Tempête Ciaran: quel sort pour les migrants ? 


Dégâts considérables dans le Nord de la France, après le passage de la tempête Ciaran. Elisabeth Borne de passage à Caen, le vendredi 3 novembre résume la situation avec un « bilan lourd », 3 morts sont, pour l’instant, à déplorer depuis le début de « la catastrophe naturelle ». Elle remercie les équipes de secours qui travaillent à pied d’œuvre depuis mercredi, afin, selon le Point, de rétablir l’électricité pour les 500 000 foyers qui en sont privés. Mais aussi de dégager les routes bloquées par des coulées de boue ou des arbres déracinés.

@Mehdi Chebil / InfoMigrants

Malgré une peur nationale, Nikolaï Posner, chargé de la communication d’Utopia 56 rappelle dans un article de L’Humanité, que « si les personnes ayant un toit sont terrifiées par la violence de cette tempête, cela donne à réfléchir sur la détresse de ceux qui n’ont rien », il évoque ici la dure réalité des sans-abris. En effet, les associations d’aide aux migrants sont indignées depuis mercredi 2 novembre, par la mise en place tardive ou inexistante de dispositifs des préfectures, afin de mettre à l’abri les migrants, qui sont en première ligne. 

« Loin d’être suffisants » 

Même après l’annonce de la préfecture de Dunkerque, de l’ouverture de deux gymnases pour « une mise à l’abri amplifiée pour les personnes migrants du littoral », les associations n’étaient pas satisfaites. Fabien Touchard, coordinateur de l’association Utopia 56 à Grande-Synthe, expliquait dans un article pour InfoMigrants, que « les gymnases sont loin d’être suffisants ». En effet, chacun d’entre eux comptait environ 150 places, en priorité pour les femmes et les enfants, or c’est près de 2000 personnes qu’il fallait loger en urgence. Les calculs sont rapides, au moins 1500 exilés sont restés sans solution. « Face à une tempête de cette violence, ce que vivent, dans la boue et sous des tentes de fortune, ces gens vulnérables, dans l’incapacité souvent de mobiliser par eux-mêmes les secours, est inimaginable » ajoutait Nikolaï Posner.

Mise en place trop tardive 

Nikolaï Posner, dénonce des mesures « qui ont été prises au dernier moment, alors que les pouvoirs publics avaient toutes les informations nécessaires pour mieux se préparer ». A Rennes, seulement deux gymnases ont été ouverts par la ville, et ce, à la dernière minute car ils attendaient une décision de la préfecture, en vain. Les membres des associations ont donc du prévenir seuls les réfugiés le plus vite possible. 

Pour le Nord-pas-de-Calais, les associations ont passé la journée du 1er novembre à essayer de contacter la préfecture, « la réponse n’est arrivée que tardivement, si bien que le temps a manqué aux associations pour prévenir l’ensemble des personnes concernées du départ d’un bus » affirme le chargé de communication. Des personnes se sont vu refuser l’entrée aux deux locaux mis en place, notamment des mineurs. Selon le bilan officiel à la mi-journée de la préfecture du Nord-pas-de-Calais, 698 personnes ont été mises à l’abri grâce à leur dispositif. Pourtant, l’Auberge des migrants décompte 1500 migrants survivants aux alentours de Calais, une situation que l’organisation ne s’est pas cachée d’exposer sur leur compte X. En répondant à un tweet du préfet du Pas-de-Calais qui avertissait les habitants de ne pas sortir de chez eux, « c‘est chouette de conseiller aux gens de rester chez eux, mais quand « chez vous » se résume à une tente au milieu d’un marécage c’est juste dramatique. » 

Première fois ? 

Ce n’est pas la première fois, selon InfoMigrants, que les préfectures du Nord tardent sur leurs décisions de mise à l’abri des migrants. Déjà en 2021, lors de la tempête Aurore qui avait touché dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 février, le Nord de la France, les offres d’hébergement provisoire n’étaient pas à la hauteur de la demande. A l’époque, Anna Richel, coordinatrice de l’association Utopia 56, avait demandé à la mairie de Grande-Synthe et à la préfecture du Nord de trouver des logements d’urgence. « Mais personne ne nous a répondu » rapportait-elle. Résultat, ils étaient restés effrayés, dans leurs tentes, sous des rafales d’environ 150 km/h. 

 


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