Bolloré étend son influence et finance désormais l’ESJ Paris


Vendredi 15 novembre, la nouvelle est sortie. Vincent Bolloré, Bernard Arnault ou encore Bayard presse participent au financement de la plus vieille école de journalisme du monde. Après son rachat des médias tel que C8, CNEWS et également CSTAR, le milliardaire Vincent Bolloré ne s’arrête pas là. Il s’attaque directement aux formations de journalistes.

C’est en raison de son influence grandissante dans le milieu journalistique qu’il me paraît essentiel d’en parler aujourd’hui. Ce financement direct envers les formations de journaliste par des milliardaires pose problème. D’une part, le possible formatage des futurs journalistes diplômés de cette école n’est pas à exclure. D’autre part, ce rachat ne fait qu’accroître les inégalités entre étudiants.

La déontologie journalistique renvoie aux valeurs de la profession. Le principe prépondérant de celle-ci reste la neutralité ainsi que l’indépendance dans la production d’information. Or, le passé nous a montré que le rachat des médias par Bolloré a participé à un changement de ligne éditorial tendant vers l’extrême droite. Comme l’évoque RFI dans son article, le risque de formatage à cette idéologie des journalistes en formation à L’ESJ Paris est à craindre. Cela peut transparaître de plusieurs manières, comme le choix des intervenants ou encore un angle orienté que peuvent prendre les cours. Ignorer l’impact que les financements d’une école peuvent avoir sur ses enseignements serait être aveugle.

Alors qu’une formation de journalisme est censée promouvoir l’indépendance, l’Humanité dénonce la création d’un réservoir à journalistes dociles  qui pourront protéger les intérêts de patrons de presse d’extrême droite. Le rachat de l’ESJ Paris se révèle être une stratégie des milliardaires pour étendre leur mainmise sur les médias français, dans le but de servir leurs propres intérêts financiers. Une information de plus en plus orientée par les politiques d’extrêmes droites reste le risque principal de ce rachat.

De plus, ce rachat n’a pas uniquement pour influence l’orientation d’information. Les principaux concernés par la question restent les étudiants des écoles de journalisme. L’accroissement des inégalités entre étudiants en journalisme est préoccupant. 

L’ESJ Paris, c’est déjà 7 000 euros de frais de dossier par an. Si le groupe Bolloré décide d’augmenter les frais d’entrée au sein de l’ESJ Paris ou encore d’influencer les critères de sélection selon le profil du candidat, cela désavantage encore plus les étudiants issus de milieux précaires obligés de faire des prêts étudiants exorbitants. Un certain type de profil sera, de fait, privilégié par cette école. Ce qui nuit à la diversité au sein du milieu journalistique comme le souligne le communiqué de la CFDT

Par ailleurs, cette diversité pourrait être atteinte au sein même du parcours scolaire des journalistes. Si les étudiants les plus proches du groupe Bolloré bénéficient d’un traitement privilégié, en termes de stages ou de contacts professionnels dans les médias détenus par Bolloré, les opportunités professionnelles des étudiants ne seront pas égales. Encore plus si ce mécanisme se retrouve après l’école. En outre, si ce rachat amène à une uniformisation de la formation journalistique proposée par l’ESJ Paris, en termes de valeurs ou de spécialisation spécifique, cela peut désavantager ces étudiants ne souhaitant pas être associé au groupe Bolloré. Une étudiante de l’ESJ Paris témoigne : «Ça me rend hyper triste de me dire que le truc qui sera sur mon CV toute ma vie ce sera ça. Et j’ai peur de ne pas trouver du travail quand les rédactions verront que j’ai fait la Bolloré School of Journalism».

Bien que l’ESJ Paris ne soit pas une école reconnue par la profession, « les écoles doivent rester indépendantes des actionnaires qui détiennent les médias » souligne Alexis Lévrier. Beaucoup craignent que ce financement ne soit que le début d’une généralisation d’une mainmise sur les écoles de journalisme par les milliardaires. Ce qui provoquerait d’énorme changements dans le journalisme, qu’il faut éviter afin de préserver la déontologie de ce métier.


Commentaires

Une réponse à “Bolloré étend son influence et finance désormais l’ESJ Paris”

  1. Salut,
    fait gaffe à la fin de ton article, tu as des liens qui pointent sur rien.

    l’angle de l’inégalité étudiante est intéressant, mais je me demande si ce n’aurait pas été judicieux de comparer les frais d’inscription avec d’autrre écoles, plutôt que reprendre les infos du CP de la CFDT.

    Attention vérifiez et croisez toujours les CP (même s’ils sont produits pas des journalistes

    Donc, croises toujeours tes souces pour eviter de ne faire que du travail de revue de presse.

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