INTERVIEW. Agnès Gervaisot : « J’ai fait journaliste par hasard, je ne savais pas que ça allait être une drogue »

Correspondante locale pour Ouest-France à Saint-Jacques-de-la-Lande depuis 1995, Agnès Gervaisot, 62 ans, revient sur son parcours professionnel et son attrait pour le contact humain, qui l’ont conduite à devenir correspondante. Une passion devenue, avec le temps, une véritable évidence

Quel a été votre parcours professionnel et comment en êtes-vous venue à choisir le métier de correspondante locale ?

C’est un truc de vieille féministe, mais j’ai toujours voulu travailler pour pouvoir divorcer. J’ai eu la chance d’exercer plusieurs métiers. Après avoir fini ma thèse en psychologie, j’ai d’abord travaillé comme représentante de la France à l’OTAN. C’est le ministère de la Défense qui m’a payé la formation de journaliste. J’ai postulé à Ouest-France un peu par hasard. Yvon Lechevestrier, le rédacteur en chef, était très intéressé par mon parcours et a voulu que je le suive à Dimanche
Ouest-France en national. J’ai tout de suite été mordue de journalisme, mais je sentais que ce n’était pas ma place, cela devenait trop prenant. Mon passé dans la psychologie m’a également fait me rendre compte que ce que j’aimais, c’était être proche des gens. J’ai su à ce moment-là que je devais rester correspondante locale, car c’est là que je me sens le mieux.

Qu’est-ce qui, selon vous, fait votre force et votre valeur ajoutée en tant que correspondante pour Ouest-France ?

Je suis rentrée à Ouest-France en 1995. J’ai maintenant 30 ans d’expérience, ce qui fait la différence. Ayant fait partie de la rédaction, j’ai compris très tôt les obligations et les couleurs du journal. J’ai travaillé à différents niveaux dans la création d’informations, donc j’arrive facilement à proposer beaucoup d’idées, tout aussi différentes les unes que les autres, comme des articles sur le handicap ou sur les femmes pour le 8 mars. Je suis force de proposition, c’est très naturel pour moi.

Comment êtes-vous parvenue à concilier vos différentes activités professionnelles tout au long de votre carrière ?

Je ne me mettais aucune contrainte, mais pour cela, j’avais un emploi du temps bien chargé. J’avais mon travail à temps partiel au ministère, le soir j’allais à l’hôpital en psychologie. Les weekends me servaient à aller faire des reportages, des portraits… et les midis, j’écrivais. Je n’ai pas eu de pause de midi pendant des années ! J’avais un défaut : dès qu’un sujet passait, je voulais toujours le faire, mais après, il fallait les écrire ! Toutes ces libertés que je me suis données, je les ai payées dans mon agenda. Mais même à la retraite, je continue d’être correspondante. Je n’ai aucun regret.

Votre ancrage local a-t-il influencé votre travail de correspondante ?

Oui, je pense que cela a joué. Je vis à Saint-Jacques-de-la-Lande depuis 1993. Je me suis beaucoup impliquée dans la vie sociale. Je suis bénévole pour beaucoup d’associations, et j’en ai également créé quelques-unes. J’ai toujours aimé pouvoir mettre en valeur les choses qui se passent ici. En devenant correspondante, je suis devenue un personnage public de la commune. Je suis au courant de tout ce qui se passe. Si, au début, j’écrivais uniquement pour ma rédaction à Saint-Jacques-de-la-Lande, je suis maintenant plus étendue à Rennes, Bruz, Chartres… Les gens viennent d’eux-mêmes vous parler. Je rencontre beaucoup de gens. En Bretagne, on est très communautaire.

Qu’est-ce que cela vous a apporté, humainement et professionnellement, d’être correspondante de presse locale pendant toutes ces années ?

De la reconnaissance, d’une part. Beaucoup de communes se sont « bagarrées » pour que je devienne leur correspondante. C’est en écrivant sur les gens du quotidien que j’ai vraiment pris conscience de l’impact que je pouvais avoir. À une fête des voisins, l’un d’eux m’a montré un article que j’avais écrit sur lui 15 ans plus tôt. Il l’avait encadré et accroché dans sa montée d’escalier. Mon rôle est avant tout d’aider et de collaborer avec les gens, j’y mets énormément
d’attention. Pouvoir écrire pour Ouest-France à 62 ans, c’est un peu comme la cerise sur le gâteau.

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