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Entre Kiev et Washington, un accord sur le minerais a été trouvé

Dans un contexte de guerre en Ukraine, les Etats-Unis et l’Ukraine vont créer un fonds d’investissement commun afin d’exploiter le sous-sol ukrainien.

WASHINGTON – correspondant (Piotr Smolar)

Les négociations, marquées par leur longueur et la dureté du ton adopté notamment par la partie américaine, ont finalement abouti à un accord positif le mercredi 30 avril. Les États-Unis et l’Ukraine ont annoncé la conclusion d’un partenariat concernant l’exploitation des ressources naturelles en Ukraine, pays ravagé par la guerre depuis l’invasion russe de 2022. Cet accord prévoit la création d’un fonds commun d’investissement et de reconstruction, financé à parts égales, chargé de superviser les projets liés à l’exploitation des ressources minières, ainsi qu’aux gisements de pétrole et de gaz présents sur le territoire ukrainien.

L’idée d’origine d’une implication américaine dans ces projets avait été avancée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en septembre 2024. Mais à son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a envisagé ce sujet comme une forme de paiement pour l’aide américaine militaire et financière engagée depuis le début la guerre. Une aide qu’il a estimée de façon arbitraire à 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros), alors que le montant réel est environ trois fois inférieur.

Le président américain voulait donc une forme de réparation gigantesque, et cela sans offrir l’essentiel aux yeux de l’Ukraine : des garanties de sécurité, pour la protéger d’éventuelles attaques russes futures. La venue de Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale, le 28 février, fut un désastre diplomatique, reportant la signature de l’accord sur les minerais. Sa première mouture était extrêmement défavorable à Kiev et ressemblait à une extorsion, que Washington voulait faire signer sans tarder.

De façon plus discrète, la partie ukrainienne a ensuite travaillé, avec des juristes internationaux, pour présenter des amendements et des contre-propositions. La version finale qui a été validée – mais pas détaillée par la partie américaine – semble bien plus équilibrée. « Cet accord signale clairement à la Russie que l’administration Trump est engagée en faveur d’un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme », a précisé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, dans un communiqué, employant ainsi des mots jamais entendus dans la bouche du président américain. Dans une note publique, la Maison Blanche emploie les termes de « partenariat », de « coopération » et de « retours à long terme pour les deux pays ».

Homme-clé de cette négociation, Scott Bessent s’était plaint plus tôt dans la journée de mercredi, lors d’une réunion du cabinet autour de Donald Trump, d’un contretemps de dernière minute côté ukrainien. Dans le communiqué, il précise qu’« aucun Etat ni aucune personne ayant financé ou alimenté la machine de guerre russe ne sera autorisée à bénéficier de la reconstruction de l’Ukraine ».

Du côté ukrainien, c’est Ioulia Svyrydenko, la ministre de l’économie, qui à Washington a signé le document ; ce dernier devra être encore ratifié par la Rada (Parlement). La ministre a détaillé sur le réseau social X le contenu de cet accord. Selon elle, le fonds créé place les deux partenaires sur un plan d’égalité, respectant la pleine souveraineté ukrainienne. Kiev sera le seul décisionnaire en matière de lieux et de ressources à exploiter. Le document ne prévoit pas de réparations financières aux Etats-Unis pour leur aide multiforme depuis le début de la guerre, en février 2022. Pourtant, le vice-chef de l’administration, Stephen Miller, continuait à parler jeudi matin d’un « remboursement » pour les « centaines de milliards de dollars que nos contribuables ont dépensés pour subventionner la guerre en Ukraine ». Ce propos divergent témoigne surtout de l’approche isolationniste, pleine de défiance à l’égard de Kiev, qui domine parmi les conseillers les plus radicaux du président.

Un potentiel encore spéculatif

« L’accord respecte la Constitution et préserve la trajectoire de l’Ukraine vers une intégration européenne », a souligné Ioulia Svyrydenko. Il s’agissait d’un point-clé pour Kiev, qui ne voulait pas se retrouver dans une situation de dette immédiate et lourde vis-à-vis de Washington, portant un coup à ses ressources budgétaires déjà très limitées par la guerre. La priorité est de tenir ses engagements par rapport à l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Le fonds créé ne sera alimenté que par de nouveaux revenus, générés par des permis inédits d’exploitation des minerais, du pétrole et du gaz. Les projets déjà existants ne sont donc pas concernés, leurs recettes demeurant entièrement ukrainiennes.

