Depuis le 17 octobre, entre 500 et 600 travailleurs sans-papiers ouvriers employés sur les chantiers des JO 2024 sont en grève. Ils réclament leur régularisation.
Les grévistes ont décidé de lancer une grève coordonnée sur une trentaine de sites d’Île-de-France, parfois en occupant les chantiers. Selon Névil Gagnepain, journaliste indépendant, mardi 17 octobre, « plus de 150 personnes [tenaient] un piquet de grève ». Le mouvement a été annoncé dans un communiqué par un collectif de plusieurs organisations (les Gilets Noirs, CSP75, CSP20, CSP Montreuil, Droits Devant!). « Les ouvriers du bâtiment [qui participent à la préparation des JO sont] majoritairement immigrés et souvent « sans papiers » » explique le communiqué. Les grévistes réclament une régularisation rapide pour obtenir de meilleures conditions de vie et de travail.
Les sans-papiers dénoncent une surexploitation et de mauvaises conditions de travail
Des sans-papiers ont répondu aux questions du Bondy Blog. « On n’a déjà pas de logement décent, on vit dans des foyers indignes, on est en plus exploités 60 heures par semaines » déplore Mamadou, qui travaille dans le bâtiment. Selon lui, tout le monde est en situation irrégulière, « même des chefs de chantier » ou les agents de sécurité. D’autres ouvriers témoignent auprès de Bondy Blog de la pression subie par les sans-papiers, des bas-salaires, et des conséquences sur leur santé. À cause des conditions de travail difficiles, « on a des problèmes aux bras » explique Gaye, un autre sans-papier. Badiaga, qui travaille dans la même entreprise que Gaye, a dû être hospitalisé en juillet. Il s’est brûlé les yeux à cause d’un pistolet à peinture, faute de protections. Les accidents de travail ne sont pourtant pas souvent déclarés. Depuis le début des travaux du Grand Paris pour les JO, 5 ouvriers sont morts sur les chantiers.
Des concessions en faveur des sans-papiers
Deux cents grévistes sans-papiers ont obtenu leur régularisation après de longues négociations « avec la mairie de Paris et les donneurs d’ordre (grands groupes comme Bouygues) » a expliqué Politis. Fort de cette première victoire, les grévistes poursuivent leur mouvement et réclament une évolution de la loi. Dans une interview accordée à la Nouvelle Vie Ouvrière, le magazine des militants de la CGT, Sophie Binet, la secrétaire générale de le CGT, a fustigé le pouvoir des patrons sur les ouvriers. Les ouvriers doivent demander à leurs à leurs patrons les documents pour attester qu’ils travaillent bien sur le sol français. Ces derniers peuvent facilement refuser. La CGT souhaite que « la loi change » pour permettre aux sans-papiers d’accéder à une « régularisation rapide » dès lors qu’ils « [ont] une preuve de travail » ajoute Sophie Binet. Dans leur premier communiqué, le collectif d’organisation à l’origine de la grève a également dénoncé le « double jeu » du gouvernement qui se sert des migrants pour construire un chantier essentiel mais qui « sur la scène politique et médiatique, [les pointent] du doigt comme la source de tous les maux de la France ».