Italie : de fortes mesures contre les ONG qui viennent en aide aux migrants.


5 355 : c’est le nombre de migrants décédés et disparus cette année selon OIM. La plupart d’entre eux ont trouvé la mort, dans la mer Méditerranée car c’est là-bas, qu’ils voient une certaine porte d’entrée pour l’Europe, notamment avec l’Italie. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, l’Italie avait accueilli près de 101 127 migrants en 2022, un chiffre bien supérieur aux années précédentes. Le gouvernement de Giorgia Meloni, accuse les ONG d’effectuer des « actions provocatrices et risquées » qui favorisent « l’entrée en Italie de migrants économiques n’ayant aucun droit d’entrer et de rester dans le pays ». Alors pour éviter un nombre trop important d’arrivées de réfugiés, l’Italie impose des règles fortes.  

@Elio Desiderio /AP/SIPA

Immobilisation des bateaux 

Les autorités italiennes ont immobilisé, mercredi 15 novembre et ce pour 20 jours, dans le port d’Ortona, le bateau de SOS Méditerranée: l’Océan Viking. Pour cause, les membres de l’équipage ont porté secours à 3 embarcations dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 novembre, ce qui signifie une entrave à la loi italienne. En effet, depuis le mise en place du décret Piantedosi en janvier dernier, les règles de sauvetage se sont durcies. Les bateaux ont l’obligation de se rendre après chaque mission dans un port d’accueil, sans effectuer de sauvetages supplémentaires et ce, même s’ils se trouvent à proximité de la zone en difficulté. Par ailleurs, les autorités ont désignés une liste des ports de débarquements, qui se trouvent parfois à des jours de navigation, ce qui complique les sauvetages en mer. 

SOS Méditerranée explique dans un communiqué de presse, qu’ils n’ont fait que remplir leur obligation légale, c’est-à-dire celle de sauver des personnes en détresse en mer, alors même que la communication avec les autorités italiennes et libyennes était impossible. Claire Juchat, coordinatrice communication d’Océan Viking, explique « « On a suivi les règles, évidemment. On a envoyé des emails, passé des appels à de multiples reprises au centre de coordination libyen, aucune réponse… ». Ce n’est pas tout car l’ONG, même si elle a sauvé 128 vies ce soir, devra également s’acquitter d’une amende de 3 300€. Une sanction vivement critiquée par la cofondatrice de SOS Méditerranée, Sophie Beau: « ce n’est pas possible ni moralement, ni légalement d’accepter de laisser mourir des personnes en mer ». Le ministère de l’Italie à Rome, se défend en répondant « Nous ne faisons que donner un cadre à l’action des ONG ». 

Ce n’est pas la première fois que l’Italie bloque des bateaux de sauvetage. Depuis le début de l’année 2023, c’est 13 navires qui ont été détenus par les autorités, d’après SOS Méditerranée

Nouveauté ?

Ces sanctions ne sont pas nouvelles, et remontent à bien avant le décret. En effet, en 2020, le pays en forme de botte, avait immobilisé 5 navires d’ONG en moins de 5 mois. En septembre par exemple, le Sea Watch 4 est resté à quai pendant une période de 5 mois. Après une inspection de 11 heures, les autorités italiennes avaient accusé l’ONG de « sauver systématiquement les migrants même s’ils n’étaient pas en détresse », mais aussi d’avoir « trop de gilets de sauvetage à bord » ou encore d’avoir « des lacunes dans le système d’évacuation ». A l’époque, la colère était la même qu’aujourd’hui, Ellen van der Velden, responsable de Médecins sans Frontières, pour les opérations de recherche et de secours, avait déclaré dans un communiqué : « Une fois qu’un navire de sauvetage entre dans un port italien, il est soumis à une inspection longue et zélée jusqu’à ce que des irrégularités insignifiantes soient découvertes. ». C’est seulement en mars 2021, que le bateau avait pu reprendre le large, après des travaux pour le remettre aux normes. 

Condamnation des membres d’équipages

L’immobilisation des navires de sauvetage, ne sont pas les seules sanctions que l’Italie utilise. Régulièrement, le ministre de l’Intérieur italien attaque en justice des membres de l’équipage. Le 22 novembre dernier, la Cour d’appel de Catane à relaxer définitivement après 5 ans de procédure, Anabel Montes, cheffe de mission et Marc Reig, capitaine de l’ONG espagnole, l’Open Arms. Ils étaient accusés de « promotion d’immigration clandestine » et de « violences privées contre le ministère de l’Intérieur italien ». 


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