Les JO 2024 en quête d’une bonne image

Crédits Photo : Getty Images

L’image de Paris et de la France pour les Jeux Olympiques de 2024 compte. Comme l’affirmait Tony Estanguet dans Midi Libre en 2020 : « Les JO 2024, c’est une vitrine pour la France ». Dans la nuit du 29 au 30 octobre un collectif militant a manifesté sa peur quant à un « nettoyage social » de Paris comme le rapporte un article de l’édition nationale de Ouest-France du 1er novembre. Ce groupe ainsi qu’un collectif de 70 associations, dont Médecins du Monde et l’Armée du Salut, ont adressé une lettre ouverte au comité d’organisation des jeux, aux athlètes et aux fédérations pour alerter sur un possible « nettoyage social » de Paris.

Plus tôt dans l’année, les autorités ont commencé à expulser les sans-abris des camps improvisés dans Paris. Dernièrement, c’est la mesure pour l’interdiction des dons alimentaires aux sans-abris qui a fait polémique. Le collectif dénommé Revers de la médaille voit un rapport entre l’organisation des Jeux et la place nette que l’on veut donner de Paris. Mais, alors, est-on prêt à tout pour offrir une bonne image de la capitale lors des Jeux ?

Olympisme et bonne image, une histoire qui dure

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques que l’on évoque des « nettoyages sociaux ». Sur les cinq dernières éditions de la compétition estivale, quatre connaissent ou ont connu des critiques sur leur gestion du facteur social (Pékin 2008, Londres 2012, Rio 2016 et Paris 2024). Pour une bonne image, les organisations et les politiques en place au moment n’ont jamais hésité à prendre des mesures radicales. À Londres en 2012, dans le rapport officiel du CIO sur l’organisation, on remarque que l’implantation du parc et du village olympique dans l’est-londonien « dans les quartiers sous-développés de la ville » auraient permis de faire revivre cette partie de Londres. Malgré tout, ce qu’on remarque, c’est qu’au lieu de faire revivre ces quartiers, l’organisation les a détruits et a fait partir les populations y vivant, comme le relatent de nombreux articles comme celui de Libération, Londres, nettoyage olympique. À Pékin pour les Jeux de 2008, le chiffre important est 1,25 million. Selon le centre pour le droit au logement cité par Europe 1, c’est le nombre de personnes déplacées suite au besoin de place pour construire les infrastructures des jeux. Le quotidien québécois La Presse rappelle de son côté que les autorités pékinoises avaient fait disparaître les « mendiants et drogués » des rues de Pékin pour les Jeux. À Rio en 2016, ce sont certaines favelas, jugées peu agréables pour l’image de la ville, qui ont été détruites et leur population déplacée. L’article de Pascal Guillon, chercheur CNRS en Géographie et maître de conférence à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, évoque lui cette politique au Brésil : « Les autorités brésiliennes, soucieuses de l’image du Brésil, ont décidé une politique radicale vis-à-vis de certaines favelas proches, traitées de ‘dommage esthétique et environnemental’ ».

Paris 2024, préparer la vitrine ?

Avant l’événement de cette fin octobre mené par le collectif Revers de la médaille, un autre collectif prénommé Saccage 2024, lutte depuis 2020 contre le « saccage » qu’induisent les Jeux Olympiques. Ce collectif depuis quatre ans dénonce également un « nettoyage social » sans employer pour autant ces termes. Il regrette l’expulsion des sans-abris, des squats ainsi que le nettoyage de Saint-Denis – qui accueillera notamment le village olympique – « des personnes jugées indésirables ».

Il est quasiment impossible de dissocier la présence des Jeux Olympiques et le « nettoyage social » de la ville d’accueil pour fournir une bonne image. Pour la vitrine mondiale qu’offrent les Jeux, les autorités locales sont prêtes à tout, y compris vider leurs quartiers, rues, et trottoir. Comme quoi pour deux milliards de téléspectateurs, l’image est primordiale.

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