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JO 2024 : la construction, à Tahiti, d’une tour d’arbitrage pour les épreuves de surf fait des remous

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Une tour doit être créée à Tahiti pour arbitrer les épreuves de surf des JO 2024 afin de remplacer celle, en bois, qui existe depuis 1999. Mais le nouvel équipement provoquera des dégâts sur l’écosystème sous-marin selon ses détracteurs.

La tour actuelle, en bois, doit-être remplacée par une tour en aluminium – © Ryan Pierse / Getty Images Europe / Getty Images via AFP – Reporterre

Après le scandale des travailleurs sans papiers, c’est une nouvelle polémique sur les chantiers des Jeux dont le Comité Olympique se serait bien passé. Les épreuves de surf aux Jeux se dérouleront à Tahiti, plus précisément sur le mythique spot de Teahupo’o. Il est connu pour ses vagues spectaculaires. Des compétitions internationales de surf s’y déroulent tous les ans. Pour les JO, le Comité Olympique avait expliqué en août 2022 qu’une nouvelle tour serait construite. Dans un article, Basta! explique que la tour fera 14 mètres de hauteur et qu’elle« [nécessitera] quatre fondations en béton, plantées dans le platier corallien à l’aide de 72 micro-pieux de deux mètres de profondeur ». Basta! explique également que la tour sera construite intégralement en aluminium. Cette nouvelle tour sera climatisée, les toilettes munies d’un système d’évacuation « le tout raccordé à la terre par une canalisation sous-marine de 800 mètres et de 20 cm de diamètre » précise RFI.

Pourquoi remplacer la tour en bois qui accueille les arbitres depuis 1999 ? Comme l’explique le site Tahiti Info, la tour n’est pas aux normes. « L’actuelle tour et ses fondations ne sont pas conformes et ne répondent pas aux normes de sécurité en vigueur » expose le Comité Olympique. Il l’assure, la sécurité des juges et des journalistes est en jeu. Le bureau de contrôle technique en Polynésie « a été dans l’impossibilité » de délivrer les autorisations pour se servir de la tour actuelle. « Cet enjeu relatif à la sécurité nous a amenés collectivement, avec [la Polynésie], à travailler sur un projet de nouvelle tour et de nouvelles fondations ».

« Ça va être une catastrophe »

De nombreux acteurs locaux se sont opposés au projet, dénonçant une menace pour la biodiversité. Le surfeur professionnel Matahi Drollet a plaidé sur Instagram dans une vidéo qui cumule plus de 8 millions de vues pour un projet moins polluant. Il propose d’installer des toilettes sèches, des panneaux photovoltaïques, de se servir du wifi et de rénover les plots existants sous l’eau sans en forer de nouveaux. La revue Sciences et Avenir s’est fait l’écho d’une marche pacifique qui s’est déroulée mi-octobre près du village de Teahupo’o. L’événement a réuni plusieurs centaines de personnes. « Le gouvernement (polynésien, ndlr) veut faire passer la barge de la foreuse par un endroit impossible […]. Ce n’est pas possible de faire ça proprement. […] Ça va être une catastrophe » regrette Milton Parker le vice-président de l’une des associations engagées contre ce projet. «  Les techniciens disent qu’ils connaissent le site, mais c’est faux, ils nous mentent » ajoute-t-il.

Une pétition a été lancée le 17 octobre dernier par l’association Vai Ara O Teahupo’o. Elle a recueilli à ce jour plus de 152 000 signatures.

La protection de l’environnement au cœur des travaux

Lors d’une réunion le 21 octobre dernier, les prestataires sélectionnés pour construire la nouvelle tour ont mis en avant les précautions prises pour protéger l’environnement en présence des associations locales et les défenseurs du spot. Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson et la ministre de le jeunesse et des sports, Nahema Temarii ont assisté à cette présentation. La Dépêche de Tahiti a publié un compte-rendu de la réunion. Fany Seguin est représentante du bureau d’études Créocéan, un bureau d’études spécialisé en environnement marin, aménagement du littoral et océanographie et qui permet une meilleure protection des milieux marins. « On a défini un cheminement du câble de l’atterrage vers la tour qui n’abîme rien en passant entre les patates de corail. Il a été balisé sur le fond pour permettre aux entreprises de suivre ce chemin pour ne casser aucun coraux […] » a-t-elle affirmé. Tahiti Nui Télévision a réalisé un reportage sur cette réunion. Moetai Brotherson, explique ces protestations par « un défaut d’organisation de la part des organisateurs » et prend la défense du projet. « La future tour a peu ou prou les mêmes dimensions que l’ancienne tour », « l’espace des juges [et de] la presse n’est pas climatisé. Simplement, c’est le local où sont les serveurs […] utilisés par l’informatique et [les] médias qui sont dans un espace de 8m2 qui lui doit être climatisé » ajoute-t-il. Les associations sont reparties rassurées mais pas totalement convaincues. Il reste à joindre la parole aux actes. Absence notable : l’association Vai Ara O Teahupo’o, à l’origine de la pétition avait décliné l’invitation à cette réunion.

Le comité Olympique cherche à tout prix à se montrer ouvert sur la question. « Ce projet, il est encore amendable » a affirmé le président des JO, Tony Estanguet, comme le rapporte un autre article de Tahiti Nui Télévision. Les mobilisations parviendront-elles à faire le Comité Olympique renoncer à son projet ? Devant les protestations, Nahema Temarii a annoncé sur Facebook la suspension des travaux jusqu’au 20 novembre. Moetai Brotherson a évoqué la possibilité de déplacer les épreuves de surf sur un autre site.

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