Ce lundi 16 octobre 2023, 14 journalistes du quotidien indépendant Guinée Matin ont été arrêtés par la police lors d’une manifestation pacifique à Kaloum, dans une commune de Conakry, comme nous l’explique guineenews.org. Cette « marche contre la censure » a été organisée afin de protester contre les restrictions imposées au site d’informations. En effet, les autorités guinéennes bloquent l’accès à ce média en ligne depuis le mois d’août à toute personne qui tente de s’y connecter depuis la Guinée . Le média concerné Guineematin.com précise que le parquet de Kaloum a décidé de poursuivre ces professionnels de médias pour des faits de « participation délictueuse à un attroupement interdit sur la voie publique ».
Sur le site internet du journal Guineematin.com, les antennes régionales du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) ont fait une déclaration conjointe pour revenir sur les événements et condamner l’arrestation brutale et inhumaine de journalistes qui marchaient pacifiquement de la part des forces de l’ordre. Elles déclarent que « dans la foulée de l’interruption agressive de cette marche dite l’assaut de la dignité et l’arrestation de [leurs] confrères, [les 14 journalistes] ont été immédiatement déférés au Tribubal de Première Instance de Kaloum ».
Les antennes SPPG exigent par ailleurs la « libération immédiate et sans condition de nos confrères arrêtés et le site d’informations Guinée Matin ». Au cas contraire, elles useront de « tous les moyens légaux pour se faire entendre à travers les villes de leurs ressorts syndicaux ».Elles invitent l’ensemble de la corporation et les « citoyens épris de liberté » à se mobiliser contre ces agissements de violation flagrante de la liberté de presse en Guinée.
Irruption de militaires dans les locaux d’un média, chaînes privées empêchées de suivre les concertations nationales… Les problèmes liés à la liberté de la presse en Guinée ne sont malheureusement par nouveaux. Alors qu’une partie de la presse rencontre des difficultés à couvrir l’actualité politique depuis le coup d’État en Guinée, Reporters sans frontières (rsf.org) appelle les autorités de transition à ne pas entraver l’exercice du journalisme dans le pays. Ce dernier est aujourd’hui classé 85 sur 180 dans le classement de la liberté de la presse établi par le média pour l’année 2023. La politique du gouvernement est assez discriminatoire vis-à-vis de la presse : les médias de service public sont favorisés aux dépens des médias privés en ce qui concerne les communications gouvernementales. Lors de son arrivée au pouvoir en 2021, le premier ministre s’était pourtant engagé à défendre cette liberté de la presse, contrairement au gouvernement précédent qui tentait régulièrement de censurer les médias critiques du pouvoir.