Après 30 heures de marathon télévisuelle, la 39ᵉ édition du Téléthon s’est achevée dans la nuit du 6 au 7 décembre 2025. Cette année, 83,5 millions d’euros de promesses de dons ont été récolté au profit de la recherche sur les maladies génétiques rares. Une mobilisation en hausse par rapport à l’année 2024.

La 39ème édition du Téléthon a permis cette année de récolter 83,5 millions au profit de la recherche pour les maladies génétiques rares. Crédit photo: France Télévision
En lisant cet article dans 20 minutes, je me suis d’abord interrogé sur l’incroyable générosité des français. Dans un contexte, où l’instabilité politique et économique domine, pas facile de solliciter la générosité des français. Pourtant, cet 39ème édition a prouvé que, malgré la situation morose dans laquelle nous vivons, la solidarité n’a pas entièrement disparu dans notre pays.
Pour autant, si le Téléthon continue de mobiliser, de nombreuses associations peinent à remplir les caisses. C’est le cas par exemple des Restos du cœur ou d’Emmaüs. Alors, quelle peut bien être la « recette miracle » du Téléthon ? C’est la question que je me suis posé en découvrant le titre de cet article. Mais en le lisant un peu plus en détail, j’ai pu trouver quelques éléments de réponses.
J’y apprend notamment que la marraine de cette édition 2025, Santa, très apprécié par ailleurs du grand public a contribué à faire grimper la cagnotte en donnant 99.999 euros à l’association. Du jamais vu pour une marraine du Téléthon ! En tant que téléspectateur, j’ai moi même été sensible à sa démarche. Particulièrement pour son engagement: être présente et se donner durant ses 30h de marathon télé, chanter pour apporter un peu de joie à tous ceux qui sont touchés par la maladie, et se laisser toucher par les témoignages entendus tout le week-end. Je comprends ainsi pourquoi les Français se mobilisent autant. Mais j’en conclus aussi que certains donnent par sympathie pour le parrain ou la marraine, sans pour autant que ce soit un mal, même au contraire, puisqu’ils mettent leur popularité au service du bien commun.
Cependant, j’ai voulu aller plus loin et comprendre, d’un point de vue sociologique, le succès durable de cette manifestation annuelle. Je me suis donc plongé dans cet article universitaire publié par Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin. Ils nous rappellent qu’il s’agit, depuis plus de trente ans maintenant, l’une des collectes de dons les plus importantes au monde. Toutefois, comme me laissait penser mes hypothèses, l’article nous explique qu’en réalité cette « générosité spectaculaire est méthodiquement mise en scène par des professionnels des médias et du marketing humanitaire à travers un dispositif télévisuel de plus de trente heures qui alterne appels au don, chansons, témoignages de malades, reportages, interviews de chercheurs, sans oublier de très nombreux duplex avec les régions françaises ». Je découvre alors le therme « d’économie émotionnelle » qui explique comment les téléspectateurs sont poussés à donner malgré une certaine distance critique vis-à-vis de la machine télévisuelle. J’ai trouvé ce passage particulièrement intéressant, car il met en lumière un aspect auquel je n’avais pas pensé : pendant ce moment, les téléspectateurs oublient que l’événement est largement orchestré par des professionnels de la communication. C’est à ce moment que j’ai compris à quel point leur savoir-faire compte. Propos rarement dit par un journaliste 🙂
Toutefois, je ne pense pas que le Téléthon puisse être réduit à une simple opération de communication. Il y a selon moi quelque chose de profondément humain qui pousse à faire une bonne action.
Malgré ce beau élan de solidarité, il y a aura toujours des critiques, comme tout contenu médiatique. Certains dénoncent une bienveillance ostentatoire ou l’instrumentalisation des malades pour collecter massivement de l’argent. Ces critiques peuvent s’entendre. Cependant, je pense qu’il existe des programmes bien plus critiquables que le Téléthon. Il suffit de regarder ce qui était diffusé en même temps sur TF1 : l’élection de Miss France. Et l’on se dit finalement que certains programmes sont bien plus critiquable que d’autres.
Lorsqu’on entend des témoignages, comme celui de Jessica samedi dernier, on trouve finalement ces critiques un peu ridicule et dérisoire. Pendant que certains s’amusent encore à élire la plus belle femme de France, d’autres se mobilisent pour aider ceux qui tentent simplement de vivre normalement. Une belle leçon d’humanité qui fait du bien et qui me fait donc comprendre pourquoi le Téléthon mobilise autant !
Théo POUPIN
Salut,
plusieurs trucs en passant, déjà un detail technique. dans l’introduction de ton propos, tus dis « …de nombreuses associations peinent à remplir les caisses. C’est le cas par exemple des Restos du cœur ou d’Emmaüs » ce qui m’amène à ma question de prof qui accompagne le cours de veille de recherche et de vérification d’infos : « PROUVE-LE », je veux un lien pour appuyer ton propos.
C’est intéressant de regarder le « cas Téléthon » à travers un article qui étudie le fonctionnement de sa « machine médiatique ».
Cependant ce n’est pas le seul cas de campagne de dons qui « fonctionne » La Fondation de France propose depuis une dizaine d’années le « Panorama de la générosité », un outil qui analyse la générosité des Français et ses causes (ce qui devrait répondre à quelques-unes des questions que tu soulèves) : https://www.fondationdefrance.org/fr/la-generosite-en-france?view=article&id=4439:panorama-generosite&catid=109
Je ne suis pas sûr qu’on puisse limiter le succès du Téléthon à l’effet de son seul direct et des figures médiatiques qui y participent et au « talent » des communicants qui travaillent sur le projet, c’est d’ailleurs ce qu’aurait aussi tendance à dire l’article de 20 minutes en parlant des plus d’un million collectés par les sapeurs-pompiers.
Mais ton questionnement reste très intéressant.