« Ce que je cherche » : la surreprésentation médiatique du livre de Jordan Bardella

Le 09 novembre prochain, le président du Rassemblement National publiera son nouveau livre autobiographique. Dès ce mercredi, il sera présent dans un grand média tous les deux jours. La forte représentation médiatique du parti d’extrême-droite fait débat.

Pourquoi ce sujet ?

L’arrivée au pouvoir de nombreuses personnalités clairement positionnées à l’extrême-droite dans le monde (Argentine, États-Unis…) et même en Europe (Pays-Bas, Hongrie…) rappelle les heures les plus sombres de notre Histoire. L’omniprésence de ces partis dans les médias en France (avec une forte augmentation ces dernières années) pose des questions quant à leur place réservée et l’influence de cette dernière sur les élections. Il me paraît essentiel d’analyser la montée progressive de cette mouvance et ses raisons.

Quel rôle ont eu les médias dans la montée de l’extrême-droite en France ?

En 2002, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, candidat du Front National, au second tour des présidentielles est un réel choc dans la société française : plus de 500 000 personnes se sont rassemblées à Paris le 1er mai contre le père de Marine Le Pen. Aujourd’hui, l’extrême-droite s’est placée deux fois d’affilée au second tour, et dispose d’une opportunité plus grande que jamais en 2027. Cette avancée politique fulgurante n’est-elle pas due à la centralisation des sujets chers aux partis tels que le RN dans les débats ?

L’implication des grands groupes financiers dans l’espace médiatique

Ce livre de Jordan Bardella est le premier d’un responsable du RN à être publié dans une grande maison d’édition depuis 2005. Fayard, à l’origine de cette nouveauté, est détenue depuis l’année dernière par Vincent Bolloré, milliardaire français marqué extrême-droite. En mars dernier, sa patronne Isabelle Saporta avait d’ailleurs été licenciée pour avoir refusé à l’ancienne éditrice d’Eric Zemmour d’utiliser la marque Fayard. Des grands groupes s’immisçant dans les médias sont à l’origine de cette surexposition de ces partis : le groupe Bolloré concentre un certain nombre de médias (TV, journaux et radios) et en a profité pour y installer une place publique propice à l’expression des idées d’extrême-droite. Cette implication de grands groupes financiers dans l’espace médiatique a-t-elle une influence suffisante pour faire basculer la France dans un régime politique nouveau ?

Une ligne éditoriale avec des conséquences sur les journalistes ?

La mise en place progressive d’une idéologie extrême telle que celle prônée par Jordan Bardella a-t-elle eu des conséquences sur les employés dans les rédactions ? La publication du livre du président du RN a fait débat au sein même de la maison Fayard, où des salariés décrient cette annonce comme un « moment funeste » justifié par la libre expression de toutes les idées. De plus, cette banalisation de l’extrême-droite dans l’espace médiatique permet un harcèlement croissant sur les réseaux sociaux envers les journalistes, leur soumettant ainsi une forme d’auto-censure quant au traitement de l’information. La déontologie journalistique est-elle bousculée par cette montée des partis comme le RN ou Reconquête ?

Article réalisé par Téo MAISONNEUVE le 06/11/2024