J’ai choisi de traiter cette semaine des soupçons d’emplois fictifs au « Canard enchaîné » car cette affaire est particulièrement sensible. Le célèbre journal satirique est en effet réputé pour ses enquêtes rigoureuses sur la corruption et les malversations politiques. Si les faits venaient à être avérés, ce procès ternirait l’image du journal et poserait la question de l’exemplarité de la presse dans la gestion de ses propres affaires internes.
Cette affaire concerne une enquête ouverte en 2023 par le parquet national financier (PNF) visant à déterminer si le célèbre journal satirique a bénéficié d’emplois fictifs au cours des dernières décennies. Deux ex-dirigeants du Canard enchaîné, un ancien dessinateur et la compagne de ce dernier sont en effet soupçonnés d’abus de biens sociaux ou recel de ce délit, déclaration frauduleuse pour obtenir une carte de presse, faux et usage de faux et déclaration frauduleuse à un organisme social. Sur la période retenue par la justice, de 2010 à 2022, le montant du préjudice évalué par la brigade financière de la police judiciaire s’élève à 1,45 million d’euros.
L’affaire a éclaté en mai 2022 lorsque Christophe Nobili, dénonce le fait que la compagne d’André Escaro, dessinateur et ex-administrateur du journal, aurait bénéficié pendant 25 ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé. Cela soulève la question de la gestion des ressources humaines au sein du Canard enchaîné, un journal qui s’est toujours positionné comme un modèle d’indépendance et d’intégrité.
L’affaire, qui a fortement ébranlé la rédaction, devait être jugée à partir de ce mardi 8 octobre mais a été renvoyée en juillet 2025 du fait de l’état de santé dégradé d’un des accusés.