Déserts médicaux : les zones rurales laissées à l’abandon et l’État coupable d’inaction

Alors que des inégalités entre les habitants de zones rurales et de zones urbaines concernant la santé sont démontrées par des études menées par l’association des maires ruraux de France ainsi qu’UFC-Que choisir, l’État semble inactif. Cependant des solutions pour attirer les étudiants en médecine sont imaginés et le SNCF propose de mettre en place un service de téléconsultation dans 300 de ses gares d’ici 2028.

« Plus on est éloignés, moins on est traités. »

Actuellement, la localisation à la campagne apparaît comme un facteur déterminant des inégalités d’accès aux soins hospitaliers, car les coûts générés par le transport ne sont pas moindres. En effet, d’après une étude publiée ce lundi 13 novembre par l’association des maires ruraux de France (AMRF), les habitants des communes rurales consomment 16 % de soins hospitaliers en moins que la moyenne nationale. « Plus on est éloignés, moins on est traités », telle en est la conclusion. Ainsi, au cours de ces 30 dernières années, l’espérance de vie s’est améliorée deux fois plus vite en ville qu’à la campagne. Par conséquent, nous comptons environ 14 000 décès de plus par an dans les zones rurales que ce qui serait attendu si l’espérance de vie y était identique à celle des villes. Le géographe Emmanuel Vigneron explique les « pertes de chances », notamment concernant le cancer de la prostate ainsi que le cancer de l’utérus, qui est pris en charge plus tardivement en zone rurale à cause du manque de médecin.

«  83% des Français résident dans un désert médical »

Une autre étude de l’UFC-Que choisir cette fois-ci, rapporte que : 83% des Français résident dans un désert médical, 19,3% des Français dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 24,8% des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9% des enfants dans un désert médical pédiatrique. C’est donc dans ce contexte que l’UFC-Que choisir met en place une pétition pour saisir le Conseil d’État en ce 20 novembre. L’État est accusé d’avoir ignoré leurs « revendications et d’avoir, par son inaction coupable, enterré le droit à la protection de la santé ». De plus, une carte interactive est proposée pour connaître les fractures sanitaires en France selon deux critères. Le premier se base sur l’éloignement géographique des médecins et le second sur les tarifs pratiqués.

« Lorsqu’un médecin part à la retraite en milieu rural, c’est un rayon de 15km de désert médical qui se crée, et tout un territoire qui souffre ».

Actuellement, en milieu rural, plus de la moitié des médecins ont plus de 55 ans. Les jeunes médecins ayant tendance à exercer en ville, une fois à la retraite, il sera compliqué de remplacer les médecins ruraux. Emmanuel Vigneron explique que le départ d’un médecin peut être difficile pour les communes rurales, car « Lorsqu’un médecin part à la retraite en milieu rural, c’est un rayon de 15km de désert médical qui se crée, et tout un territoire qui souffre ».

Face à ces constats, SNCF Gares et Connexions a annoncé le 17 novembre que des espaces de téléconsultation étaient prévus pour 2028 dans environ 300 gares avec pour objectif de lutter contre les déserts médicaux. La prise de rendez-vous sera possible sur place ou en ligne (Doctolib ou via les services en ligne de la SNCF) en fonction des « flux et reflux de voyageurs » au sein des gares participant à ce projet. Il est précisé qu’un infirmier diplômé d’État sera toujours présent aux côtés du patient pendant qu’il sera « examiné à distance par un médecin exerçant sur le territoire français, de préférence localement ». Concernant le prix, il sera le même que celui d’une consultation classique de secteur 1.

De plus, depuis le 2 novembre, l‘éditeur de guides de voyage Le Petit Futé, en partenariat avec « Attitude Manche » a publié un guide touristique à destination des internes en médecine qui arrivent dans le département avec pour objectif de « Donner envie de s’installer durablement dans la Manche ».

Enfin, selon l’AMRF, il faudrait « donner les moyens aux étudiants en santé de faire des stages hors du lieu de formation initiale, développer des équipes de soins coordonnées autour du patient » et « une meilleure répartition des professionnels de santé. »

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