DAZN, le nouveau diffuseur de la Ligue 1 connaît déjà des difficultés de diffusion

La plate-forme britannique a annoncé hier la prolongation d’une semaine de sa promotion sur l’abonnement de Ligue 1.

La plate-forme de streaming DAZN est devenue le principal diffuseur de la Ligue 1 (L1) de football en France jusqu’en 2029. DAZN a acquis au début de l’été des droits de retransmission TV pour huit matchs de L1 chaque journée, pour 400 millions d’euros en moyenne par an. La réduction initiale, valable du 10 au 22 septembre, proposait un tarif annuel de 29,99 à 19,99 euros par mois. La promotion faisait passer l’abonnement annuel à 19,99 euros les deux premiers mois puis 39,99 euros. Suite aux nombreuses critiques à propos du coût trop élevé de l’abonnement, le média de diffusion avait dû réagir.

La saison s’annonce difficile pour l’émetteur numéro un du football français qui tente de retrouver une audience correcte et fidèle. Le chiffre d’abonnés varie entre 100 000 à 150 000 alors que l’objectif fixé par Shay Segev (PDG du groupe) est d’un million et demi d’abonnés au bout des six mois. En effet, l’offre à un prix plus accessible avait pour objectif de faire monter le nombre d’abonnés afin d’augmenter, une fois le public fidélisé, les prix. L’audio-visuel sportif est menacé par les négociations commerciales des droits télévisés qui mènent à des politiques tarifaires plus contraignantes et chères. Le modèle économique qui régit la diffusion de l’audio-visuel du football est remis en question. L’économiste du sport Christophe Lepetit explique que « la rentabilité est complexe à atteindre » pour les détenteurs de droits sportifs. Il faut rendre possible « une politique tarifaire accessible pour les fans, tout en achetant des droits TV à des montants élevés qui satisfassent les clubs ».

De plus, les accords négociés tardivement empêchent la plate-forme de faire une campagne comme elle le souhaite ce qui lui aurait permis de conquérir davantage de supporters. Christophe Lepetit affirme : «Habituellement, un nouvel entrant a plusieurs mois pour fournir sa stratégie, négocier les accords de distribution et pouvoir monter la plate-forme technique dans des conditions apaisées ».

La plate-forme de streaming a également été « la victime collatérale du ras-le-bol envers un football français qui leur paraît déconnecté » explique Pierre Rondeau le 22 août sur le plateau de L’Equipe. «Lorsque les fans, qui sont pour beaucoup fatigués par la valse des diffuseurs – cinq depuis 2018 – voient la déclaration de Laurent Nicollin (président de Montpellier) cela nourrit leur colère » ajoute-il. Le montpelliérain affirme son point de vue en disant que la somme de 30€ équivaut au prix d’un restaurant. Il s’agit donc d’un vendredi dans le mois où l’on ne se rend pas au restaurant pour compenser le prix de l’abonnement DAZN.

La faible audience couplée au système économique spécifique de la diffusion de la Ligue 1 illustre la précarité à laquelle sont confrontés les médias sportifs. Cela entraîne des questions quant aux choix financiers dans le domaine ainsi qu’à propos des politiques mises en place. Les modes de diffusion illégaux se développent et une grande partie des supporters ne sont plus en capacité de se payer un abonnement. La diffusion du football français fait ainsi partie d’une actualité autour du monde médiatique.

Podcast disponible en ligne sur le sujet : https://www.rtl.fr/culture/medias-people/ligue-1-dazn-prolonge-d-une-semaine-sa-promotion-sur-son-abonnement-juge-trop-couteux-7900420998