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Le Washington Post, indécis dans l’élection américaine

À 10 jours de l’élection américaine, le directeur général William Lewis annonce que le Washington Post rompt avec le traditionnel soutien au camp démocrate. Ce dernier affirme par la même occasion la nouvelle politique de neutralité du quotidien américain pour les élections à venir. La déclaration provoque dans les jours qui suivent la résiliation de 400 000 abonnements. Jeff Bezos, propriétaire du journal depuis 2013, est immédiatement accusé d’ingérence par deux journalistes du quotidien. Le même jour avait lieu une rencontre entre le directeur de Blue Origin, sa filiale aérospatiale, et Donald Trump, candidat républicain.

Source : Le Monde

L’information témoigne ainsi de la tension que soulève les élections présidentielles au sein de l’opinion public. En annonçant sa nouvelle ligne éditoriale de neutralité en période électorale, le Washington Post provoque un taulée médiatique et une large vague de mécontentement. D’une part, issue de la tradition journalistique américaine, l’appel aux votes des rédactions est extrêmement surveillé, notamment lors d’élections comme celle-là où les candidats se talonnent et où les enjeux sont inédits. D’autre part, les résiliations massives d’abonnement sont révélatrices d’une crise de la confiance dans les médias traditionnels. En effet, dans une élection où « les médias « authentiques » ont pris le pas sur les médias traditionnels« , le choix du « WashPo » d’abandonner ce qui est l’un de ses critères de référence interroge et soulève des soupçons d’ingérence. En effet, cette crise de confiance est également traversée par l’influence des milliardaires sur les médias avec, par exemple ici, Jeff Bezos soupçonné d’ingérence.

La soudaine neutralité du quotidien américain et les réactions d’indignations des abonnés ont largement été traités dans les médias anglo-saxons et français. Le Figaro présente un traitement de l’information relativement similaire à celui du Monde. Le quotidien conservateur choisit en effet de mettre en avant la vague de mécontentement subie par le quotidien, la source syndicale accusant l’ingérence de Jeff Bezos mais évoque également une source anonyme à la direction prenant le contrepied de cet argument. Entre le Guardian et le New York Times, chacun choisit son camps. Le quotidien britannique dresse la liste des soutiens du Washington Post et accuse ouvertement le propriétaire d’ingérence. De son côté, le concurrent historique du « Post« , le New York Times laisse la parole aux lecteurs mécontents dans sa rubrique Opinion – Letter. La plupart dénonce l’erreur de jugement de la rédaction de ne pas prendre position dans un tel contexte de polarisation. Le traitement de cette information par les médias généralistes tourne donc autour de trois angles: le soupçon d’ingérence de Jeff Bezos, la vague de mécontentement résultant de la déclaration et son impact en tant que média de référence dans le contexte politique.

D’autres angles auraient été pertinents sur la question tels que l’origine de la tradition de prise de position des rédactions américaines avant une élection, l’explication des intérêts poussant Jeff Bezos a vouloir se rapprocher de Donald Trump ou encore l’influence réel des appels aux votes des médias lorsque ceux-ci semblent être passé au second plan du jeu politique américain .

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