Pourquoi ce sujet ?
L’article qui a retenue mon attention est celui de Libération sur l’annonce de la filiale du distributeur Hachette. Celle-ci a déclaré, par le biais d’une note aux buralistes du territoire, l’arrêt de la livraison de journaux en Polynésie Française à partir de janvier 2025. J’ai l’impression que l’information est un peu passée inaperçue ou du moins j’avais peu de médias qui l’avaient relayés si on compare avec les manifestations des salariés pour le groupe Bayard et de l’extrême droite qui prend de plus en plus de place dans le monde des médias et de l’édition. Le sujet me paraissait intéressant lorsque je l’ai vu sur mon flux Inoreader avec Libération et le Monde grâce à une alerte Google. J’ai complété par des recherches complémentaires et essayer de relier cela à des questionnements me paraissait pertinents car cela touche tout un secteur, celui de la presse écrite qui est déjà très concurrentiel et qui fait face à de nombreux défis notamment des contraintes économiques. Cela a attiré ma curiosité et je pense important que nous devons avoir conscience de ce qu’il se passe dans les territoires d’outre mer au niveau de la distribution. En effet, le journaliste est au sein d’une chaîne de fabrication de l’information et les enjeux de la distribution et du public sont nécessaires pour comprendre la réalité du métier que nous voulons exercer à l’avenir. Il faut être garder à l’esprit que ce système ne permet pas de garantir une pluralité des journaux et une diversification de l’offre médiatique et cela pourrait entraîner de nombreuses dérives.
Que s’est-il passé ?
Les journaux ne seront plus délivrés par la filiale Hachette Pacifique en Polynésie Française en 2025. Une difficulté pour le marché de la presse notamment à un lieu où Hachette Pacifique était déjà le seul grand distributeur à diffuser de l’information après les difficultés lors de la crise du Covid qui a fortement touché le secteur comme nous le rappelle Libération. On peut y lire les mots suivants : “la crise de la distribution n’est pas neuve dans l’immense territoire du Pacifique qui s’étend sur une surface comparable à celle de l’Union européenne”. Depuis la crise sanitaire en 2020, les journaux quotidiens n’étaient plus livrés sur le territoire d’outre mer de plus de 280 000 habitants. On apprend plus loin dans l’article que la distribution des hebdomadaires et des mensuels n’était plus livrée par avion mais par bateau. Un trajet beaucoup plus long pour les périodiques qui arrivaient avec un mois de retard.
La décision a été prise pour des raisons économiques après avoir demandé des aides de la part du Haut-commissariat de France en Polynésie, Hachette Pacifique parle d’un service “largement déficitaire” auquel elle serait perdante en termes de dépenses financières et sans aucun doute logistiques. “Le gouvernement local, de son côté, ne s’émeut pas de cette raréfaction de l’offre, affirmant simplement que la collectivité n’a pas à se substituer aux acteurs privés”, poursuit Libération. Le Monde ajoute que “les quelque 600 titres encore en vente disparaîtront des tabacs presse tahitiens”, laissant la place à l’unique média quotidien Tahiti Infos et des magazines. Laurent Martinez, à la tête d’une maison de presse sur l’île de Tahiti affirme : « la presse, c’est 20 % de mon chiffre d’affaires, mais c’est aussi un produit d’appel pour des clients réguliers qui viennent pour un magazine puis achètent autre chose ». Pour tous les acteurs du secteur sur le territoire, la décision a des répercussions économiques.
A travers des recherches, j’ai pu trouvé d’autres médias qui en parlent comme Les Nouvelles Calédoniennes. Le média rappelle que la “crise de la distribution n’est pas neuve dans l’immense territoire du Pacifique qui s’étend sur une surface comparable à celle de l’Union européenne”. La Messageries lyonnaises de presse (MLP) étudie la possibilité d’organiser “une distribution alternative” par le biais de la Nouvelle-Calédonie. On ne sait pas si cela restera seulement des promesses mais les émeutes en Nouvelle Calédonie ont ralenti le projet.
Quels angles possibles ?
On peut se poser la question suivante : comment cela se passe dans les autres territoires outre-mer pour le secteur de la presse ? En effet, il serait surprenant que la Polynésie Française soit le seul territoire touché par ces problématiques. A partir de ce postulat, on peut voir que L’ICFJ (International Center for Journalists) a publié, début octobre, un article sur le sujet en se penchant sur le cas de la Réunion. Le résultat est sans appel ; la presse écrite et la distribution des journaux papier est en difficulté pour la plus grande majorité de ces territoires.
Selon Qraphiline, “ En Polynésie, où certaines îles restent éloignées des infrastructures modernes, le numérique ne saurait tout absorber. Cela signifie qu’une partie des lecteurs sera privée d’une source d’information essentielle et d’un lien avec l’extérieur ». Ce n’est pas seulement financier mais aussi l’aspect social des médias qui suscite des discussions entre les groupes : “la fin de la presse papier nationale signifie aussi la perte d’un espace de convivialité, où jeunes et moins jeunes se retrouvent, discutent, échangent autour de leur quotidien préféré […] Si tout doit désormais passer par des abonnements numériques, ceux qui n’ont ni les moyens ni la maîtrise de ces outils perdront tout simplement accès aux journaux. La transition numérique de la presse pourrait bien se transformer en une fracture d’accès à la connaissance.”
De plus, de nos jours, l’information est vue comme une marchandise dans un système qui cherche la rentabilité avec des acteurs privés. Je n’ai pas trouvé d’article sur cet angle mais le sujet ouvre le débat sur le coût de l’information et de son accessibilité car le pluralisme des médias n’est pas réellement respecté sur l’ensemble du territoire français à partir du moment où on ne regarde plus seulement sous l’angle de la France métropolitaine. Le coût du transport et l’argent doivent ils remplacé une information de qualité et la possibilité de faire le choix pour le consommateur. Car ne plus vendre dans le kiosques et plus largement de couper la distribution, c’est faire le choix de réduire encore davantage le journalisme en presse papier et le monde de l’impression qui l’accompagne. L’avenir du journalisme profondément transformé et ce, peu importe le média, le support ou le pays. On peut alors ouvrir le sujet à des thématiques beaucoup plus large comme l’IA. Dans ce cas peut on dire qu’il s’agit de la fin du journal papier ? Pour cette question j’ai trouvé un article de BnF qui pose la question suivante : la presse papier va-t-elle disparaître ?
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