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Entre Kiev et Washington, un accord sur le minerais a été trouvé

Dans un contexte de guerre en Ukraine, les Etats-Unis et l’Ukraine vont créer un fonds d’investissement commun afin d’exploiter le sous-sol ukrainien.

WASHINGTON – correspondant (Piotr Smolar)

Les négociations, marquées par leur longueur et la dureté du ton adopté notamment par la partie américaine, ont finalement abouti à un accord positif le mercredi 30 avril. Les États-Unis et l’Ukraine ont annoncé la conclusion d’un partenariat concernant l’exploitation des ressources naturelles en Ukraine, pays ravagé par la guerre depuis l’invasion russe de 2022. Cet accord prévoit la création d’un fonds commun d’investissement et de reconstruction, financé à parts égales, chargé de superviser les projets liés à l’exploitation des ressources minières, ainsi qu’aux gisements de pétrole et de gaz présents sur le territoire ukrainien.

L’idée d’origine d’une implication américaine dans ces projets avait été avancée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en septembre 2024. Mais à son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a envisagé ce sujet comme une forme de paiement pour l’aide américaine militaire et financière engagée depuis le début la guerre. Une aide qu’il a estimée de façon arbitraire à 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros), alors que le montant réel est environ trois fois inférieur.

Le président américain voulait donc une forme de réparation gigantesque, et cela sans offrir l’essentiel aux yeux de l’Ukraine : des garanties de sécurité, pour la protéger d’éventuelles attaques russes futures. La venue de Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale, le 28 février, fut un désastre diplomatique, reportant la signature de l’accord sur les minerais. Sa première mouture était extrêmement défavorable à Kiev et ressemblait à une extorsion, que Washington voulait faire signer sans tarder.

De façon plus discrète, la partie ukrainienne a ensuite travaillé, avec des juristes internationaux, pour présenter des amendements et des contre-propositions. La version finale qui a été validée – mais pas détaillée par la partie américaine – semble bien plus équilibrée. « Cet accord signale clairement à la Russie que l’administration Trump est engagée en faveur d’un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme », a précisé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, dans un communiqué, employant ainsi des mots jamais entendus dans la bouche du président américain. Dans une note publique, la Maison Blanche emploie les termes de « partenariat », de « coopération » et de « retours à long terme pour les deux pays ».

Homme-clé de cette négociation, Scott Bessent s’était plaint plus tôt dans la journée de mercredi, lors d’une réunion du cabinet autour de Donald Trump, d’un contretemps de dernière minute côté ukrainien. Dans le communiqué, il précise qu’« aucun Etat ni aucune personne ayant financé ou alimenté la machine de guerre russe ne sera autorisée à bénéficier de la reconstruction de l’Ukraine ».

Du côté ukrainien, c’est Ioulia Svyrydenko, la ministre de l’économie, qui à Washington a signé le document ; ce dernier devra être encore ratifié par la Rada (Parlement). La ministre a détaillé sur le réseau social X le contenu de cet accord. Selon elle, le fonds créé place les deux partenaires sur un plan d’égalité, respectant la pleine souveraineté ukrainienne. Kiev sera le seul décisionnaire en matière de lieux et de ressources à exploiter. Le document ne prévoit pas de réparations financières aux Etats-Unis pour leur aide multiforme depuis le début de la guerre, en février 2022. Pourtant, le vice-chef de l’administration, Stephen Miller, continuait à parler jeudi matin d’un « remboursement » pour les « centaines de milliards de dollars que nos contribuables ont dépensés pour subventionner la guerre en Ukraine ». Ce propos divergent témoigne surtout de l’approche isolationniste, pleine de défiance à l’égard de Kiev, qui domine parmi les conseillers les plus radicaux du président.

Un potentiel encore spéculatif

« L’accord respecte la Constitution et préserve la trajectoire de l’Ukraine vers une intégration européenne », a souligné Ioulia Svyrydenko. Il s’agissait d’un point-clé pour Kiev, qui ne voulait pas se retrouver dans une situation de dette immédiate et lourde vis-à-vis de Washington, portant un coup à ses ressources budgétaires déjà très limitées par la guerre. La priorité est de tenir ses engagements par rapport à l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Le fonds créé ne sera alimenté que par de nouveaux revenus, générés par des permis inédits d’exploitation des minerais, du pétrole et du gaz. Les projets déjà existants ne sont donc pas concernés, leurs recettes demeurant entièrement ukrainiennes.

