L’OCCRP, une organisation d’investigation financé par la Maison Blanche

Ce lundi, Médiapart à révéler dans une enquête co-produite avec différents médias internationaux que l’Organized Crime and Corruption Reporting (OCCRP), était à moitié financé par la Maison Blanche. Alors que cette organisation réunissant des journalistes d’investigation se revendique neutre, c’est le contraire qu’il nous a été révélé dans cette enquête. Il m’a paru intéressant d’en parler afin d’adopter un regard critique sur ses travaux, qui pourraient être influencés par le gouvernement états-unien.

Un conflit d’intérêt 

En effet, la Maison Blanche lui fournit 52 pourcents de son budget annuel. Le Journal du Dimanche souligne que ce financement ne saurait être sans impact sur le contenu du journal. Les États-Unis possèdent un droit de veto sur la nomination des hauts-fonctionnaires de l’OCCRP. Ils peuvent refuser qu’un haut-fonctionnaire qui ne rentre pas dans leurs propres intérêts soit nommé. De plus, l’Humanité indique qu’ils n’ont pas l’autorisation d’enquêter sur le gouvernement états-unien. Drew Sulivan, le cofondateur de l’OCCRP le confirme “Notre politique est de ne pas faire de journalisme sur un pays avec son propre argent. Je pense que le gouvernement américain ne nous le permet pas”. Si l’organisation d’investigation publie une enquête sur la Maison Blanche, elle pourrait dire adieu à la moitié de son budget annuel. C’est en ce sens qu’un conflit d’intérêt existe entre les deux acteurs. 

Une impartialité remise en cause


Cette influence notable des états-unis sur l’OCCRP pose un réel problème d’impartialité des enquêtes publiées par l’organisation. Si le gouvernement possède un droit de véto sur la nomination des hauts-fonctionnaires, il n’est sans doute pas non plus sans influence sur l’information publiée. La presse, média canadien ayant collaboré à plusieurs reprises avec l’OCCRP, assure que “L’OCCRP n’a pas encadré nos reportages, n’a pas eu droit de regard sur ceux-ci et ne les a pas publiés”. En revanche l’enquête de Médiapart révèle que le choix des sujets d’enquêtes priorisés par certains médias collaborateurs posent la question d’impartialité. Certaines enquêtes menées sur divers acteurs internationaux pourraient indirectement avantager les États-Unis, ce qui expliquerait l’incitation de l’OCCRP envers certains médias à les publier. Ce qui remet en cause l’impartialité de l’information. Dans ce cas, celle-ci peut être publiée avec des arrières pensées gouvernementales.

La sécurité des journalistes remise en cause

L’OCCRP, est une organisation réunissant des journalistes d’investigation du monde entier, afin de fournir des enquêtes internationales. Le souci, c’est que certains de ces journalistes habitent dans des pays au régime autoritaire. Ce rapprochement clair entre le gouvernement états-unien peut être plus que mal vu par certains gouvernements étrangers. Si certains acteurs locaux interprètent une activité en lien avec la Maison-Blanche, les journalistes de ces pays seraient alors les premiers touchés par de potentielles sanctions. Leurs conditions de vie pourraient être altérées, entre persécutions et menaces. C’est dans cette mesure que cette actualité pourrait aussi avoir un impact direct sur les collaborateurs de l’OCCRP.


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