Projet de transformation de l’aide médicale d’état en aide médicale d’urgence

Le projet de loi visant la suppression de l’aide médicale d’État doit arriver au sénat ce lundi 6 novembre. En guise de contestation, un collectif de 3000 médecins a écrit une tribune au monde en demandant le maintien de cette aide. Qu’est-ce que l’Aide médicale d’État et pourquoi le collectif s’y oppose ?

L’aide médicale d’État (AME) est un dispositif qui permet un accès gratuit aux soins aux étrangers en situation irrégulière. Pour ce faire, les personnes doivent être présentent depuis au moins trois mois en France. Actuellement, cette aide bénéficie à environ 410 000 étrangers sans papiers, mais, seules 51 % des personnes éligibles à l’AME y ont recours. De plus, les maladies telles que le diabète ou les maladies infectieuses ne sont pas prises en charge par l’AME ainsi que par l’assurance maladie de droit commun.

De « l’aide médicale d’État » à « l’aide médicale d’urgence »

Le projet de loi immigration porté par le ministre Gérald Darmanin consiste à transformer l’Aide médicale d’État en Aide médicale d’urgence recentrée « sur la prise en charge de la prophylaxie et du traitement des maladies graves et des douleurs aiguës, des soins liés à la grossesse, des vaccinations réglementaires et des examens de médecine préventive » comme l’indique la majorité sénatoriale de droite et du centre. Ce projet de loi doit arriver au Sénat lundi 6 novembre 2023.

Selon l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES) en 2022, les dépenses de l’AME s’élevaient à 1,054 milliard d’euros, soit 0,5% de la consommation totale de soins et de biens médicaux.

« Leur santé, c’est aussi la nôtre. »

Dans une tribune publiée dans Le monde, un collectif de plus de 3000 soignants exprime son opposition catégorique au projet. L’AME est un « outil de lutte contre les exclusions qui n’est accessible que pour les personnes dont les ressources sont inférieures à 810 euros par mois et qui font preuve d’une résidence stable en France. ». Ils expliquent que la grande majorité des personnes qui se réfugient en France, le font non pas par objectif de profiter de l’AME, mais pour fuir la misère et l’insécurité présentent dans leur pays. Toujours d’après l’IRDES, seulement 10% des réfugiés mentionnent la santé parmi les raisons de leur migration en France.

« Leur santé, c’est aussi la nôtre. », tels sont les mots écrit au sein de la tribune. Il faut savoir qu’une politique similaire a été mise en œuvre en Espagne en 2012. Celle-ci a échoué en entrainant une incidence accrue de maladies infectieuses, une mortalité excessive et de mauvaises conditions de travail pour le personnel soignant. Par conséquent, celle-ci a été abrogée en 2018. Donc, limiter l’accès aux soins de ces patients, qui font déjà face à de nombreuses barrières pour accéder aux soins, entrainera une forte dégradation de leur état de santé, mais aussi celui de la population toute entière.

– Écrit par Ema JAUD

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