Alors que la mainmise de puissants milliardaires sur les médias pose question et inquiète, l’ESJ de Paris vient d’être elle-même reprise par ces propriétaires de titres, dont Vincent Bolloré et Rodolphe Saadé. Bien que ne figurant pas parmi les 14 écoles de journalisme reconnues par la CPNEJ, l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, fondée en 1899, est la plus ancienne école de journalisme au monde.
Propriété du groupe Lagardère lui-même détenu par Bolloré, le JDD affirme que ce rachat va « insuffler un nouveau départ », le qualifiant de « rachat aux alliances prestigieuses » . Il ne manque pas de vanter les ambitions d’excellence et de modernisation des acheteurs, décrits comme des investisseurs influents du paysage économique et médiatique français.
Libération analyse d’une tout autre manière cette information, catégorisant les investisseurs comme « à droite » et évoquant ce rachat comme une nouvelle étape de la « bollorisation des médias ». Ce même article met également en avant l’inquiétude des étudiants de l’ESJ qui ont « peur de ne pas trouver du travail quand les rédactions verront qu’on a fait la Bolloré School of Journalism. »
Médiapart est du même avis et observe ce rachat comme une possibilité « d’élargir leur pouvoir d’influence en formatant de futures générations de journalistes en France. » Un évènement qui inquiète quant à l’avenir du métier de journaliste et de la libre circulation de l’information, alors que les milliardaires déjà accusés d’influencer la ligne éditoriale s’en prennent désormais à la racine même du journalisme, dès la formation.
Théophile Colas.