La ministre de l’économie a insisté sur l’importance des investissements américains à venir et des transferts de technologie. Elle a même lié le fonds à la mise à disposition de nouvelles aides de type militaire, citant les systèmes de défense antiaérienne, que réclame le président Volodymyr Zelensky pour mieux protéger les zones civiles contre les missiles russes. Selon le ministre des affaires étrangères, Andrii Sybiha, l’accord représente « un investissement dans la présence à long terme d’entreprises stratégiques américaines en Ukraine et dans

la formation d’une architecture future de sécurité ». Or Donald Trump, lorsqu’il était interrogé ces derniers temps sur la mauvaise volonté du président russe, Vladimir Poutine, en vue d’un cessez-le-feu, n’a jamais évoqué de nouvelles livraisons d’armes. Il a préféré citer des sanctions financières et bancaires éventuelles contre Moscou, notamment pour affaiblir ses recettes énergétiques. Pour la Maison Blanche, des intérêts économiques américains forment une garantie de sécurité en soi.

Selon l’Ukraine, cet accord est mutuellement bénéfique et ancre la relation bilatérale sur le long terme, même si – détail essentiel – le potentiel des minerais ukrainiens demeure largement spéculatif et nécessite des investissements énormes. « Nous escomptons que, pendant les dix premières années, les profits et les revenus du fonds ne seront pas redistribués mais au lieu de cela réinvestis en Ukraine dans de nouveaux projets ou dans la reconstruction, a précisé la ministre de l’économie. Ces termes feront l’objet de discussions à venir. »

Dans le communiqué américain, il est aussi fait mention de la volonté partagée de « rendre opérationnel au plus vite » cet accord. Une façon de reconnaître, en creux, que ses paramètres généraux ont beau être fixés, il reste beaucoup d’incertitudes sur sa mise en œuvre concrète. La poursuite du conflit armé risquerait de réduire ce document à une ambition de papier. Si l’accord établit un lien économique fort entre les Etats-Unis et l’Ukraine, il représente surtout à ce stade une forme d’assurance politique et psychologique pour Donald Trump, qui estimait son pays abusé. Mais, au-delà de cet accord, une fin de l’implication diplomatique américaine, en vue d’une paix négociée, laisserait l’Ukraine dans une forme de précarité sécuritaire inédite depuis trois ans.

Grève SNCF: quelles seront les conséquences pour les voyageurs ce week-end?

Le Parisien et AFP – 05 mai 2025

Économie

Le trafic est « fortement perturbé » ce lundi 05 mai en Ile-de-France ainsi que sur certains Transiliens, conformément aux prévisions de la SNCF, au premier jour d’une semaine d’appels à la grève marquée par le pont du 8 mai.

Plusieurs appels à la grève de Sud-Rail et de la CGT-Cheminots sur des questions de rémunération et d’organisation du travail, avec en point d’orgue une grève des contrôleurs ont été annoncés. La mobilisation s’annonce suivie en plein week-end du 8-mai.

Plusieurs lignes touchées, le RER A circulera normalement

Sur la ligne B du RER, « le trafic est fortement perturbé » lundi matin avec « un train sur deux sur la partie nord de la ligne, et deux trains sur trois sur la partie sud », selon le Transilien. Il n’y a cependant « aucun changement de train nécessaire à Paris gare du Nord ». Concernant le RER C, le trafic est également « fortement perturbé », avec un train sur deux. Sur le RER E, le trafic est « légèrement perturbé » avec quatre trains sur cinq qui devraient être assurés. Le trafic est en revanche normal sur le RER A, la ligne la plus fréquentée d’Europe. Une même fréquence d’un train sur 2 est constatée sur lignes N, U et V du Transilien, où il est fait état d’un trafic « fortement perturbé ».

Dans la région Hauts-de-France, seuls sont concernés les TER dans le Nord et le Pas-de-Calais, selon la SNCF, qui annonce le maintien d’« un peu plus d’un train sur trois ».

Les voyageurs ont été avisés de ces perturbations dès vendredi 15H « afin qu’ils puissent s’organiser avant même le départ en week-end », précise la SNCF.

Au niveau national, SNCF Voyageurs n’a pas communiqué de prévisions dimanche pour la journée de lundi mais, selon plusieurs sources syndicales ou au sein du groupe, les perturbations devraient être limitées ce jour-là. « Nous sommes loin d’une semaine noire, il n’y aura pas de semaine à l’arrêt, mais une semaine aussi normale que possible », avait indiqué lors d’un entretien à l’AFP le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet. « Les circulations seront normales du lundi 5 au jeudi 8 mai sur les TGV », a-t-il précisé et pour les 9, 10 et 11 mai, la plupart des trains circuleront.