À partir de 2025, les informations nationales et internationales disparaîtront des kiosques en Polynésie française.

Hachette Pacifique, l’unique distributeur d’informations nationales et internationales en Polynésie française, annonce qu’il arrêtera l’importation des journaux sur le territoire à partir du 31 décembre 2024. La filiale du groupe n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP. En revanche, nous savons qu’elle avait sollicité une aide financière auprès du Haut-Commissariat de France en Polynésie pour un service « largement déficitaire ».

La question de l’accès à l’information pour la population vivant en Polynésie française n’est pas nouvelle. Déjà, au moment du Covid-19, l’importation des quotidiens régionaux avait cessé. En octobre 2024, c’est l’importation de journaux nationaux et internationaux par avion qui avait disparu, bien que compensée par l’importation par bateau.

Le directeur de la distribution de presse, France Messagerie, Éric Matton, a confié à l’AFP qu’il étudiait, avec son concurrent Les Messageries Lyonnaises, « la possibilité d’organiser une distribution alternative via la Nouvelle-Calédonie ».

Cette annonce interpelle quant à la situation politique de la Polynésie française. Ce territoire se situe dans le sud de l’océan Pacifique et a une superficie équivalente à celle de l’Europe. En 2023, la liste indépendantiste de l’ancien président de la Polynésie française a remporté le deuxième tour des élections territoriales. Cet événement prouve une certaine motivation de la population à atteindre une stabilité politique, en faisant de la Polynésie française un territoire indépendant des politiques de la métropole française.

Mais alors, pourquoi la France s’obstine-t-elle à garder la main sur la Polynésie française ? Ce territoire, qui, rappelons-le, a une superficie équivalente à celle de l’ensemble de l’Europe, représente 40 % de la ZEE (Zone Économique Exclusive) française. Cela implique une large possibilité d’exploitation des ressources halieutiques (pêche), éventuellement minières, mais également une diversité dans les choix de stratégies militaires. Il s’agit donc d’un territoire qui permet à la France d’occuper la 2ᵉ position du classement mondial des ZEE après les États-Unis.

Alors que nous connaissons le rôle central des médias et, avant tout, de l’accès à l’information dans une société dite démocratique, nous sommes amenés à nous interroger sur la considération que porte la politique française envers les populations de ces territoires d’outre-mer. La France garde la main sur ce territoire, car il lui permet d’avoir plus de poids sur l’échiquier géopolitique, avec des avantages lucratifs. En contrepartie, les Polynésiens n’auront plus accès aux informations nationales et internationales et ne pourront donc pas participer de façon égalitaire à la vie politique française.

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