Veille Informationnelle : scission de Vivendi et contestation des actionnaires minoritaires
Contexte Actuel
Vivendi, groupe de médias et de communication, est en voie de scission en quatre entités cotées sur trois places boursières distinctes : Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam, et Louis Hachette Group à Paris, avec les actifs restants de Vivendi comprenant Gameloft et des participations dans Universal Music et Telecom Italia. Cette séparation a été approuvée par le conseil de surveillance du groupe, largement contrôlé par le groupe Bolloré (29,9 % des parts). Face à ce projet, le fonds activiste CIAM (Charity Investment Asset Management) a saisi l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour défendre les intérêts des actionnaires minoritaires.
L’aspect financier et stratégique pour Bolloré
La stratégie d’implantation sur plusieurs places boursières vise notamment à contourner les obligations boursières françaises et à bénéficier de droits de vote multiples ou de fondations patrimoniales, notamment à Amsterdam. Cette flexibilité permettrait au groupe Bolloré de céder partiellement ses parts dans Havas, tout en conservant le contrôle. Pour Canal+, un positionnement à Londres éloigne la société des contraintes d’OPA européennes (Offre Public d’Achat), facilitant le renforcement de la mainmise de Bolloré.
Les risques pour les actionnaires minoritaires et pour le marché français
Le fonds CIAM craint une baisse de la valorisation des nouvelles entités en raison de leur inscription sur des marchés offrant moins de garanties pour les petits actionnaires, comme Euronext Growth pour Louis Hachette. Si les protections sont amoindries, cela pourrait rendre ces filiales plus vulnérables aux fluctuations du marché ou à des rachats hostiles, au détriment des petits actionnaires.
Quel impact cette scission pourrait-elle avoir sur le patrimoine médiatique et culturel français ?
Cette scission soulève des préoccupations d’ordre national. Canal+, par exemple, acteur central du cinéma et de l’audiovisuel en France, pourrait voir son ancrage national disparaitre. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs exprimé ses réserves concernant le départ de cet actif à Londres, craignant des répercussions sur l’indépendance de la création audiovisuelle et le débat démocratique en France. Les autorités de régulation ont une capacité d’action limitée, bien que les enjeux culturels et stratégiques nationaux soient fortement impliqués.
Cette restructuration valorise-t-elle tous les actionnaires ou seulement pour son actionnaire principal, le groupe Bolloré ?
La scission permettrait une valorisation des actifs de Vivendi en séparant le groupe en entités indépendantes. Cependant, CIAM soutient que le transfert des cotations vers des marchés internationaux pourrait entraîner des pertes pour les actionnaires minoritaires, car certaines protections du droit boursier français ne seraient plus appliquées. Ce choix de cotations internationales permettrait également au groupe Bolloré de renforcer son contrôle sans être contraint de lancer une OPA, une opération coûteuse.
J’ai choisi ce sujet car c’est une « nouvelle facette » du groupe Bolloré qui est importante à comprendre.
One thought on “Veille Informationnelle : scission de Vivendi et contestation des actionnaires minoritaires”
Oui, intéressant, comment la politique boursière d’un groupe peut mettre en danger ou influencer l’autonomie d’un média.
Belle explication.
c’est un peu technique, mais intéressant.
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