La ministre de l’économie a insisté sur l’importance des investissements américains à venir et des transferts de technologie. Elle a même lié le fonds à la mise à disposition de nouvelles aides de type militaire, citant les systèmes de défense antiaérienne, que réclame le président Volodymyr Zelensky pour mieux protéger les zones civiles contre les missiles russes. Selon le ministre des affaires étrangères, Andrii Sybiha, l’accord représente « un investissement dans la présence à long terme d’entreprises stratégiques américaines en Ukraine et dans

la formation d’une architecture future de sécurité ». Or Donald Trump, lorsqu’il était interrogé ces derniers temps sur la mauvaise volonté du président russe, Vladimir Poutine, en vue d’un cessez-le-feu, n’a jamais évoqué de nouvelles livraisons d’armes. Il a préféré citer des sanctions financières et bancaires éventuelles contre Moscou, notamment pour affaiblir ses recettes énergétiques. Pour la Maison Blanche, des intérêts économiques américains forment une garantie de sécurité en soi.

Selon l’Ukraine, cet accord est mutuellement bénéfique et ancre la relation bilatérale sur le long terme, même si – détail essentiel – le potentiel des minerais ukrainiens demeure largement spéculatif et nécessite des investissements énormes. « Nous escomptons que, pendant les dix premières années, les profits et les revenus du fonds ne seront pas redistribués mais au lieu de cela réinvestis en Ukraine dans de nouveaux projets ou dans la reconstruction, a précisé la ministre de l’économie. Ces termes feront l’objet de discussions à venir. »

Dans le communiqué américain, il est aussi fait mention de la volonté partagée de « rendre opérationnel au plus vite » cet accord. Une façon de reconnaître, en creux, que ses paramètres généraux ont beau être fixés, il reste beaucoup d’incertitudes sur sa mise en œuvre concrète. La poursuite du conflit armé risquerait de réduire ce document à une ambition de papier. Si l’accord établit un lien économique fort entre les Etats-Unis et l’Ukraine, il représente surtout à ce stade une forme d’assurance politique et psychologique pour Donald Trump, qui estimait son pays abusé. Mais, au-delà de cet accord, une fin de l’implication diplomatique américaine, en vue d’une paix négociée, laisserait l’Ukraine dans une forme de précarité sécuritaire inédite depuis trois ans.

Grève SNCF: quelles seront les conséquences pour les voyageurs ce week-end?

Le Parisien et AFP – 05 mai 2025

Économie

Le trafic est « fortement perturbé » ce lundi 05 mai en Ile-de-France ainsi que sur certains Transiliens, conformément aux prévisions de la SNCF, au premier jour d’une semaine d’appels à la grève marquée par le pont du 8 mai.

Plusieurs appels à la grève de Sud-Rail et de la CGT-Cheminots sur des questions de rémunération et d’organisation du travail, avec en point d’orgue une grève des contrôleurs ont été annoncés. La mobilisation s’annonce suivie en plein week-end du 8-mai.

Plusieurs lignes touchées, le RER A circulera normalement

Sur la ligne B du RER, « le trafic est fortement perturbé » lundi matin avec « un train sur deux sur la partie nord de la ligne, et deux trains sur trois sur la partie sud », selon le Transilien. Il n’y a cependant « aucun changement de train nécessaire à Paris gare du Nord ». Concernant le RER C, le trafic est également « fortement perturbé », avec un train sur deux. Sur le RER E, le trafic est « légèrement perturbé » avec quatre trains sur cinq qui devraient être assurés. Le trafic est en revanche normal sur le RER A, la ligne la plus fréquentée d’Europe. Une même fréquence d’un train sur 2 est constatée sur lignes N, U et V du Transilien, où il est fait état d’un trafic « fortement perturbé ».

Dans la région Hauts-de-France, seuls sont concernés les TER dans le Nord et le Pas-de-Calais, selon la SNCF, qui annonce le maintien d’« un peu plus d’un train sur trois ».

Les voyageurs ont été avisés de ces perturbations dès vendredi 15H « afin qu’ils puissent s’organiser avant même le départ en week-end », précise la SNCF.

