#1 Le vintage, idylle ou projet d’avenir ?

Pour la troisième édition, le ReFashion Day s’est tenu le 10 octobre dernier en ligne. Événement “phare” du secteur textile en partenariat avec le média We Demain et la marque de prêt-à-porter APC, les différents spécialistes invités amènent à réfléchir sur l’impact du marché du textile sur la planète. Le thème cette année : “construire un futur désirable et tangible pour la filière”. Au programme un “réenchantement de la société de consommation” et la construction “d’une économie de la régénération”. Il est donc ici question de réduire l’empreinte carbone afin de concevoir une consommation plus durable en favorisant le recyclage et la seconde main.

Le ReFashion Day est-il un jour exclusivement écologiste ou cache-t-il des intérêts économiques ? Même si aucun chiffre n’a été mis en avant concernant de potentiels objectifs à atteindre, l’ambition de cet éco-organisme est clairement affichée : booster l’économie circulaire et la production de produits éco-responsables. La notion “d’économie circulaire” revient régulièrement mais le marché est-il réellement compatible avec l’écologie ?

La seconde main en haut des podiums

Tous les trimestres, les outils de mesures Médiamétrie//NetRatings et la Fevad publient chaque trimestre le classement d’audience des vingt premiers sites d’e-commerce, (tous secteurs confondus, sur ordinateur, mobile et tablette à échelle mondiale). Le classement du 27 septembre 2023 semble confirmer la place grandissante de ce marché de l’occasion dans la consommation en ligne.


 

Loin d’un idylle, le marché de la seconde main est de plus en plus compétitif. N’étant que peu impacté par l’inflation actuelle (traduite par la hausse du coût des matières premières), l’évolution de position de Vinted dans le classement est l’exemple de la montée de la slow fashion. Cette manière de fonctionner est une alternative à la fast fashion dans le sens où elle favorise un mode de vie et de consommation plus éthique et durable. En adoptant la slow fashion dans votre consommation, vous participez donc activement à la transition vers un modèle économique plus respectueux de la planète. Le modèle économique circulaire promu par ReFashion semble être un plan de marché économiquement viable. 

En revanche, les chiffres donnés par les outils Médiamétrie//NetRatings et la Feyad résultent d’une enquête à échelle internationale. Or, la multiplicité des critères utilisés au sein de pays éloignés sur le plan économique ne permet pas de faire un réel panorama du marché de la seconde main. Selon une expertise de Minot Massol datant du 6 octobre 2023, la clientèle de Vinted se concentre à 80% en Europe. Pour lui, cette expansion européenne fait de Vinted un acteur majeur de la mode d’occasion à l’échelle continentale et non mondiale. Selon, le datajournaliste Tristan Gaudiaut, la seconde main est principalement consommée dans les “Pays du Nord”.

 

 

La seconde main, la continuation d’une évolution de marché ou un renouveau du marché du textile ? 

La mode du vintage prend le large en Europe. Selon Marianne Bloquel, 81 % des consommateurs français verraient même dans la seconde main une source de fierté. La seconde main s’inscrit ainsi dans une ère nouvelle de la consommation : le Revenge Shopping. C’est une sorte de boulimie d’achats dans le but de “se venger” des mois d’abstinence de shopping au sortir du Covid. La seconde main est donc elle aussi “victime” d’un phénomène propre à la fast fashion : l’achat compulsif. Dans cette perspective, le marché du textile connaît une forme de renouveau, par l’expansion de l’occasion, mais celle-ci est dans une moindre mesure puisqu’elle s’inscrit dans la dynamique de la mode actuelle.

Le ReFashion Day, un événement écolo ?

La problématique reste donc la même. La promotion de la seconde main répond aux besoins économiques des acteurs qui la promeuvent. Bien qu’il s’agisse d’une solution aux problèmes environnementaux, le fonctionnement du marché de l’occasion n’a jamais été à ce point mis en avant. S’il n’est pas correct de définir le marché du vintage comme “économie non viable”, il ne l’est pas non plus de le définir comme une “économie à part”. La seconde main s’inscrit dans l’ère du consumérisme et de la surconsommation, amenant par conséquent les mécanismes des marchés déjà existants. Loin d’un idylle, la seconde main n’est pas aussi verte que promise par la communication.

Eva Grandvaud

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