L’édition Bayard décide de ne pas laisser l’extrême droite franchir ses portes

Alors que l’arrivée d’Alban du Rostu, l’ex-bras droit de Pierre-Edouard Stérin, au poste de directeur de la stratégie et du développement du groupe Bayard, avait été confirmée par François Morinière lors d’un comité social et économique (CSE) le lundi 25 novembre. L’édition fondée en 1986 a décidé de faire demi-tour après que ses propres salariés ont voté la grève pour contester la nomination de l’ancien bras droit du milliardaire conservateur. Pourquoi ce choix a-t-il dérangé les salariés de l’édition Bayard ?

On remarque aujourd’hui que les éditions d’ouvrages sont de plus en plus prisées et politisées, comme le montre le dernier exemple du rachat du groupe Lagardère, qui détient l’édition Hachette Livre, par le géant des médias et de l’édition Vivendi, contrôlé par la famille du milliardaire Vincent Bolloré. Ce dernier se permet donc de financer et de promouvoir des livres d’extrême droite, comme celui de Jordan Bardella intitulé « Ce que je cherche ». https://www.ouest-france.fr/politique/ce-que-je-cherche-jordan-bardella-publie-son-premier-livre-le-9-novembre-chez-fayard-6590123e-8b0b-11ef-83f6-c0ea5bdbc0ba

Ceci soulève la question de l’impartialité des livres publiés à travers le rachat de groupes d’édition. Alors que l’édition Bayard est spécialisée dans la publication de livres pour enfants et adolescents, avec des collections célèbres comme « J’aime lire » (magazine pour enfants) et des romans ou albums pour la jeunesse, elle aurait eu dans son équipe Alban du Rostu, ex-bras droit de Pierre-Edouard Stérin, qui a participé au lancement de « Périclès », un projet politique de ce même Stérin, visant à mener la bataille des idées au service de valeurs identitaires, conservatrices et libérales. L’idéologie partagée par Alban du Rostu aurait peut-être influencé l’orientation politique de ces livres dès le plus jeune âge, au moment de la socialisation primaire des enfants. Lien : https://www.telerama.fr/debats-reportages/bayard-renonce-a-embaucher-alban-du-rostu-et-va-vendre-ses-parts-dans-l-esj-paris-7023272.php

Face à la mobilisation des salariés et aux reproches d’ouvrir ses portes à l’extrême droite, Bayard a rétropédalé et ne recrutera pas Alban du Rostu dans ses rangs. A travers cet exemple, nous pouvons voir que la mobilisation commune et conséquente a permis de stopper l’entrée de l’extrême droite dans l’édition Bayard. Lien : https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/le-groupe-de-presse-et-d-edition-bayard-renonce-a-recruter-alban-du-rostu-ancien-bras-droit-du-milliardaire-d-extreme-droite-pierre-edouard-sterin_6931919.html

À ce même titre, ils s’inquiétaient également de l’annonce de la participation du groupe Bayard à la reprise de l’école de journalisme ESJ Paris, aux côtés de plusieurs propriétaires de médias, dont l’homme d’affaires réactionnaire Vincent Bolloré. Dans son communiqué, le groupe a annoncé « quitter le tour de table de l’ESJ Paris en revendant [sa] participation ». À l’heure où la presse doit lutter contre le rouleau compresseur des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, comment gérer une école aux côtés de partenaires comme Bolloré qui semblent davantage suivre un agenda politique que remplir une mission d’information ? C’est l’une des questions que se sont posées les salariées du groupe Bayard et c’est pourquoi ils ont décidé de faire grève. Lien : https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/26/medias-alban-du-rostu-l-ex-bras-droit-de-pierre-edouard-sterin-recrute-par-le-groupe-bayard_6414875_3234.html

Félix Landais

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