Au niveau national, SNCF Voyageurs n’a pas communiqué de prévisions dimanche pour la journée de lundi mais, selon plusieurs sources syndicales ou au sein du groupe, les perturbations devraient être limitées ce jour-là. « Nous sommes loin d’une semaine noire, il n’y aura pas de semaine à l’arrêt, mais une semaine aussi normale que possible », avait indiqué lors d’un entretien à l’AFP le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet. « Les circulations seront normales du lundi 5 au jeudi 8 mai sur les TGV », a-t-il précisé et pour les 9, 10 et 11 mai, la plupart des trains circuleront.

Vague de départs massifs de X depuis l’élection de Donald Trump

L’information en relation avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention cette semaine concerne le réseau social X, anciennement Twitter. La plateforme, détenue par Elon Musk depuis octobre 2022, a connu une vague de départs significatifs. Le milliardaire américain, proche du président des États-Unis Donald Trump, est vivement critiqué quant à la gestion de l’application depuis son rachat.

Plusieurs médias de premier plan, tels que The Guardian et Ouest-France, ont suspendu leurs activités sur le réseau, invoquant une augmentation des discours de haine et une modération insuffisante. Le journal français Libération a annoncé quitter X, en début de semaine, dans cette publication Instagram.

De plus, des personnalités publiques, comme l’écrivain Stephen King, ont également quitté la plateforme, dénonçant une atmosphère devenue « trop toxique ». Parallèlement, des organisations telles que la CFDT ont pris la décision de se retirer, pointant du doigt le manque de régulation et la prolifération de contenus haineux, comme expliqué par le quotidien Le Figaro en décembre 2024.

J’ai choisi ce sujet puisqu’il implique à la fois des décisions qui remuent l’actualité médiatique ces dernières semaines ainsi qu’un sujet débattu sur le plan politique, notamment depuis l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Nous pourrions justement traiter cette information sous l’angle politique. Les départs de X sont étroitement liés à des événements polarisants, particulièrement le rôle de la plateforme dans les discours de Donald Trump. Depuis qu’Elon Musk a rétabli le compte de Trump après l’avoir suspendu à la suite des émeutes du Capitole en janvier 2021, de nombreux acteurs critiquent cette décision, arguant que la réintégration favorisait la diffusion de messages polarisants et de désinformation. Suivi par plus de 99 millions d’abonnés, le compte du président américain est massivement soutenu. Un flux de diffusion primordial pour D. Trump, qui profite d’une faible modération pour exposer ses idées.

Parallèlement, des personnalités politiques et des médias de gauche ont choisi de quitter ou de réduire leur présence sur X, dénonçant l’influence de certaines figures politiques controversées sur le réseau social.

Mais il est également possible de se questionner sur la nécessité pour les médias d’utiliser ce moyen d’information et de diffusion. X reste tout de même une plateforme clé pour toucher une audience mondiale instantanément. Cependant, la perception croissante de X comme un environnement toxique peut diminuer son efficacité comme canal d’information. Les médias risquent de perdre un canal crucial pour relayer leurs articles et interagir avec leur communauté en temps réel.

À noter qu’à ce jour, en France, les médias Le Monde, Libération, Ouest-France et l’Ardennais ont quitté la plateforme X pour des raisons similaires. Le journal Le Monde pointe notamment dans le quotidien Le Figaro « la toxicité croissante des échanges ».

Pour finir, un troisième axe de réflexion serait les alternatives possibles à entreprendre pour combler le manque de X pour les utilisateurs. Bluesky, soutenu par l’ancien PDG de Twitter, Jack Dorsey, mise sur une expérience semblable à X tout en intégrant des protocoles favorisant la personnalisation. Threads, développé par Meta, attire des utilisateurs en quête d’une alternative liée à l’écosystème Instagram. Ces alternatives offrent des options variées selon les priorités des utilisateurs, qu’il s’agisse de liberté, de sécurité ou de convivialité. Sur leur site Internet, le collectif HelloquitteX appelle à rejoindre massivement des plateformes alternatives au réseau social d’Elon Musk.

« Squid Game », saison 2

L’information en relation avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention cette semaine concerne la sortie de la saison 2 de « Squid Game » sur Netflix. En effet, plus de trois ans après son succès sur la plateforme américaine, « Squid Game » a fait son grand retour en streaming le 26 décembre dernier.

J’ai choisi ce sujet puisque je n’avais encore jamais traité une actualité médiatique dans le domaine du cinéma, et il me semblait intéressant de diversifier mes sujets de veille informationnelle.

