Influenceurs vs journalistes : qui prend le pouvoir dans les médias ?

Les influenceurs remplacent-ils peu à peu les journalistes ? Ces dernières années, les créateurs de contenus ont pris une place importante dans le monde de l’information. Les médias traditionnels préfèrent parfois faire appel à eux pour toucher un public jeune, mais cette évolution pose des questions sur l’avenir du journalisme.

Quand les influenceurs prennent le micro

En 2024, les influenceurs apparaissent là où l’on attendait autrefois des journalistes ou des animateurs professionnels. C’est le cas de Paola Locatelli, qui a coanimé les NRJ Music Awards. Cette décision a beaucoup fait parler, car sa prestation a été critiquée pour son manque de préparation et d’expérience journalistique. Ce choix montre que les grandes marques et les médias misent aujourd’hui davantage sur la popularité des influenceurs pour attirer un public jeune, même si la qualité peut parfois en souffrir.

Selon Anne Chirol, dans un article publié dans La Revue des Médias, cette tendance reflète une transformation profonde. Les influenceurs, très suivis sur les réseaux sociaux, savent rendre l’information plus « simple et accessible ». Ils répondent aux attentes d’un public qui consomme des contenus rapides et visuels.

Une nouvelle collaboration entre journalistes et influenceurs

Les influenceurs ne travaillent pas seuls. Beaucoup s’entourent de journalistes pour garantir la qualité de leurs contenus. L’article d’Alexandra Klinnik, publié sur le blog Méta-Media, explique que les journalistes collaborent avec des créateurs de contenus pour rendre l’information crédible et pertinente. Par exemple, le journaliste Vincent Bresson, pigiste pour Le Pèlerin, collabore avec des influenceurs comme Simon Puech pour compenser la précarité de son métier.

Cependant, cette collaboration n’est pas sans conséquences. Comme le souligne Alexandra Klinnik, les journalistes travaillant pour des influenceurs se retrouvent souvent invisibilisés : leurs noms n’apparaissent pas dans les vidéos ou publications, tandis que les influenceurs, véritables rédacteurs en chef, mettent en avant leur propre image et leur vision.

Cette évolution soulève des inquiétudes. Les influenceurs, soumis aux règles des plateformes, sont parfois contraints de simplifier leurs contenus pour éviter la censure ou plaire à leur audience, ce qui peut limiter la profondeur et la complexité des sujets abordés.

De leur côté, les médias traditionnels peinent à rivaliser avec ces formats courts et percutants. Toutefois, comme l’explique Anne Chirol dans La Revue des Médias, les journalistes ayant collaboré avec des influenceurs trouvent parfois plus facilement des postes dans les rédactions numériques des grands médias. Certains n’hésitent même pas à adopter les « codes de l’influence » pour se démarquer. Jade Duong, journaliste pour Fraîches, illustre bien cette tendance. Sur TikTok, elle utilise le format des vlogs pour partager son quotidien professionnel, créant un lien direct avec son audience. Grâce à cette stratégie, elle gagne en visibilité tout en rendant son métier plus accessible aux jeunes générations.

Néanmoins, cette double casquette soulève des questions. Jade Duong elle-même s’interroge sur l’équilibre à trouver entre la proximité qu’elle entretient avec sa communauté et le respect des règles déontologiques de son métier. Ce dilemme illustre les défis que doivent relever ces nouveaux modèles hybrides.

Comme le conclut Anne Chirol, « l’avenir de l’information passera par l’hybridation des modèles ». Le défi majeur sera de réussir à allier l’immédiateté et l’accessibilité des contenus numériques avec la rigueur et la profondeur qui caractérisent le journalisme traditionnel.

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