Un mois après l’accord provisoire donné par la CMA, un accord définitif est conclu ce vendredi 13 octobre. L’autorité britannique de la concurrence était le principal obstacle bloquant la finalisation de ce rachat. Tout semble aller en faveur de Microsoft qui cherche à acquérir l’éditeur de jeu depuis environ deux ans. Ce rachat, aux yeux de la concurrence et des organes qui la régissent, paraissait problématique et irréalisable. Mais maintenant que le feu vert est donné, est-il toujours source de problème ?
22 mois d’attente et d’obstacles, vers un débouché ?
En janvier 2022, Xbox, filiale vidéoludique de Microsoft, annonce un accord de principe visant au rachat d’Activision-Blizzard. L’éditeur de jeu vidéo derrière Call of Duty, World of Warcraft et Candy Crush devrait, selon l’accord, être racheté à hauteur de 69 milliards de dollars, accord inédit pour le monde vidéoludique. Ces rachats inquiètent la concurrence, principalement Sony, la maison mère de PlayStation, mais aussi la CMA, la FTC (Federal Trade Commission aux États-Unis) ou encore la Commission Européenne.
Cela inquiète, car ces rachats de studios sont de plus en plus fréquents, déjà en 2021, Xbox avait racheté Bethesda Software, pour une somme historique de 7,5 milliards de dollars. C’est pour cela que les différents organismes de régulation de la concurrence ont multiplié les obstacles pour bloquer ce rachat ou au moins le réguler. Finalement, même ces organismes se sont pliés au rachat : la Commission Européenne avait donné son accord le 15 mai dernier. Tandis que la FTC a perdu son procès contre Microsoft au cours de l’été 2023. Pour réduire les inquiétudes vis-à-vis de certains problèmes persistants, Microsoft a proposé des solutions, permettant de séduire la CMA, le dernier obstacle bloquant le rachat. Le principal changement permettant ce nouvel accord, est que les droits des jeux en lignes d’Activision-Blizzard seront vendus au studio français Ubisoft, afin de mieux réguler la concurrence.
Un risque pour la concurrence, vraiment ?
Microsoft, au travers de ce rachat, est accusé, par les cadres de Sony eux-mêmes, de pouvoir bouleverser la concurrence en provoquant un monopole irrattrapable. C’est tout le long de ces deux dernières années que Sony, c’est fermement opposé à ce rachat, encore plus même que les autorités de la concurrence. C’est cette opposition, combinée à celle des autorités, qui a fortement de ralenti la procédure de rachat. On peut logiquement s’interroger sur la viabilité de cette crainte : en effet, Sony, est installé depuis 1994 dans le monde vidéoludique, cela représente sept années de plus que Microsoft. De plus, sur les différentes générations de consoles, Sony est largement supérieur en termes de vente que Microsoft : rien que sur la dernière génération en date, Sony a vendu deux fois plus de consoles. En août 2023, 41,7 millions de PS5 avaient trouvé preneur, contre 21,96 millions de Xbox series le 3 juillet de la même année. Microsoft se place en challenger face à Sony depuis le début. C’est par ce type de rachat qu’ils espèrent ramener des gens dans leurs parcs de console. Est-ce que cette stratégie marchera ? Seul l’avenir nous le dira. On peut comprendre les craintes de Sony, notamment qu’une licence de la portée de Call of Duty tombe sous l’égide de leur principal concurrent. Cependant, les accords qui ont été négociés ces derniers mois, visent à protéger cette concurrence pour le bien des consommateurs. Sony, déjà numéro 1 dans ce duel, n’a qu’à maintenir sa position. Reste à voir, dans l’avenir, si ce rachat bouleversera l’équilibre mise en place, permettant peut-être à Microsoft de se faire une place encore plus imposante dans le milieu.
Source : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/13/microsoft-feu-vert-du-royaume-uni-pour-le-rachat-d-activision-blizzard-editeur-de-call-of-duty_6194120_3234.html