Le 28 septembre, à l’occasion de la Journée mondiale du droit à l’avortement, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes, réunissant des milliers de participants. À Tours, environ une centaine de personnes se sont rassemblées sous le slogan « Lâchez-nous les ovaires », témoignant de leur volonté de défendre les droits des femmes, comme l’a rapporté France Bleu. Des mouvements similaires ont eu lieu à Paris, Lyon, Toulouse et Lille, où de grandes foules ont manifesté en faveur de l’IVG, réclamant des garanties légales pour protéger ce droit, selon La Dépêche.
Fêtant le 30ᵉ anniversaire de la loi Simone Veil, qui a joué un rôle historique dans la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, l’arrivée du nouveau gouvernement de Michel Barnier suscite des craintes quant à l’avenir de cet acquis. Beaucoup redoutent un retour en arrière sur le plan législatif, et des mobilisations importantes ont été organisées à travers tout le pays pour garantir l’accès à l’IVG. D’après L’Humanité, les associations féministes craignent une régression des droits, pointant une posture jugée hostile du nouveau gouvernement envers l’IVG. L’Humanité soulignait qu’en 1982, Michel Barnier votait contre le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale. L’entrée au gouvernement de Michel Barnier de « rares députés et sénateurs » qui « ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG comme Laurence Garnier nommée au ministère de la Consommation, avec Bruno Retailleau et Patrick Hetzel. En clair, ce gouvernement rassemble les pires réactionnaires de notre monde politique, ceux qui se battent pour le recul de nos droits », tranche Mathilde Panot. Selon les chiffres officiels rapportés par Le Monde, 243 623 IVG ont été pratiquées en France en 2023, 8 600 de plus qu’en 2022. Mais pour les associations féministes et 89 % des Français, des freins persistent, notamment en termes de structures et de délais, selon un baromètre IFOP publié par le Planning familial.
La sensibilisation au droit à l’avortement reste donc au cœur des actions militantes. Un documentaire intitulé IVG : le droit d’en parler, diffusé sur France.tv Slash, met en lumière les difficultés rencontrées par les femmes dans l’accès à l’IVG et cherche à ouvrir le dialogue pour mieux informer le public sur les enjeux de ce droit essentiel. D’après une étude relayée par France 3, le manque de prévention chez les jeunes est un élément central ; en 2022, malgré les 21 séances d’éducation sexuelle prévues pour l’ensemble de la scolarité par la loi de 2001, les élèves ne bénéficient en moyenne que de 2,7 séances, explique France 3.
Dans ce climat incertain, le syndicat Solidaires a lancé un appel à la mobilisation nationale, soulignant l’importance de la Journée du 28 septembre pour faire entendre la voix des femmes, d’autant plus que le gouvernement pourrait envisager des modifications législatives, comme l’a rapporté Le Monde. Le syndicat revendique notamment un congé rémunéré total en cas d’IVG, d’au moins 3 jours sans justificatif pour les personnes concernées et/ou accompagnantes, ainsi qu’une grande campagne nationale et internationale pour sensibiliser sur l’importance des droits reproductifs et l’accès à des soins sûrs et gratuits. Pour le collectif « Avortement en Europe, les femmes décident », il s’agit de réclamer l’accès à l’IVG « sur tous les territoires », la « garantie pour toutes du choix des méthodes » (chirurgicale ou médicamenteuse) et des mesures contre les « activistes anti-IVG » qui « propagent de fausses informations » sur internet, selon Sud-Ouest.
Un autre sujet d’inquiétude est le financement des services liés à l’IVG. La Dépêche souligne que le Planning familial a tiré la sonnette d’alarme sur l’urgence de garanties financières pour assurer un accès équitable à ce service. Il estimait qu’au niveau national, 130 centres pratiquant l’IVG ont été fermés en quinze ans. Le journal Le Monde a pour sa part recensé 45 fermetures d’établissements hospitaliers pratiquant l’IVG entre 2007 et 2017. Une situation qui impacte particulièrement les femmes en milieu rural. Le Haut Conseil à l’Égalité a également averti que des réductions budgétaires pourraient aggraver les inégalités, rendant l’accès à l’avortement encore plus précaire. « On demande des garanties financières. Inscrire le droit, garantir le droit, ce n’est pas inscrire les moyens de ce droit », explique Lucie Houlbrèque, bénévole au Planning familial d’Amiens, d’après France 3. La CGT, elle, pointe du doigt la double clause de conscience du personnel médical qui existe toujours.
En plus des difficultés financières, l’obstacle moral reste fort dans notre société. D’après Le Progrès, plus d’un tiers des femmes ayant avorté disent avoir subi des pressions et 63 % craignent d’être jugées par leur entourage ou leur milieu professionnel. 27 % ont dû faire face à un refus d’accompagnement de la part d’un professionnel de santé, souligne France 3.
« J’ai avorté il y a deux ans », « j’ai failli mourir », a raconté à l’AFP Marie Chureau, étudiante de 22 ans. « L’inscription de l’avortement dans la Constitution n’est pas suffisante, c’est une liberté mais pas un droit », explique-t-elle dans la manifestation parisienne, dont la banderole de tête proclame : « Avorter est un droit fondamental », rapporté par La Dépêche.