Nous pourrions traiter cette information sous l’angle de la stratégie de diffusion mise en place par Netflix. La première saison parue en septembre 2021 incarne le plus gros succès de la plateforme. Ainsi, d’après cet article de Télérama, la saison 1 de « Squid Game » est la série la plus vue de l’histoire avec 265 millions de visionnages. Le géant du streaming américain est donc contraint de réaliser autant de visionnages que la saison précédente. Pour cela, Netflix a mis en place une stratégie de diffusion précise et minutieuse. La première initiative a été de diffuser dès sa sortie les sept épisodes de la seconde saison.

De plus, un important partenariat entre Netflix et le Comité des Champs-Élysées a été signé. Il serait pertinent de détailler cet événement qui a eu lieu le 1ᵉʳ décembre sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris. L’épreuve emblématique « 1, 2, 3 soleil » a été orchestrée par trois créateurs de contenus. Les comptes @netflix.fr et @avenuechampselysees ont partagé cette publication sur Instagram le 25 novembre dernier pour annoncer la participation d’Inoxtag, de Maghla et de Riadh pour cet événement. Nous pourrions ainsi se questionner sur ce type de collaboration mélangeant YouTube et Netflix, 2 plateformes de vidéos en ligne.

Mais il est également possible de se questionner sur les produits dérivés de la série. En effet, la sortie d’une nouvelle saison implique d’importants bénéfices financiers. Il est primordial pour les producteurs et les diffuseurs de satisfaire les fans. Nous pourrions donc analyser le schéma financier qui se met en place au sein de ce véritable « business ». La boutique en ligne de Netflix met en vente des produits dérivés officiels de la série : vêtements, jouets, objets, etc.

Quelques semaines avant la parution de la seconde saison, la Fnac a également mis en vente un kit Squid Game pour satisfaire les fans de la série.

La chaîne BFM TV Paris va fermer en 2025

L’information en relation avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention cette semaine concerne la fermeture de la chaîne BFM TV Paris. La chaîne d’information locale, lancée en 2016, a annoncé cesser ses activités au premier semestre 2025. Cette décision a été actée lors d’un comité social et économique le 10 décembre 2024. La raison avancée par la direction serait, d’après le journal La Lettre, un déficit estimé à 1,9 million d’euros pour 2025.

J’ai choisi ce sujet puisque cette fermeture intervient rapidement après le rachat, en juillet 2024, de BFM-TV et RMC par l’armateur CMA CGM, dirigé par Rodolphe Saadé. Un choix paradoxal lorsque nous connaissons les stratégies mises en place par ces milliardaires pour multiplier les titres de presse.

Nous pourrions traiter cette information sous l’angle économique. En effet, la chaîne BFM Paris a des soucis budgétaires. La chaîne, détenue par le milliardaire Rodolphe Saadé, ne parvient pas à un équilibre financier. Les coûts élevés de production de l’information mis en relation avec les revenus publicitaires liés à l’audience de la chaîne ne permettaient pas à la direction de poursuivre son travail.

De plus, la concurrence des médias numériques et des chaînes nationales est importante. De nombreux médias comme Brut, Le Parisien et actu.fr ont un ancrage fort au sein de la capitale.

Mais il est également possible de se questionner sur la nécessité de conserver un média local dans l’information. BFM Paris couvre principalement les sujets qui touchent la capitale française, son arrêt peut amener tout de même à une perte d’une information fiable et pertinente. Leur traitement de l’actualité politique et culturelle apporte un regard différent et varie d’autres médias implantés à Paris.

À noter que 10 autres chaînes régionales s’articulent autour de BFM TV. Pour le moment, la direction a précisé qu’aucune décision similaire n’était prévue pour les autres chaînes régionales du groupe à ce jour.

Pour finir, un troisième axe de réflexion serait celui de l’impact sur les salariés et les professionnels des médias. La fermeture de la chaîne implique la suppression de poste. Cependant, la direction de BFM-TV a indiqué que les 27 journalistes en CDI de BFM Paris se verront proposer des opportunités de reclassement au sein des autres entités du groupe. Néanmoins, le témoignage des journalistes serait une piste pertinente de réflexion pour donner la parole aux principaux acteurs de la situation. Le Syndicat National des Journalistes a répondu à cette décision dans un communiqué de presse le 11 décembre 2024.

