Ce lundi 2 décembre, Karine Le Marchand a appelé ses abonnés sur Instagram à soutenir sa future pétition en soutien aux agriculteurs français. Elle affirme en effet avoir « plein d’idées » pour initier un changement face à des politiques qui « ne feront rien ». L’animatrice vedette de « L’Amour est dans le Pré » s’engage ainsi dans une démarche visant à requérir une aide des grandes surfaces envers les exploitations agricoles locales, en pleine crise nationale à l’approche de la signature du MERCOSUR, traité international ayant un impact important sur le secteur.
Pourquoi ce sujet ?
A travers cet engagement de Karine Le Marchand, la cause des agriculteurs français est mise en lumière dans une conjoncture politique complexe (vote d’une motion de censure, débats autour du Projet de loi de finances, signature du MERCOSUR…). De plus, ce cas illustre bien le pouvoir que possèdent les personnalités publiques dans l’éclairage de certaines problématiques sociétales. Le choix de ce sujet est donc motivé par une actualité riche autour de la crise agricole, sous le prisme d’une médiatisation illustrant les mécanismes de politisation des acteurs publics influents.
L’utilisation de l’influence médiatique pour s’engager dans des combats politico-sociaux
Karine Le Marchand n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de « star » des médias utilisant son pouvoir d’influence pour faire passer un message de lutte dans la société. Outre le cas évident de l’historien et présentateur incontournable de « Secrets d’Histoire’ Stéphane Berne, désigné comme le « grand défenseur » du patrimoine dans l’hexagone et même missionné par Emmanuel Macron depuis 2017 pour cette cause, d’autres exemples se sont mis en lumière l’été dernier. Au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, de nombreuses personnalités médiatiques sont montées au créneau pour appeler à un barrage contre l’ascension du RN dans l’hémicycle : les influenceurs tels que Squeezie ou Léna Situations ont ainsi signé une pétition et se sont exprimés sur leurs réseaux. Est-ce alors un abus d’influence pour arriver à des fins politiques et sociales, ou une simple utilisation de la visibilité légitimée par un engagement civique et citoyen nécessaire au fonctionnement d’une démocratie ? Au-delà de cette question, on peut s’interroger sur les réels effets de ces prises de position publiques : est-ce concrètement efficace ?
Une médiatisation des causes sociétales à géométries variables
La prise de position de la présentatrice vient appuyer le combat des agriculteurs dans les débats sur la place publique. Pourtant, certaines causes bouleversant la société française ont bénéficié d’un traitement médiatique plus nuancé quant à la quantité et la qualité. Par exemple, la catastrophe écologique en cours, longtemps minimisée par les pouvoirs publics et les médias, ne dispose encore que d’une faible part de l’espace audiovisuel disponible, et ce malgré des engagements publics de vedettes en France comme à l’étranger : Schwarzenegger, DiCaprio, Marion Cotillard, Lizarazu… A l’inverse, le mouvement des Gilets Jaunes a cristallisé l’espace médiatique, et notamment les JT, pendant de nombreux mois tant le phénomène touchait l’ensemble de la société. Cette utilisation du pouvoir des médias pour mettre en lumière le combat des agriculteurs français de la part de Karine Le Marchand illustre donc cette inégale répartition de couverture des phénomènes sociétaux, soumise notamment à des enjeux économiques propres à l’univers des médias. En effet, pourquoi cette crise mérite-t-elle plus de considération publique que celle écologique par exemple ? La mise en lumière de certains combats par les personnalités n’a-t-elle pas avant tout pour effet d’invisibiliser d’autres sujets ?
Article réalisé par Téo MAISONNEUVE le 03/12/2024