Un approvisionnement en carburant de la part du Sierra Leone est en cours dans la capitale. Cette aide fait suite à l’explosion du principal dépôt de carburant guinéen le 18 décembre, ayant engendré de fortes pénuries dans tout le pays. Cet événement s’inscrit dans un contexte de tensions face au manque de carburant, ressource essentielle à la population.
Près d’un mois après l’explosion de son principal dépôt de carburant à Conakry, la Guinée s’apprête à être à nouveau approvisionnée en diesel. Un approvisionnement temporaire via la Sierra Leone est en cours depuis l’incendie, avec l’arrivée progressive de 120 camions-citernes. Le 10 janvier, le gouvernement guinéen a annoncé une normalisation progressive avec l’arrivée d’un pétrolier au port de la capitale. « Nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos peines, mais la reprise de l’approvisionnement du pays en gasoil à travers nos propres installations est une véritable bouffée d’oxygène« , a déclaré le Premier ministre Bernard Goumou, qui s’est rendu le jour même au quai pétrolier de Conakry, selon un communiqué du gouvernement.
Un incident lourd de conséquences
Dans la nuit du 17 au 18 décembre, aux alentours de minuit, une puissante explosion a détruit le plus grand dépôt de pétrole de Guinée à Conakry. Le bilan officiel s’élève à 24 morts, 454 blessés et 800 bâtiments endommagés. Le colonel Mamadi Doumbouya a annoncé mercredi soir une période de deuil national de trois jours, à partir de jeudi, en hommage aux victimes. Une enquête est actuellement en cours pour déterminer la cause de l’explosion. Déjà, des voix s’élèvent : dans un communiqué, les Forces Sociales de Guinée (FSG) « regrettent le silence intolérable des multinationales ou compagnies actionnaires du dépôt et coresponsables de sa gestion, alors que des défaillances de gestion sont indexées comme causes par le porte-parole du gouvernement. » Dans une déclaration télévisée, la Côte d’Ivoire s’est également engagée à livrer 50 millions de litres d’essence par mois à la Guinée d’ici la fin du mois de décembre.
Une pénurie source de tensions
Cette pénurie de carburant a entraîné des affrontements entre des groupes de jeunes réclamant du carburant dans les stations-service de Conakry jeudi, les jeunes lançant des pierres et les forces de sécurité répondant en tirant des gaz lacrymogènes. En effet, de nombreux jeunes Guinéens dépendent des taxis-motos pour se déplacer. Ils demandent la réouverture des stations-service pour tous les types de carburant. Ismaël Camara, un chauffeur de taxi, témoigne et se plaint de la rareté des passagers : « Cette situation commence à nous peser de manière extraordinaire ici à la cimenterie. Depuis le matin jusqu’à maintenant il n’y a eu qu’un seul taxi qui a pu embarquer les passagers. Il faut que le gouvernement accélère les choses. Nous avons des obligations familiales, ceci est la seule source de revenus que nous avons » « Nous voulons simplement que le gouvernement s’acquitte de ses obligations. Sinon, qu’il dégage« , a déclaré une autre personne.
À l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), les responsables dénoncent l’« amateurisme » avec lequel le gouvernement guinéen gère actuellement cette crise. « Depuis le début de cette crise, il n’y a eu véritablement aucune action fiable et durable prise par le CNRD pour amener les Guinéens à croire que la sortie de crise est pour bientôt« , a déclaré Souleymane Souza Konaté, conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, lors de l’émission « Les grosses têtes » sur Tropical FM. Il condamne également l' »indifférence » des autorités envers la souffrance de la population. Il exhorte donc les Guinéens, au nom du parti UFDG, à « se mobiliser pour qu’on puisse enfin nous libérer de ce gouvernement de m’as-tu vu, qui n’a rien apporté de bien au peuple de Guinée ».
Une privation de l’accès à l’information
De plus, des organisations non gouvernementales ont exprimé leur préoccupation quant à la censure de certains médias privés en Guinée et aux restrictions d’accès aux médias sociaux pendant cette période de crise. L’Organisation guinéenne pour la défense des droits de l’homme et de la citoyenneté (OGDH) a appelé les autorités, dans une déclaration, à rétablir l’accès aux médias sociaux et aux médias privés « compte tenu du rôle que ces derniers jouent en terme d’informations des populations sur l’ensemble du territoire national » et à faciliter « une sortie de crise rapide« . Depuis le début de l’année, l’accès à Internet et/ou aux médias sociaux a été régulièrement restreint. Les sites d’information en ligne ont été inaccessibles, les radios ont été rendues inaudibles et retirées de certaines plateformes de diffusion.