Les journalistes se mobilisent. La Confédération Française Démocratique du Travail- Journalistes, le Syndicat National des Médias et de l’écrit CFDT (SNME) et la Fédération Communication, conseil, culture CFDT dénoncent un point du projet loi de finances 2025 (PLF). Les radios associatives se sont alarmées d’un « coup de guillotine » car le PLF prévoit une baisse de 30 % des fonds alloués au Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) soit une réduction budgétaire de plus de 10 millions d’euros.
Le FSER a été créé en 1982, dans un contexte où le monopole d’Etat sur les radios était supprimé et où les radios libres étaient autorisées. Ce fonds doit permettre aux radios associatives locales, soit près de 700 structures en France, d’assurer leur mission de communication sociale de proximité auprès des territoires. Les radios associatives peuvent bénéficier de quatre types de subventions dans le cadre du FSER : la subvention d’installation; la subvention d’équipement; la subvention d’exploitation; la subvention sélective à l’action radiophonique. En 2023, les crédits du FSER ont été portés à 34,8 millions d’euros, puis 35,7 millions d’euros en 2024, niveau le plus haut jamais atteint depuis l’existence du dispositif. Dans le PLF 2025, ce sont seulement 25,3 millions qui sont prévus. Le Ministère de la Culture reconnaît d’ailleurs que ce fonds permet aux radios associatives et libres « d’assurer leur mission de communication sociale de proximité auprès des territoire » et ajoute que cette mission « est entendue comme le fait de favoriser les échanges […] le soutien au développement local, la protection de l’environnement ou encore la lutte contre l’exclusion. »
Ces radios emploient environ 3000 personnes. Les radios étant menacées, les personnes à qui elles tendent le micro ne seraient plus entendues et les initiatives locales moins promues. Il s’agit souvent du seul vecteur d’expression des habitants des zones rurales et leur seul lieu de dialogue. Alors que la concentration des médias et la réduction du nombre d’agences locales en presse régionale éloignent de plus en plus les citoyens des journalistes, le développement du désert informationnel renforce la défiance du public envers les médias.
–
J’ai choisi ce sujet car il est important de voir les priorités de l’Etat à propos de la diffusion de l’information. Les médias sont de plus en plus menacés à l’ère du numérique mais ce n’est pas tout : le politique a un pouvoir accru sur la production de l’information.
Quel est l’impact des choix gouvernementaux sur le pluralisme et l’indépendance de l’information ?
La menace qui pèse sur les médias locaux est-elle le reflet de la crise démocratique que connaît la France ?
–
Le budget moins conséquent accordé à la radiophonie pose problème sur le plan économique dans un premier temps et impacte de facto, la survie des radios locales et associatives garantes d’une information indépendante et de proximité.
La pluralité des médias est menacée car si la coupe budgétaires se concrétise, l’existence des structures est compromise. Thibaut Blond, directeur de Radio Pays de Guéret, l’une des quatre radios associatives qui émettent en Creuse : « Dans un territoire comme la Creuse, on apporte déjà une pluralité de médias, pluralité de ton, de sujets, de postures, d’opinions et ça semble quand même essentiel à toute démocratie ». La radio associative « c’est aussi de donner la parole à un échantillon le plus représentatif de la population du territoire sur lequel elle est implantée ». Leur disparition n’est pas une bonne nouvelle pour le pluralisme et la démocratie. La garantie d’une information libre est indispensable dans une période où les valeurs démocratiques sont mises à mal.
Entre la disparition des aides aux emplois associatifs en 2017 et cette nouvelle coupe, les structures sont de plus en plus fragilisées. Cette baisse du fonds budgétaires illustre quoi ? Les priorités gouvernementales ne touchent pas la diffusion de l’information. Or, dans un contexte où les extrêmes politiques qui veulent propager leurs idées se rapprochent du pouvoir, les médias parviennent- ils à garder leur indépendance ? La pluralité de l’information ne peut pas être assurée si les petites entreprises médiatiques ne peuvent plus se financer : les grands empires médiatiques se retrouvaient alors seuls sur le marché de l’information. Ce phénomène crée un oligopole de la production et de la diffusion de l’information par les médias puissants et stables financièrement. La diversité des points de vue serait réduite et donc le pluralisme oublié. De plus, si les radios locales ne peuvent plus se financer, elles sont exposées au risque de rachat par un groupe. Sauf que si les médias locaux appartiennent à des groupes, leurs lignes éditoriales sont équivalentes (mêmes discours et points de vue) alors le pluralisme des opinions disparait.
Laisser un commentaire