En Polynésie Française, la presse nationale disparaîtra à compter du 1er janvier 2025
L’information en relation avec l’actualité des médias qui a retenu mon attention cette semaine concerne les kiosques à journaux de la Polynésie Française. L’unique distributeur, Hachette Pacifique, filiale du grand groupe d’édition détenu par Lagardère, a annoncé que la presse nationale et internationale ne sera plus importée en 2025 en Polynésie. En effet, à compter du 1er janvier, plus de 600 titres de presse seront désormais absents des kiosques en raison d’un service « largement déficitaire » depuis plusieurs années.
J’ai choisi ce sujet puisqu’il s’inscrit dans une actualité extérieure à la France métropolitaine. Jusqu’à présent, je traitais de sujets concentrés dans l’hexagone sans élargir ma veille informationnelle à d’autres horizons. Je trouve intéressant et pertinent de parler de cette actualité, tout de même régulièrement évoquée ces derniers jours, dans les titres de presse nationaux (Libération, Le Monde, Europe 1, Le Figaro, etc).
Nous pourrions traiter cette information sous l’angle du lectorat. Effectivement, les habitant.es de Polynésie Française perdent une visibilité sur la presse nationale et internationale. Malgré une importation des titres avec près d’un mois de retard, le système permettait une offre de plus de 600 journaux mensuels ou hebdomadaires. Cela impliquait une ouverture sur le monde la plus totale et laissait au lectorat un choix d’orientation sociale, politique et économique complet. A partir du 1er janvier 2025, il n’y aura donc plus qu’un quotidien unique, Tahiti Info, invitant à se poser légitimement la question du pluralisme de l’information.
Cette interrogation reste tout de même à nuancer, puisque l’offre restera toujours accessible en ligne, l’importation des titres en format papier est quant à elle arrêtée. Cependant, les habitudes sociétales actuelles poussent à des pratiques numériques à 100%. Cela accentue une fracture numérique déjà trop forte sur ce territoire. En 2019, une étude réalisée par l’Institut de la Statistique de la Polynésie Française révèle selon le journal Tahiti Info que « la fracture numérique est très corrélée au niveau de vie », et indique que « les ménages les moins aisés qui ont internet sont donc peu nombreux ».
Mais il est également possible de se questionner sur la nécessité pour ces buralistes d’avoir accès à ces titres de presse. En effet, cette importante crise de la distribution prive les commerçants d’une marchandise, et entraîne ainsi de potentielles pertes budgétaires. Il serait intéressant d’observer si, en 2025, le chiffre d’affaires des kiosques de journaux est amené à baisser drastiquement.
Pour finir, un troisième axe de réflexion serait celui de l’avenir, que faire pour venir inverser la tendance et réexpédier les titres de presse dans le Pacifique. Directeur de Presse France Messagerie, Eric Matton a indiqué à l’AFP « la possibilité d’organiser une distribution alternative via la Nouvelle-Calédonie ». Le géant de la distribution en France, Presse France Messagerie, achemine 700 000 exemplaires de magazines et de quotidiens chaque jour.