Est-ce raisonnable de dire que l’intelligence artificielle peut remplacer les journalismes?
Le 22 octobre 2024, la radio OFF Radio Cracovie décide de licencier tous ses salariés pour les remplacer par trois animateurs virtuels. Cependant, après une semaine et face à la grogne des utilisateurs, la radio polonaise a finalement arrêté les frais autour de l’intelligence artificielle.
L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les médias a franchi un cap ces dernières années. Les expérimentations se multiplient, pour corriger, traduire ou écrire des articles, fabriquer des images. Un journaliste nous en parle: selon Charles-Henry Groult, l’IA permet aux vérités de plus émerger qu’avant, notamment dans l’analyse d’images. Au quotidien, les journalistes de l’AFP utilisent l’IA pour de la retranscription, de la traduction automatique ou de la reconnaissance faciale pour les photos. En effet, grâce à l’AI et ses dérivés technologiques, les machines sont capables d’assurer entre 8 à 12% des tâches journalistiques permettant de gagner 20% de temps de travail pour les éditeurs et les journalistes afin de se concentrer sur la qualité du contenu.
Le premier quotidien français Le Monde a utilisé sa technologie pour rédiger en 2015 près de 36 000 articles couvrant les élections départementales françaises. Aujourd’hui, Syllabs déploie ses technologies chez d’autres médias français tels que Les Échos ou France TV. Effectivement, la start-up est le premier choix des médias français pour leurs projets de génération automatique de contenus. L’information qu’elle produit vient compléter le travail journalistique
Cependant, comme l’explique Georges Wright, responsable de l’Internet Research and Future Services for BBC R&D « le but n’est donc pas de remplacer l’humain mais de le compléter.«
Pourtant en Pologne, une radio nommée OFF Radio Cracovie comptait de nombreuses difficultés d’audience. Pour faire face à cet obstacle, la radio a décidé le 22 octobre 2024, de se lancer dans une radio en ligne juste âpres avoir licenciés une dizaine de leur salariés. Les animateurs virtuels sont au nombre de trois: Alex, Emilia et Jakub. Leur personnalité, leurs caractéristiques physiques ainsi que leurs informations biographiques sont bien définies sur le site de la station. Ces journalistes artificiels sont censés incarner la génération Z et attirer une audience plus jeune. Le projet devait duré trois mois. Emilia (une IA) interview Wislawa Szymborska, prix Nobel de littérature 1996, morte en 2012. En Pologne, ça fait scandale, au point que le gouvernement s’est emparé de l’affaire en demandant plus de régulation: « Le développement de l’IA doit se faire pour le peuple, pas contre lui » nous informe RMC. De plus, l’administrateur de la radio, Marcin Pulit, a précisé dans un communiqué: « Nous avions prévu que ce projet dure trois mois, mais après une semaine, nous avons reçu tant de messages que nous en avons tiré les leçons et conclu que sa poursuite relèverait du non-sens.»