La place des femmes dans le rap à New-York et en France

Depuis 3 semaines je cherche activement des actualités sur la place de la femme dans le rap. Une des premières choses que j’ai observée c’est qu’il y en avait très peu : actualités rap, playlist de la semaine, récentes sorties d’albums, les femmes sont rarement mise à l’honneur.

Dans mon article j’ai donc décidé de mettre en lumière les rappeuses influentes au cours des dernières années. 

Ce mercredi 18 Octobre 2023, le média « générations hip hop soul radio » sortait un article intitulé Complex dresse le classement des 50 meilleurs rappeurs de New York. Le classement se base sur la compétence, la capacité lyricale ainsi que l’impact sur le genre et la culture à New York. Et d’après cette classification seulement 6 rappeuses feraient partie du top 50. Ice Spice, Mc Lyte, Foxy Brown, Cardi B, Lil’Kim et Nicky Minaj seraient-elles les seules rappeuses influentes à New York en 2023 ? 

Dans le rap il existe une véritable hiérarchie, il a toujours été difficile de s’imposer, de se réinventer, d’entretenir une place durable, mais pour les rappeuses c’est un combat encore plus fort. On le voit dès l’introduction du classement, on décrit Nicky Minaj comme la rappeuse qui aurait «brisé les normes de genre et redéfinit l’autonomisation des femmes». Il est donc particulièrement difficile pour une femme de trouver sa place et de se sentir légitime dans le rap, un monde rempli de stéréotypes de genres. Dans le classement, on décrit rapidement le parcours de chaque artiste. Et quand on lit attentivement chaque description on remarque qu’il y a une véritable différence de traitement entre les rappeurs et les rappeuses. Par exemple, quand on parle d’Ice Spice, cette rappeuse émergente son succès est directement affiliée à celui de son producteur de disque RIOTUSA. Dans le rap le mérite des femmes est donc beaucoup moins mis en avant, il y a très peu de reconnaissance. Cependant, les rappeuses sont essentielles dans le milieu, elles apportent leur propre touche, c’est aussi des modèles pour les autres jeunes filles. Ice Spice s’est beaucoup inspirée de Nicky Minaj en étant jeune.

Pourtant les femmes ont un rôle majeur dans le rap

Sylvia Robinson, peu de personnes connaissent ou se souviennent de ce nom. Pourtant cette femme est pionnière dans la naissance du rap. En aout 2019, le média Nova écrit un article en décrivant cette femme comme « la mère du hip hop ». En 1979 Sylvia Robinson va créer un véritable tournant en fondant le label  « Sugar Hill Records » qui va marquer un genre nouveau : le rap. c’est grâce à elle que cette nouvelle musique se développe, trouve ses marques, se répand et s’inscrit dans le temps. On affilie beaucoup le succès de Sylvia Robinson à celui de son mari Joe Robinson.i. Sa mort en 2011 a fait très peu de bruit, on a beaucoup plus parler de son mari, qui lui, n’a pas forcément contribué à la naissance du rap.

En France Saliha, est aussi une pionnière oubliée du rap. Cette femme à été l’une des premières rappeuses françaises. Pourtant sa carrière est très peu mise en avant. D’après l’article des Inrockuptibles, deux maisons de disques auraient arrêté le contrat avec Saliha en raison de son succès trop faible. Il ne suffit donc pas de réussir à rentrer dans le monde du rap, le plus gros combat pour les femmes c’est de pouvoir y rester.

Qu’en est-il des rappeuses en France ? 

En 2023, il existe toujours un véritable sexisme, une hiérarchie dans le monde du rap.

On parle beaucoup plus de Booba, Ninho, Orelsan que de Doria, Chilla, ou Soumaya. Quand on regarde les statistiques d’écoute on se rend compte que les rappeuses sont très peu écoutées contrairement aux rappeurs qui connaissent une grande ascension et un très gros succès auprès des jeunes. Les médias accentuent le phénomène en parlant très peu des rappeuses, par exemple sur l’émission « planet rap » diffusée sur Skyrock très peu de femmes sont invitées. 

Le 5 octobre 2023, la rappeuse Shay s’est exprimée sur le sexisme au sein de l’industrie du rap dans le média quotidien

Shay défend l’idée qu’on peut faire du « rap énervé en chaussures à talons ». Cette rappeuse n’a jamais eu peur d’affirmer son style vestimentaire avant-gardiste. Dans l’émission Shay confie qu’elle à du faire face à de nombreuses insultes, elle en a fait son combat en les tournant en positif avec son mot fétiche qu’elle emploie partout : « garce ». De plus en plus des dispositifs sont mis en place afin que les rappeuses aient davantage de visibilité. 

En 2015, Madame Rap, le premier média dédié aux femmes dans le hip-hop est crée. Régulièrement, le média donne la parole à des rappeuses du monde entier sur leur parcours, la place qu’elles occupent dans le rap en tant que femmes. La rappeuse Thay Maidza était la dernière invitée ce 4 octobre. Quand on lui demande les divers problèmes auxquels elle est confrontée en tant que femme elle répond qu’elle n’est souvent pas prise au sérieux, elle souligne aussi les efforts deux fois plus gros qu’elle doit faire pour être écoutée et vue. Récemment, un nouvel évènement nommé « Rappeuses en liberté » a été mis en place. C’est l’université de Paris 8 qui a souhaité mettre en lumière les jeunes rappeuses françaises en organisant un concours. Chaque rappeuse peut envoyer un freestyle présentant son univers. Des jurys spécialisés dans le monde du rap définiront ensuite 3 gagnantes, celles-ci auront de nombreux privilèges comme celui de participer à un des plus gros festivals d’Europe : les Ardentes. Ce 13 octobre 2023, le média « génération hip-hop soul radio » a dévoiler les rappeuses gagnantes, il s’agit de Saturnz, Turtle White et Lyloow.

Le chemin est encore long, particulièrement celui de la médiatisation, les rappeuses sont très peu mises en lumière ce qui ralentit fortement la progression du mouvement de féminisation dans le rap. 

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