Ann Telneas démissionne du Washington Post après le refus de la publication de son dessin

Comme à mon habitude, je me baladais sur mon Inoreader et suis tombée sur cet article de France Info : « La dessinatrice du « Washington Post » Ann Telnaes démissionne après un dessin critiquant Jeff Bezos ». Par curiosité, j’ai cliqué sur l’article et me suis rendue compte qu’au delà d’une histoire de démission, il avait tout un message sur la liberté d’expression et surtout de la presse. Ce sujet soulève de nombreuses questions importantes dans notre vie de citoyens et d’étudiants en journalisme, et il révèle que la censure existe même en démocratie. Puisque celui-ci remplissait les critères d’ »actu des médias », j’ai décidé de faire mon article de veille dessus.

Une caricaturiste nommée Ann Telnaes a décidé de démissionner de son poste au Washington Post après qu’un rédacteur en chef ait rejeté sa caricature. Ann Telnaes est très connue dans le monde de la caricature, notamment parce qu’elle est la première femme à avoir reçu à la fois le le prix Reuben Award, le prix de la National Cartoonists Society et le prix Pulitzer. Ses dessins sont souvent minimalistes mais puissants dans le message qu’elle souhaite transmettre. Elle aborde des questions politiques et sociales en utilisant des dessins simples. Pionnière dans un domaine longtemps dominé par les hommes, elle inspire les artistes et les journalistes dans leur quête de vérité et de liberté d’expression.

Peut-on parler de censure ?

Il y a trois mois, le Washington Post avait déjà refusé de publier un soutien à Kamala Harris avant l’élection américaine. C’est également une raison pour laquelle Ann Telnaes a décidé de démissionner. Elle remet ainsi en cause la liberté de la presse : est-ce de la censure ?

Tout d’abord, on peut regarder ce qui est affiché sur la caricature d’Ann Telneas. Celle-ci représente le propriétaire du journal, Jeff Bezos, agenouillé devant Donald Trump. Ann Telnaes dénonce les riches propriétaires qui suivent Trump. Elle a d’ailleurs déclaré au Guardian : « La caricature … critique les PDG milliardaires de la technologie et des médias qui ont fait de leur mieux pour s’attirer les faveurs de … Trump »
Dans la caricature, il n’y a pas que le dirigeant d’Amazon, Jeff Bezos, qui est visé, il y a aussi Mark Zuckerberg, Patrick Soon-Shiong, le propriétaire du Los Angeles Times, et Mickey Mouse. Mickey Mouse représente la Walt Disney Company et, dans le dessin, il est en train de prier devant la statue de Trump.

Ainsi, cette démission envoie un message fort qui dénonce l’influence trop importantes des propriétaires sur les lignes éditoriales. Les propos tenues par la caricaturiste ainsi que sa démission ont rapidement été relayé par plusieurs médias qu’ils soient étasuniens comme The New York Times, anglais comme The Guardian ou encore français comme l’Humanité ou Le Monde

De cette manière, l’information est principalement voir totalement relayée par des médias de gauche ou de centre gauche. Le Washington Post étant un média de centre droit, nous n’avons des point de vue que de journaux avec une orientation politique contraire. Ces médias de gauche s’insurgent donc contre le refus de publication de la caricature et qualifie cet acte de censure. Le rédacteur du Washington Post, David Shipley, a quant à lui défendu la décision du journal de ne pas publier la caricature d’Ann Telnaes en répliquant que le quotidien venait « juste de publier un éditorial sur le même sujet » cite Le Monde. David Shipley va même jusqu’à parler de neutralité du média.

En quoi les milliardaires qui détiennent les médias influence-t-ils les choix éditoriaux ?

Nous pouvons faire un parallèle avec Bernard Arnault en France. Cette histoire est plutôt similaire à celle de la caricaturiste et montre l’impact du dessin satirique sur les gens. En septembre 2024, Bernard Arnault a fait quelque chose de semblable en ce qui concerne la liberté d’expression. En effet, il a forcé ses employés à ne pas parler à 7 médias en particulier. Sur la liste, on retrouve « Mediapart » ou encore le « Canard Enchainé ». La raison de cette censure par le multimilliardaire est simple : ces médias ne partagent pas le même point de vue que lui. L’histoire se répète d’autant plus que, tout comme Jeff Bezos, c’est un homme influent qui a beaucoup de pouvoir grâce à sa richesse. Ils sont tous les deux à la tête d’un groupe de médias et ont donc une grande influence sur l’information produite.

De plus en plus, des milliardaires comme Jeff Bezos, Elon Musk ou Rupert Murdoch prennent le contrôle de grands médias. Ces rachats sont souvent présentés comme une opportunité de donner un coup de jeune à des journaux en difficulté. Pourtant, ils soulèvent des questions importantes sur l’indépendance des rédactions et la liberté d’expression. L’affaire Ann Telnaes au Washington Post en est un exemple frappant. Sa démission illustre parfaitement ce conflit entre les impératifs financiers des propriétaires et la mission journalistique de ces médias.

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