle a ensuite été transférée aux locaux de la police judiciaire de Niamey, où elle a été placée en garde à vue sans que les charges contre elle ne soient précisées. Le 11 octobre 2023, elle a été présentée devant un juge du Tribunal de Niamey, qui a décidé de la libérer provisoirement en attendant les développements de l’enquête ouverte à son encontre pour « production et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public » d’après la Fédération iInternationale pour les Droits Humains. 

Samira Sabou est une militante engagée dans la défense des droits de l’homme et la dénonciation de la corruption. Amnesty International a suggéré que sa disparition forcée était très probablement liée à son militantisme intense et à ses récentes critiques des arrestations arbitraires menées par le CNSP. L’association avait d’ailleurs demandé la libération de la journaliste via un communiqué de presse. D’autres organisations, telles que la Fédération internationale pour les droits de l’homme et Reporters sans frontières, avaient également appelé à sa libération immédiate.

En 2020, cette journaliste avait déjà été emprisonnée et jugée pour diffamation suite à la publication d’informations concernant des surfacturations dans l’achat d’équipements militaires. Elle avait finalement été acquittée. À l’origine de cette poursuite se trouvait la plainte de Sani Mahamadou Issoufou, le fils de l’ancien président et ancien directeur de cabinet adjoint.

Les nombreuses mises détentions de la journaliste nigérienne sous les différents  régimes politique (sous le président Mohamed Bazoum et depuis le Coup d’Etat) montre un contrôle de la presse omniprésent, une liberté d’expression restreinte et un non respect des droits de l’Homme. 

Depuis le coup d’Etat, une situation qui s’empire 

Depuis le coup d’État du 26 juillet perpétré par la junte militaire nigérienne, le pays est paralysé et placé sous un contrôle total des forces armées. La censure s’étend de manière constante, et la communication concernant la situation du pays demeure opaque, principalement en raison du dysfonctionnement des sites officiels. Cela s’applique notamment aux sites du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie et du gouvernement, qui sont inaccessibles. Le seul site officiel encore en ligne est celui du Premier ministre, bien que ce dernier n’ait pas été mis à jour depuis 2021. Par conséquent, obtenir des informations précises sur la situation réelle à l’intérieur du pays devient de plus en plus compliqué. De plus, les journalistes sur place font face à une censure significative, comme en témoigne le cas de la journaliste Samira Sabou. Malgré ces défis, elle n’a pas cédé à l’intimidation, et dès sa libération le 7 octobre 2023, elle a dénoncé les conditions de sa détention.

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