Au Niger, suite au coup d’État de 2023, la junte militaire continue de réprimer l’espace médiatique. La semaine dernière, la BBC, média radiophonique britannique, a vu sa diffusion suspendue pour trois mois. Cette mesure fait suite à un reportage sur une attaque djihadiste meurtrière qui a frappé la localité de Chatoumane, dans la région de Téra, près du Burkina Faso.

La junte, dirigée par le général Abdourahamane Tiani, n’en est pas à sa première action contre les médias. En août 2023, elle avait déjà suspendu les chaînes françaises France24 et RFI, peu après son arrivée au pouvoir. De plus, le 12 décembre, le régime a annoncé vouloir porter plainte contre Radio France Internationale pour « incitation aux génocides et aux massacres intercommunautaires » au Niger.
La suspension de la BBC est justifiée par l’accusation de diffusion d’« informations erronées » qui, selon les autorités, pourraient déstabiliser l’ordre social et nuire au moral des troupes engagées dans la lutte contre les djihadistes. Cette décision est d’autant plus préoccupante que les programmes de la BBC en haoussa, diffusés par le biais de radios locales partenaires, étaient particulièrement populaires au Niger. En agissant ainsi, la junte prive des milliers de personnes d’accès à l’information et fragilise les radios locales, qui risquent de perdre de nombreux auditeurs.
La lettre du ministre de la Communication, Sidi Mohamed Raliou, adressée aux groupes de presse Anfani, R&M et Saraounia, demandant la suspension des programmes de la BBC, s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle de l’information. Depuis le coup d’État, les tensions entre le régime militaire et les médias étrangers ne cessent de croître. La junte justifie ces actions par la nécessité de préserver la stabilité du pays et de contrer ce qu’elle considère comme des campagnes de désinformation.
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