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Tahun : l’industrie du BTP veut faire carrière

A Tahun ces derniers mois, le débat fait rage entre riverains du site d’une ancienne carrière sur laquelle la nature a repris ses droits et industrie du BTP, soutenue elle par certaines autorités publiques. L’enjeu : la reprise, ou non, de l’exploitation de cette ancienne carrière, aujourd’hui devenue un site naturel dans lequel un lac s’est formé.

Depuis 2015, la société de BTP Pigeon Carrières demande aux autorités publiques de Loire-Atlantique l’autorisation de relancer l’exploitation d’une ancienne carrière : celle de Tahun. Une carrière inexploitée depuis 15 ans et sur laquelle la nature avait repris ses droits : depuis l’arrêt de l’exploitation, celle-ci s’est en effet remplie d’eau et a vu se développer une  faune et une flore importante en son sein.

La société Pigeon a ainsi reçu cet été l’aval de la préfecture pour rouvrir et réexploiter cette carrière. L’objectif pour la société et d’en extraire jusqu’à 2,6 millions de tonnes de granulats, des morceaux de roches essentiels pour produire divers matériaux composites comme le béton, soit en moyenne 180 000 tonnes par ans et jusqu’à 250 000 tonnes maximum sur une année, le tout sur 7,4 hectares de terrain et sur une durée de 15 ans. Mais plus que simplement extraire de grandes quantités de granulats, le groupe Pigeon souhaite aussi pouvoir enfouir des déchets inertes qui pourraient malgré tout polluer la ressource en eau dans laquelle ils tromperont, et donc également toute une nappe phréatique (selon le Collectif Carrière Tahun).

Une ressource en eau menacée

Il semble ainsi qu’une menace pèse sur l’eau en tant que ressource : si les déchets ne sont pas contrôlés ou qu’ils entrent en contact avec la nappe phréatique, celle-ci risquerait d’être intégralement polluée selon le Collectif Carrière Tahun qui se bat contre la réouverture de la carrière.

Plus que ce risque de pollution, le groupe Pigeon a également reçu dans l’arrêté préfectoral à cet effet l’autorisation de pomper 200 000 m3 d’eau par an, ce qui reviendrait donc à assécher la ressource en eau présente dans la carrière. Un lac naturel qui serait donc intégralement pompé et dont l’eau serait reversée dans le Don, une rivière avoisinante. Les riverains craignent que le PH trop acide de ces eaux issues des carrières ne porte préjudice à la rivière. Plus encore, nombreux sont ceux à dénoncer un non-sens écologique : à l’heure du changement climatique et quand la question de l’accès à l’eau par les populations devient centrale, assécher l’une de ces ressources et prendre le risque de polluer durablement une nappe phréatique est-il vraiment raisonnable ? D’autant plus que, selon, seul 1% de l’ensemble des masses d’eau de la Loire Atlantique sont considérées comme étant “en bon état” (selon les derniers bilans datant de 2017).

Les riverains se mobilisent

Les riverains, inquiets des nuisances écologiques que le projet d’extraction amènerait avec lui, se mobilisent contre la décision préfectorale. Le samedi 4 Novembre, ce sont ainsi 800 personnes qui se sont regroupées contre ce projet de carrière à l’initiative du Collectif Tahun Problème. D’autres manifestations et événements ont eu lieu de la même manière depuis les tous débuts du projet de réouverture.

Pour essayer d’endiguer le projet, plusieurs opposants au projet dont des maires des communes alentour, mais pas celui de Guémené Penfao, la principale commune concernée, ont déposé un recours. Selon eux, les études qui ont permis au préfet d’autoriser à nouveau l’exploitation de la carrière sont trop datées et donc, de fait, erronées à l’heure actuelle. Certains membres du collectif Carrière Tahun n’excluent pas, si le projet est mis en place, de passer à des actions plus radicales comme la désobéissance civile. Certains n’ont d’ailleurs pas attendu pour passer à l’acte : en juillet 2023, des tags tels que “Eau voleur”, “ZAD Tahun” ou encore “Pigeon = Enflure” avaient été retrouvés dans la petite commune de 5000 habitants. 

Elo CREPEAUX

1 commentaire pour “Tahun : l’industrie du BTP veut faire carrière”

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