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Les épreuves de surf des JO 2024 se dérouleront bien sur le spot de Teahupo’o, à Tahiti, annonce Paris 2024

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Une polémique avait éclaté en octobre à propos du projet de construction d’une nouvelle tour d’arbitrage pour les épreuves de surf des JO 2024 sur fond de protection de la biodiversité. Finalement, les épreuves se dérouleront bien à Teahupo’o mais avec une tour allégée.

« Ils ont cassé du corail » déplore le collectif Mata Ara ia Teahupoo – Captures d’écran Instagram par TNTV

La polémique est-elle terminée à Tahiti ? De nombreux acteurs locaux s’étaient opposés au projet controversé de création d’une nouvelle tour des juges. Si une modernisation était jugée nécessaire par le Comité Olympique notamment pour des raisons de sécurité, les opposants dénonçaient entre autres les effets néfastes du futur système d’évacuation des toilettes et des 72 pieux qui devront être plantés dans le sol marin. Face à l’ampleur de la contestation, le président de la la Polynésie Française, Moetai Brotherson avait évoqué début novembre la possibilité de déplacer l’épreuve sur un autre spot. Finalement, les organisateurs ont décidé d’un compromis. Les épreuves se dérouleront bien à Teahupo’o mais la tour sera « allégée ».

Plusieurs jours de discussions

L’annonce du choix d’une tour allégée n’est pas intervenue directement. Fin octobre, la ministre des sports de la Polynésie Française, Nahema Temarii, avait annoncé sur Facebook la suspension des travaux sur les fondations de la nouvelle tour jusqu’au 20 novembre. Le 10 novembre, après plusieurs jours de discussions, Moetai Brotherson avait accordé une interview à TNTV lors de laquelle il avait énuméré les différentes possibilités qui s’offraient aux organisateurs. Il y en avait 5 mais à l’entendre, pour plusieurs raisons – contraintes de sécurité, problèmes de délais, impossibilités techniques, opposition de la population – « la seule [solution] viable » était « d’alléger et de simplifier la nouvelle tour pour en faciliter le montage-démontage et pouvoir réutiliser les fondations actuelles en les renforçant, mais sans forage ». « Si aucune des 5 options sur Teahupoo ne peut finalement fonctionner, ce que je n’espère pas, il faut bien proposer quelque chose. Et c’est, il me semble, aujourd’hui, l’option [du spot de] Taharuu qui est la plus facile à mettre en œuvre puisque [les infrastructures existent] déjà » avait-il ajouté, ouvrant ainsi la porte à un déplacement des épreuves.

Il a fallu attendre encore plusieurs jours pour que le choix d’alléger la tour soit officialisé. Les autorités ont en effet beaucoup tergiversé. Pour tenter de sortir de l’impasse, elles ont enchaîné les réunions comme le raconte La Dépêche de Tahiti. Malgré une invitation lancée aux médias, Moetai Brotherson n’a pas été en capacité de répondre sur l’avenir du projet alors que des échanges ont continué à huis clos.C’est finalement dans un communiqué commun que le Gouvernement Polynésien, Paris 2024 et le Haut-Commissariat ont annoncé leur décision le 17 novembre.

Une tour allégée

Dans ce communiqué, les organisateurs détaillent les raisons pour lesquelles ils n’ont pas opté pour les autres solutions. Ils y détaillent surtout les nouvelles dimensions de la tour. Elle fera désormais 150m2 au lieu de 200. La tour ne pèsera plus que 9 tonnes et pas 14. Le nombre de personnes dans la tour passera de 40 à environ 25 ou 30. L’installation d’un câble pour fournir la fibre et l’électricité deviendra provisoire seulement le temps des JO et en suivant un tracé qui ne menacera pas la biodiversité marine, ce qui était déjà prévu avant. Enfin, le raccordement à l’eau potable aux eaux usées sera annulé et les mesures de contrôle sur le chantier seront renforcées.

Les organisateurs se sont aussi penchés sur l’épineuse question des fondations de la tour. Il est prévu que 72 micro-pieux soient créés. Foreuse immergée, barge plus petite avec un plus faible tirant d’eau : plusieurs décisions ont été prises pour limiter l’impact de ces fondations explique le communiqué

Poursuite du dialogue

Depuis le début de la contestation contre le projet, les organisateurs avaient assuré qu’il feraient tout pour discuter avec les associations et les habitants. Cette volonté est réaffirmée dans ce communiqué. Il annonce la tenue de « réunions publiques régulières » jusqu’aux JO et tient à saluer les « efforts du collectifs des associations qui aura permis de faire très largement évoluer le projet dans le bon sens ». Le Gouvernement Polynésien, Paris 2024 et le Haut-Commissariat réaffirment également leur volonté de travailler « en transparence et en coopération ».

Le chantier se déroulera-t-il désormais dans un climat apaisé ? Rien n’est moins sûr. Après les annonces du 17 novembre, les associations ont pris du temps pour réagir. Dans une interview accordée à TNTV, Winiki Sage, le président de la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement, a pointé le « vrai souci de communication » dans l’organisation des épreuves de surf. Il a regretté d’avoir découvert si tard certains facteurs dans le construction de la tour. « Il faudra encore certainement se rencontrer (…) pour que cela reste une belle fête » a ajouté Winiki Sage. Le 1er décembre, une association a enfin réagi. Le collectif Mata Ara ia Teahupoo a publié sur Instagram deux vidéos. Dans la première, une membre du collectif filme une barge, bloquée par le corail alors qu’elle tente de circuler entre l’île et la tour des juges. « Ils ont cassé du corail » déplore la militante. « Vous êtes responsables » lance-t-elle à Paris 2024. Dans une seconde vidéo, la barge revient à quai. « Ils sont où les médias ? » déplore-t-elle en pleurs.

Le surfeur professionnel Matahi Drollet a également posté une nouvelle vidéo sur Instagram pour dénoncer l’impact de la nouvelle tour sur la biodiversité. Il l’avait déjà fait en octobre dans une vidéo qui cumule plus de 10 millions de vues. Dans sa nouvelle vidéo, il explique ne pas être satisfait du nouveau projet et regrette le risque pris d’abîmer les coraux alors que « 20 ans après les fondations [de l’ancienne tour] sont encore intactes ». Kelly Slater, considéré comme le meilleur surfeur de tous les temps, a apporté son soutien à Matahi Drollet en commentant sa vidéo. Pour le climat apaisé, c’est raté.

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