L’école supérieure de journalisme, l’ESJ Paris, nous annonce fièrement ce vendredi 15 novembre avoir été reprise par des milliardaires propriétaires de nombreux médias comme Bolloré ou Bernard Arnault. La présidence de l’établissement est confiée à Vianney d’Alançon, entrepreneur et propriétaire d’un parc d’attractions type Puy du Fou en Provence. C’est lui que nous trouvons à l’initiative de cette reprise. Même si cette école ne figure pas parmi les 14 écoles reconnues par la profession, cette annonce hérisse le poil des défenseurs de la déontologie journalistique et fait également réagir le directeur de l’ESJ Lille (Pierre Savary), qui, elle, figure parmi les écoles reconnues par la profession : « Ce modèle d’école de journalisme à but lucratif, privée, avec la participation de groupes de presse derrière, c’est quelque chose de nouveau. » Il dit tout de même préférer le modèle associatif de son école, « garant de son indépendance ».
Cette annonce fait scandale dans un monde qui met la question de l’indépendance des médias au centre du débat public. Des milliardaires mettent la main non plus sur les médias eux-mêmes, mais sur quelque chose d’encore plus sensible : les journalistes, racines de l’information.
La reprise de l’école pose deux questions : dans un premier temps, nous pouvons nous interroger sur l’orientation politique relativement claire des repreneurs. Dans un monde idéal, nous pourrions imaginer des établissements supérieurs politiquement neutres, donnant aux étudiants les outils nécessaires pour créer une opinion construite, garantie de la pluralité des opinions dans les médias par la suite, sans compter l’influence des lignes éditoriales. En revanche, nous savons aujourd’hui que la politisation des étudiants en études supérieures se fait de plus en plus fréquente, embarquant avec eux les universités elles-mêmes. Ainsi, nous retrouvons des universités politisées dans des domaines parfois surprenants comme la philosophie, l’histoire ou encore le cinéma. La nouvelle orientation politique de l’école parisienne n’apporte en soi rien d’exceptionnel par rapport aux autres écoles, tout est alors une question d’opinions politiques et de partage ou non de valeurs.
Crise et luttes étudiantes : dialectique de politisation et questions de méthode | Cairn.infohttps://shs.cairn.info/revue-actuel-marx-2010-1-page-63?lang=fr
Nous pouvons cependant nuancer ce propos. Bolloré est à la tête de médias comme CNews qui se sont souvent retrouvés sous le feu des projecteurs pour avoir proclamé ou accueilli des propos notamment racistes. Nous rappelons que le racisme est puni par la loi et que des chaines comme C8 et, par résonnement logique, Bolloré ont souvent été repris par l’ARCOM pour ces raisons, jusqu’à se faire supprimer une séquence TV (TPMP).
Au-delà d’une orientation politique très marquée chez les médias détenus par des milliardaires tels que Bolloré, nous pouvons souligner une façon bien particulière de traiter l’information, parfois qualifiée de méthode « contre-information ». Bolloré a souvent porté atteinte à la liberté d’expression, parfois dénoncée par des comme Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, qui avait osé alerter sur France Inter de la mise en danger de la liberté d’expression et du pluralisme des opinions au sein du groupe Vivendi détenu par ce dernier.
Bernard Arnault s’inscrit également dans cette dynamique, comme avec l’affaire de la « blacklist » des médias imposée aux cadres du groupe LVMH, révélée au grand jour par le journal La Lettre A, qui eux-mêmes faisaient partie de cette liste.
Ces évènements nous présentent une façon de traiter l’information loin de la déontologie et de l’éthique journalistique : une information cadrée par des enjeux économiques, utilisée davantage comme outil lucratif que comme outil démocratique. Pour ces mêmes éléments, les chaînes détenues par Bolloré ont souvent été reprises par l’ARCOM (qui pourtant ne fait pas présente pas un règlement excessivement stricte) pour violation de la liberté d’expression.
Ainsi, la question se pose: quelle légitimité pouvons-nous donner à un personnage repris par la loi de nombreuses fois dans le cadre du traitement médiatique pour détenir une école de journalisme ?
Ici, nous rencontrons un véritable problème : si nous supposons que les élèves de l’ESJ Paris apprennent à traiter l’information sous ces stratégies, nous supposons également que ces stratégies seront appliquées par la suite, dans leurs carrières, dans le monde du travail. Cerner le fonctionnement d’un média en analysant la ligne éditoriale et la direction de celui-ci est plus facile que de démanteler les journalistes ayant appris à exercer sous ces stratégies. Ils seront dissimulés.
Pour finir, nous soulignons la mobilisation de l’ensemble des écoles de journalisme, reconnues ou non par la profession, contre « la mainmise des milliardaires sur les médias »à grosse audience. À la suite de cette annonce, les étudiants des différentes écoles ont pris la décision de créer un groupe Signal et de mettre en place des lives sur la plateforme TWITCH, afin de permettre aux futurs journalistes d’écrire des tribunes argumentées pour faire entendre leur révolte.
Houla, c’est très militant tout ça (j’ai pas dis que c’etaitmal, je dis que ce n’est pas le sujet)
tu fais plein d’affirmation vraiment clichés :
– Dans un monde idéal, nous pourrions imaginer des établissements supérieurs politiquement neutres
– Ces évènements nous présentent une façon de traiter l’information loin de la déontologie et de l’éthique journalistique : une information cadrée par des enjeux économiques, utilisée davantage comme outil lucratif que comme outil démocratique.
– nous savons aujourd’hui que la politisation des étudiants en études supérieures se fait de plus en plus fréquente, embarquant avec eux les universités elles-mêmes. Ainsi, nous retrouvons des universités politisées dans des domaines parfois surprenants comme la philosophie, l’histoire ou encore le cinéma. La nouvelle orientation politique de l’école parisienne n’apporte en soi rien d’exceptionnel par rapport aux autres écoles, tout est alors une question d’opinions politiques et de partage ou non de valeurs.
C’est tout ces points qui meriteraient d’être documentés en veille informationelle.
là, tu traites plutôt le sujet de manière partisane, c’est (peut être) bien, mais ce n’est pas le sujet de l’exercice.