Ce lundi 5 mai 2025, à la Sorbonne, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont lancé un appel à destination des chercheurs étrangers. En pleine inquiétude sur la liberté académique aux États-Unis, la France et l’Union européenne veulent faire du Vieux Continent un refuge scientifique.

Dans les locaux historiques de la Sorbonne, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont clôturé ce lundi matin la conférence Choose Europe for Science. L’objectif: attirer les chercheurs menacés ou découragés par la politique scientifique menée aux États-Unis, particulièrement depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Organisé avec le soutien de plusieurs ministres européens de la Recherche et de représentants d’universités, cet événement marque une volonté politique forte de positionner l’Europe comme un havre pour les scientifiques, en réponse à un climat jugé délétère ailleurs dans le monde.
Des incitations financières pour séduire les talents
La France a présenté ce lundi un premier volet de son offensive, à travers la plateforme Choose France for Science, lancée en avril. Elle prévoit un soutien financier pouvant aller jusqu’à 50 % pour certains projets de recherche, au mérite. Des mesures fiscales ou des aides directes sont également envisagées, selon les précisions de l’Élysée. Le montant global de l’enveloppe n’a toutefois pas encore été révélé.
Selon un conseiller du président Macron, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reflux ou de menaces, l’Europe doit démontrer son attractivité ». Le CNRS, premier organisme de recherche en Europe, a lui aussi lancé une initiative similaire pour renforcer l’accueil des chercheurs internationaux.
Les travaux de la matinée ont alterné réflexions et échanges concrets. Deux tables rondes ont abordé des thématiques sensibles: la première sur la liberté académique et le rôle de la recherche dans les biens publics mondiaux — notamment les bases de données scientifiques ; la seconde sur la réduction des dépendances européennes en matière de recherche, en particulier dans les secteurs technologiques stratégiques.
Des critiques en France, des appels à l’unité en Europe
En France, cette opération de séduction n’échappe pas à la critique. Plusieurs syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche la jugent « choquante », voire « indécente », rappelant que les chercheurs français eux-mêmes font face à un sous-financement chronique, à des restructurations imposées et à des tensions autour de la liberté académique.
Des polémiques ont récemment secoué le monde universitaire français, autour du concept de wokisme ou de la liberté d’expression dans les campus. Le directeur de l’Inserm, Didier Samuel, estime toutefois que des efforts ont été faits. « Il y a eu un réinvestissement, mais on n’a pas encore comblé le trou », a-t-il déclaré sur franceinfo, appelant à amplifier la dynamique.
Les annonces européennes porteront prioritairement sur les domaines de la santé, du climat, de l’intelligence artificielle, du numérique, de l’agriculture ou encore du spatial, tous jugés stratégiques pour l’autonomie scientifique du continent.
L’événement a également réuni des chercheurs britanniques, suisses et norvégiens, dans un format élargi. Plusieurs partenaires américains, universitaires ou industriels, ont aussi été invités à débattre.
L’Italie, représentée par son ambassadrice, a salué l’initiative, tout en soulignant l’importance de poursuivre les discussions à l’échelle institutionnelle, notamment lors de la réunion européenne du 23 mai à Bruxelles. Elle a rappelé que la liberté de la recherche reste «un principe incontournable».
En toile de fond, les craintes sont claires : un retrait américain de certains partenariats scientifiques internationaux pourrait nuire à la coopération mondiale, à la veille sanitaire, à la lutte contre le changement climatique ou à l’accès aux données partagées.
Pour Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, le message est posé: l’Europe entend devenir un acteur central de la science mondiale, ouvert, protecteur et engagé.
Les réactions des internautes: un mélange d’ironie et de critique
Les tweets sur la conférence ont été nombreux, mêlant critiques et commentaires ironiques. Jon Delorraine a par exemple souligné l’ironie de l’événement, qualifiant la rencontre entre Macron et von der Leyen de spectacle où les enjeux scientifiques risquent de se perdre derrière des préoccupations politiques. Il a tweeté :
« ALERTE VIDÉO | Dans le cadre de « Choose Europe for Science« , Emmanuel Macron reçoit Ursula Von Der Leyen.
Entre celui qui a très envie d’emmerder les non vaccinés et celle qui négocie des vaccins contre des milliards par SMS, on sent que la Science va être bien défendue. »

De son côté, Emmanuel Macron a insisté sur le rôle de l’Europe en tant que leader mondial dans la recherche. Il a rappelé, via son propre tweet, l’importance de cette initiative :

« Choose Europe for Science » est plus qu’un simple appel: c’est une invitation à rejoindre un continent de l’excellence scientifique. Ensemble, nous défendons la liberté académique et l’autonomie de la recherche. #ChooseEurope.
Les échanges sur les réseaux sociaux témoignent des tensions sous-jacentes, mêlant à la fois de l’ironie sur les figures politiques impliquées et des débats sur les réelles intentions de l’Europe dans cette nouvelle dynamique.