Des médias répondent à Bernard Arnault à la suite de ses pressions

Par Alice Bourré et Enzo Berthier

Le media en ligne La Lettre a révélé mercredi 18 septembre une «recommandation» de Bernard Arnault diffusée en début d’année aux membres de son comité exécutif. Il interdit la communication officieuse vers certains médias. Les sociétés de journalistes lui ont répondu.

Dans le mail, adressé aux membre de son comité exécutif le 17 janvier dernier, il formule une «interdiction absolue» de parler aux journalistes de médias. Il les désigne comme des médias «d’investigation qui se servent de l’attrait du public pour le luxe afin d’attirer de manière racoleuse un nouveau lectorat ». Dans sa ligne de mire, il y a La Lettre, le Canard enchaîné, Mediapart, Glitz Paris, Puck, Miss Tweed et l’Informé. Les salariés de LVMH ont pour interdiction de communiquer des informations «en dehors des circuits de communication», c’est-à-dire en off.

En réponse, une tribune collective publiée en ligne et signée par de nombreuses Sociétés de journalistes (SDJ), dénonce la censure mise en place par le patron du groupe LVMH. Elles expriment leur solidarité envers les médias cités. Elles rappellent que la mission des journalistes est d’informer et non pas de relayer la communication officielle des entreprises et des institutions. Les SNJ rappellent également que les salariés ont le droit fondamental de s’exprimer et qu’une telle “recommandation” est illégale, d’autant plus qu’elle va à l’encontre des dispositions protectrices mises en place pour les lanceurs d’alertes.

Sans être un évènement anecdotique, il s’agit d’un exemple marquant des pressions que peuvent subir les journalistes. Ils travaillent toujours en interdépendance avec leurs sources. Le fait que Bernard Arnault veuille faire pression sur celle-ci montre la volonté de contrôle de l’information par le biais des sources. Les journaux visés ont répondu à cette “blacklist”. Sollicités par Libération, Glizt, l’Informé et La Lettre ont indiqué que les rapports n’ont pas changé, et que leur travail est toujours possible via la communication officielle, complétée par leurs sources officieuses.

Signataires de la tribune : 

Les sociétés de journalistes et de rédacteurs de : Arte, l’AFP, Arrêt sur images, Blast, BFM-TV, Challenges, Courrier international, Epsiloon, Franceinfo.fr, FranceTVinfo, France 24, France 3 rédaction nationale, France Télévisions rédaction nationale, Konbini, LCI, L’Express, L’Humanité, L’Informé, L’Obs, L’Usine nouvelle, La Tribune, La Vie, Le Figaro, Le Monde, Le Nouvel Obs, Le Parisien, Le Point, Les Echos, Libération, M6, Marianne, Mediapart, NRJ Group, Premières Lignes, Radio France, RFI, RTL, Sept à Huit, Sud Ouest, Télérama, Télégramme, TV5 Monde, Usine nouvelle, 60 Millions de consommateurs, ainsi que l’association des journalistes de l’information sociale (AJIS), et l’association des journalistes de défense (AJD), la rédaction de Miss Tweed, la rédaction de Disclose. 


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