L’ancienne direction du « Canard enchaîné » bientôt jugée pour soupçon d’emploi fictif.

C’est une affaire que le journal « Le Canard enchaîné » aurait pu traiter, nous rappelle Mediapart ce matin. L’ancienne direction du journal satirique et d’enquête, qui avait révélé le 25 janvier 2017 l’emploi fictif de Penelope Fillon (femme de François Fillon, alors en pleine élection présidentielle), est soupçonnée du même délit. C’est la plume du Canard enchaîné, Christophe Nobili, qui est à l’origine de cette révélation en mai 2022. Ainsi, Michel Gaillard et Nicolas Brimo, anciens dirigeants du journal, seront jugés du 8 au 11 octobre au parquet de Paris, car ils auraient rémunéré la femme du dessinateur André Escaro pendant plus de 20 ans sans que celle-ci n’ait jamais mis un pied à la rédaction.

https://www-mediapart-fr.passerelle.univ-rennes1.fr/journal/france/071024/l-ex-direction-du-canard-enchaine-face-aux-juges-pour-soupcon-d-emploi-fictif

Cette affaire soulève de nombreuses problématiques:

Elle étonne ; c’est un journaliste qui se retourne contre l’ancienne direction de sa propre rédaction. L’avocat en charge de la défense de Christophe Nobili est cité dans le journal Sud Ouest ce mardi 8 octobre : « Les manœuvres des anciens dirigeants ont occasionné plusieurs millions d’euros de préjudice pour le Canard, et surtout ont fait peser un risque sur sa crédibilité ». Au contraire, nous pouvons analyser les choses d’une tout autre façon : cette révélation est un gage de transparence et de confiance envers la rédaction du journal. Même la rédaction d’un journal qui dénonce ce type d’infraction peut être dénoncée, une forme d’égalité face aux lois.

https://nouveau-europresse-com.passerelle.univ-rennes1.fr/Search/ResultMobile/13

Le titre de l’enquête du journal “Le Monde” oriente sur une opposition entre la vieille génération de la rédaction et la nouvelle, qui adopte une approche plus “moderne”. Il est peut-être venu le temps de la transparence, de la volonté d’accuser et de ne plus se taire.

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2022/09/08/c-est-l-histoire-d-une-boite-ou-tout-est-visse-ou-on-ne-peut-pas-ouvrir-sa-gueule-et-ou-on-n-evolue-jamais-confit-de-generations-au-canard-enchaine_6140650_4500055.html

Les médias utilisent ce que nous appelons des “stratégies formelles” (mettre les guillemets, mettre en scène les coulisses d’une émission) qui nous mènent à penser les médias comme des miroirs de la société. Ils ne le sont pourtant pas ; les médias nous donnent à voir la construction d’une réalité. En revanche, nous pouvons considérer que leur fonctionnement interne évolue en même temps que la société. Ainsi, les journalistes suivent la cadence du temps des révélations, principalement caractérisée par le mouvement “Me Too” pour le discours féministe, mais qui impacte également d’autres sujets.

https://shs.cairn.info/revue-esprit-2016-6-page-3?lang=fr

Pour finir, cette affaire nous amène à nous questionner sur la façon dont les médias sont contrôlés afin d’éviter ces histoires d’emplois fictifs, et à nous demander comment la justice est organisée autour de cette problématique. Un article de L’Écho peut répondre à nos questions:

https://www.lesechos.fr/1999/09/emplois-fictifs-quelles-definitions-pour-quels-controles-et-sanctions-777305

Mémona Kowalczyk.

Un commentaire

  1. Interessant,
    pour chaque axe u propose une souce, ça fonctionne plutôt bien.
    je me permet juste une remarque: ne fait pas de liens sur d’article d’Europesse, fai plutôt un lien vers l’article oiginal sur le site du média (j’irais le chercher sur Euopresse le cas echeant)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *