Veille informationnelle : reprise de l’ESJ Paris par des groupes privés
L’Ecole supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris) a récemment fait l’objet d’une reprise par un consortium de grands groupes privés. Cette acquisition a suscité d’intenses débats concernant l’indépendance et l’éthique dans la formation journalistique, notamment en ce qui concerne l’impact potentiel sur la perception publique de l’intégrité des journalistes formés par l’ESJ Paris. Cette situation pourrait influencer la confiance des futurs employeurs et la crédibilité auprès du public, soulevant des interrogations sur la capacité de l’école à préserver un enseignement impartial face aux intérêts de ses propriétaires. Parmi les repreneurs figurent Vincent Bolloré, via la Compagnie de l’Odet (Canal+, Prisma Médias), Rodolphe Saadé, par le biais de CMA Média (La Provence, BFM), Bernard Arnault, à travers la Financière Agache (Le Parisien, Les Échos), Habert Dassault, via Koodenvoi (Le Figaro) et Bayard Presse (La Croix, Phosphore).
Cette reprise a été perçue par de nombreux observateurs comme une menace potentielle pour l’indépendance journalistique. Alexis Lévrier, historien de la presse, a exprimé sur les réseaux sociaux que l’ingérence de tels actionnaires dans la formation des journalistes devait inquiéter : « Les écoles doivent rester indépendantes des actionnaires qui détiennent les médias ». Cette affirmation résonne avec les débats permanents sur la liberté de la presse dans une époque où la concentration des médias suscite de vives critiques.
L’ESJ Paris ne figure pas parmi les 14 écoles reconnues par la profession. Contrairement à l’ESJ Lille, au Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris, ou à l’Ecole de journalisme de Sciences Po, qui bénéficient d’un modèle associatif garantissant leur indépendance, l’ESJ Paris a un modèle privé qui soulève des questions quant à sa capacité à offrir un enseignement impartial.
Cette situation rappelle la création en 2018 de l’Institut libre de journalisme, soutenu par des réseaux liés à Vincent Bolloré, et qui avait déjà suscité des débats similaires sur l’indépendance et la déontologie journalistique.
Cette reprise met en lumière un schéma récurrent : l’influence grandissante de grands groupes industriels sur les médias et, désormais, sur la formation des futurs journalistes. L’acquisition par Bolloré, déjà critiqué pour sa mainmise sur des titres tels que Le Journal du Dimanche et Europe 1, pourrait aussi influencer la manière dont le contenu pédagogique est conçu et la sélection des professeurs ou intervenants à l’ESJ Paris. Les nouveaux propriétaires pourraient potentiellement introduire des ajustements qui alignent les programmes sur des visions spécifiques, affectant ainsi la diversité et la neutralité des enseignements dispensés. Cette situation pourrait soulever des préoccupations quant à la capacité de l’école à maintenir une formation équilibrée et indépendante face aux intérêts de ses actionnaires. De plus, l’implication de figures comme Bernard Arnault et Rodolphe Saadé, connus pour leur contrôle de médias influents, accentue les craintes d’une formation orientée ou partielle.
J’ai choisi ce sujet car il touche à l’indépendance journalistique et la façon dont l’influence des grands groupes peut impacter la formation des futurs journalistes. La reprise de l’ESJ Paris par des acteurs puissants soulève des questions sur l’impartialité de l’enseignement et la confiance du public, rendant ce thème crucial pour comprendre les défis de la presse dans un contexte de concentration médiatique.
One thought on “Veille informationnelle : reprise de l’ESJ Paris par des groupes privés”
OK c’est pas mal.
mais j’aurais bien aimé des liens un peu plus large (par exemple hors de France ou dans d’autre école non reconnues) pour comprendre comment la présence de groupes de médias dans des écoles de journaliste peut influer leur formation et leur ligne.