En Polynésie Française, la presse nationale disparaîtra à compter du 1er janvier 2025

L’information en relation avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention cette semaine concerne les kiosques à journaux de la Polynésie Française. L’unique distributeur, Hachette Pacifique, filiale du grand groupe d’édition détenu par Lagardère, a annoncé que la presse nationale et internationale ne sera plus importée en 2025 en Polynésie. En effet, à compter du 1er janvier, plus de 600 titres de presse seront désormais absents des kiosques en raison d’un service « largement déficitaire » depuis plusieurs années.

J’ai choisi ce sujet puisqu’il s’inscrit dans une actualité extérieure à la France métropolitaine. Jusqu’à présent, je traitais de sujets concentrés dans l’hexagone sans élargir ma veille informationnelle à d’autres horizons. Je trouve intéressant et pertinent de parler de cette actualité, tout de même régulièrement évoquée ces derniers jours, dans les titres de presse nationaux (Libération, Le Monde, Europe 1, Le Figaro, etc).

Nous pourrions traiter cette information sous l’angle du lectorat. Effectivement, les habitant.es de Polynésie Française perdent une visibilité sur la presse nationale et internationale. Malgré une importation des titres avec près d’un mois de retard, le système permettait une offre de plus de 600 journaux mensuels ou hebdomadaires. Cela impliquait une ouverture sur le monde la plus totale et laissait au lectorat un choix d’orientation sociale, politique et économique complet. A partir du 1er janvier 2025, il n’y aura donc plus qu’un quotidien unique, Tahiti Info, invitant à se poser légitimement la question du pluralisme de l’information.

Cette interrogation reste tout de même à nuancer, puisque l’offre restera toujours accessible en ligne, l’importation des titres en format papier est quant à elle arrêtée. Cependant, les habitudes sociétales actuelles poussent à des pratiques numériques à 100%. Cela accentue une fracture numérique déjà trop forte sur ce territoire. En 2019, une étude réalisée par l’Institut de la Statistique de la Polynésie Française révèle selon le journal Tahiti Info que « la fracture numérique est très corrélée au niveau de vie », et indique que « les ménages les moins aisés qui ont internet sont donc peu nombreux ».

Mais il est également possible de se questionner sur la nécessité pour ces buralistes d’avoir accès à ces titres de presse. En effet, cette importante crise de la distribution prive les commerçants d’une marchandise, et entraîne ainsi de potentielles pertes budgétaires. Il serait intéressant d’observer si, en 2025, le chiffre d’affaires des kiosques de journaux est amené à baisser drastiquement.

Pour finir, un troisième axe de réflexion serait celui de l’avenir, que faire pour venir inverser la tendance et réexpédier les titres de presse dans le Pacifique. Directeur de Presse France Messagerie, Eric Matton a indiqué à l’AFP « la possibilité d’organiser une distribution alternative via la Nouvelle-Calédonie ». Le géant de la distribution en France, Presse France Messagerie, achemine 700 000 exemplaires de magazines et de quotidiens chaque jour.

L’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris reprise par des propriétaires de médias, dont Vincent Bolloré et Bernard Arnault

L’information en lien avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention ces derniers jours concerne l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, fondée en 1899. En effet, l’école a publié vendredi 15 novembre un communiqué de presse partagé par le journaliste au Point, Olivier Ubertalli, indiquant la reprise de l’établissement par d’importants propriétaires de médias.

Dans ce communiqué, il est écrit que l’ESJ Paris est rachetée par un consortium regroupant des milliardaires propriétaires de journaux ou de chaînes de télévision. Parmi eux, Rodolphe Saadé, propriétaire du groupe de presse français CMA Média (RMC BMF, Groupe M6, La Provence), la Compagnie de l’Odet, propriété de Vincent Bolloré (Groupe Canal +, Europe 1, Journal du dimanche, Fayard), ou encore Bernard Arnault (Le Parisien, Les échos, Paris Match, groupe LVMH).

Nous pourrions traiter cette actualité sous le prisme de la concentration des médias et de son élargissement aux écoles de journalisme. L’énumération de ces différents entrepreneurs pour le cas de l’ESJ Paris est témoin de la pression infligée par les financiers sur le système médiatique actuel. En France, onze milliardaires détiennent 80% de la presse quotidienne généraliste. Cette représentation est visible sur cette carte réalisée par le Monde Diplomatique et Acrimed, datée de décembre 2023. Le contrôle de l’information par ces puissants propriétaires met en danger l’indépendance journalistique.

