La journaliste Ariane Lavrilleux convoquée par la justice pour ses enquêtes en vue d’une mise en examen.

Journaliste du média d’investigation Disclose, Ariane Lavrilleux a été convoquée par la justice ce mardi 3 décembre 2024 pour « atteintes au secret défense ». Cette décision pose question sur la frontière entre ce que le journaliste peut se permettre de faire dans sa quête de l’information et ce qui est répréhensible par la loi. De plus, cela interroge sur les pressions exercées sur les journalistes d’enquêtes d’Etat ainsi que sur leurs sources.

Paris, 21 septembre. La journaliste d’investigation française Anne Lavrilleux en conférence de presse dans les locaux de l’ONG Reporter Sans Frontières, dénonce « une attaque claire, nette et précise contre la liberté d’informer », après avoir passé près de 40 heures en garde à vue. (THOMAS SAMSON / AFP)

La journaliste du média d’investigation sera reçue le 17 janvier prochain et risque jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Le tout pour avoir contribué à révéler des informations sur une opération militaire secrète de la France en Egypte, qui a conduit à l’exécution arbitraire de centaines de civils égyptiens. La liberté de la presse serait donc de nouveau menacée et la loi de 2010 sur la protection du secret des sources des journalistes est bousculée. En effet, cette mise en examen fait suite au travail d’espionnage auquel la journaliste a été soumise, dispositif d’ordinaire adopté contre les terroristes et le contre-espionnage.

Cette convocation marque le franchissement d’une nouvelle étape en matière de pression exercée sur les journalistes effectuant des enquêtes sur les affaires d’Etat. Pour aller plus loin, cette affaire fait débat d’un point de vue démocratique, en ce qui concerne les mesures de contraintes à l’égard des journalistes. D’autant plus que la source d’Ariane, un ancien militaire, a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire pour « détournement et divulgation du secret défense nationale ». Cette mise en examen fragilise la loi de 2010 sur la protection des sources, d’autant plus qu’Ariane est la quatrième journaliste de Disclose intimidée par les services de renseignement intérieur. Autant de sources que les services de renseignement ont cherché à identifier, autant de journalistes surveillés.

Il n’est plus simplement question de protection du journaliste, mais également de sa source. Une affaire qui pourrait avoir de graves conséquences sur l’espace médiatique, dans le cas où les sources refuseraient de parler par peur d’être à leur tour traquées, et attaquées en justice, les enquêtes d’investigation ne seraient rendues que plus complexes et difficiles.

Théophile Colas.

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