Il est important de notifier que l’ESJ Paris repose sur un modèle privé (7 000€/an), et ne s’inscrit pas dans les 14 écoles reconnues par la profession. A l’inverse, des formations comme l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, le Centre de Formation des Journalistes de Paris, ou l’école de journalisme de Sciences Politiques suivent un modèle associatif (association loi 1901 à but non lucratif). D’après Pierre Savary, directeur de l’ESJ Lille, ce système lui permet d’être « garant de son indépendance ».

Mais il est également possible de se concentrer sur Vianney d’Alençon, futur président de l’établissement. Il est propriétaire et créateur du parc d’attraction Rocher Mistral au Château de la Barben, dans les Bouches-du-Rhône, identifié comme le « Puy du Fou provençal ». Cette nomination souligne l’influence catholique qu’implique ce rachat, notamment par Vincent Bolloré, propriétaire du Journal du Dimanche, qui a salué dans un article « un souffle nouveau pour relever les défis de l’évolution médiatique ».

Cette information dévoilée ce vendredi implique par ailleurs une surprise chez les étudiants et étudiantes de l’école. En effet, le journal Libération a écrit un article évoquant particulièrement l’inquiétude d’une étudiante concernant le rapprochement fait avec Vincent Bolloré, figure de l’extrême droite.

Elise Lucet invite le youtubeur Squeezie pour son nouveau concept « Dérush »

L’information en lien avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention ces derniers jours concerne Elise Lucet, journaliste d’investigation à France Télévision. En effet, elle a publié dimanche 27 octobre sur sa chaîne YouTube, un nouveau concept intitulé « Dérush ». L’objectif est de réagir avec un invité à des archives de France Télévision dont l’émission Envoyé Spécial, qu’elle présente depuis 2016.

J’ai choisi comme point de départ l’article de Télérama écrit par Julia Vergely. Dans cette article, la journaliste résume les moments forts de la vidéo. Elle met également en avant la relation d’Elise Lucet avec son invité, Squeezie. Le vidéaste est très populaire sur le YouTube français, il comptabilise plus de 19 millions d’abonnés.

Nous pourrions justement traiter cette information sous l’angle du public qui visionne cette vidéo. Effectivement, Elise Lucet, âgée de 61 ans, est une figure emblématique de la télévision, un support qui est moins attractif chez les jeunes générations. Cette vidéo, en collaboration avec France Télévision, vient « casser » les barrières intergénérationnelles qui séparent le public d’Elise Lucet, plus âgé, à celui de Squeezie et de YouTube de manière générale, lui plus jeune. Un stratégie intéressante de la part de France TV, qui sans aucun doute cherche à attirer la nouvelle génération sur ses chaînes de télévision pour éventuellement augmenter son audience. A noter que ce n’est pas la première fois que France Télévision collabore avec des acteurs importants sur YouTube. En effet, Hugo Décrypte, le journaliste des réseaux sociaux, connu des adolescents, anime depuis octobre 2023 « L’Interview face cachée diffusé d’abord sur France 2 puis dans un second temps sur ses réseaux sociaux.

Mais il est également possible de se concentrer sur l’intérêt pour un vidéaste comme Squeezie d’accepter ce type d’invitation. Assis confortablement sur un canapé, le duo échange sur différents sujets en utilisant un ton davantage décontracté que sur les plateaux de télévision. Cette discussion entre la journaliste et le vidéaste amène donc à parler ouvertement et sans complexe de sujets importants pour chacun de manière plus informelle. Lucas Hauchard est justement revenu sur la publication Instagram qu’il avait réalisée en juin dernier au sujet de la montée de l’extrême droite, en parallèle des élections législatives anticipées. Des propos qui ont été repris par plusieurs médias comme Ouest-France, le JDD, Libération et BFM TV, cela montre l’impact de ses prises de parole peu importe le support de diffusion et le lieu. Il y a dans ce concept, une ouverture d’esprit qu’il laisse l’invité s’exprimer sans être mépriser comme cela a pu être observé il y a quelques années à la télévision notamment face à Thierry Ardisson dans Salut les Terriens.