Kiev et Washington se mettent d’accord sur l’exploitation des minerais ukrainiens

Les Etats-Unis et l’Ukraine vont créer un fonds d’investissement commun afin d’exploiter le sous-sol ukrainien, sans garantie. Les négociations ont aboutis mercredi 30 avril après de longs débats, Donald Trump voit cet accord comme un remerciement de la participation à l’effort de guerre

WASHINGTON – correspondant (Piotr Smolar)

Les négociations ont été âpres, longues, souvent peu amènes du côté américain. Elles ont néanmoins trouvé une conclusion positive, mercredi 30 avril. Les Etats-Unis et l’Ukraine ont annoncé la signature d’un accord sur l’exploitation des ressources naturelles dans le pays dévasté par la guerre, depuis l’invasion russe de 2022. Les deux parties vont établir un fonds d’investissement et de reconstruction, à participation égale, qui devra veiller aux projets d’exploitation des minerais contenus dans le sol ukrainien, ainsi que le pétrole et le gaz.

L’idée d’origine d’une implication américaine dans ces projets avait été avancée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en septembre 2024. Mais à son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a envisagé ce sujet comme une forme de paiement pour l’aide américaine militaire et financière engagée depuis le début la guerre. Une aide qu’il a estimée de façon arbitraire à 350 milliards de dollars (309 milliards d’euros), alors que le montant réel est environ trois fois inférieur.

Le président américain voulait donc une forme de réparation gigantesque, et cela sans offrir l’essentiel aux yeux de l’Ukraine : des garanties de sécurité, pour la protéger d’éventuelles attaques russes futures. La venue de Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale, le 28 février, fut un désastre diplomatique, reportant la signature de l’accord sur les minerais. Sa première mouture était extrêmement défavorable à Kiev et ressemblait à une extorsion, que Washington voulait faire signer sans tarder.

A voir : l’altercation entre Trump et Zelenski le 28 février

De façon plus discrète, la partie ukrainienne a ensuite travaillé, avec des juristes internationaux, pour présenter des amendements et des contre-propositions. La version finale qui a été validée – mais pas détaillée par la partie américaine – semble bien plus équilibrée. « Cet accord signale clairement à la Russie que l’administration Trump est engagée en faveur d’un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme », a précisé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, dans un communiqué, employant ainsi des mots jamais entendus dans la bouche du président américain. Dans une note publique, la Maison Blanche emploie les termes de « partenariat », de « coopération » et de « retours à long terme pour les deux pays ».

Souveraineté ukrainienne

Homme-clé de cette négociation, Scott Bessent s’était plaint plus tôt dans la journée de mercredi, lors d’une réunion du cabinet autour de Donald Trump, d’un contretemps de dernière minute côté ukrainien. Dans le communiqué, il précise qu’« aucun Etat ni aucune personne ayant financé ou alimenté la machine de guerre russe ne sera autorisée à bénéficier de la reconstruction de l’Ukraine ».

Du côté ukrainien, c’est Loulia Svyrydenko, la ministre de l’économie, qui à Washington a signé le document ; ce dernier devra être encore ratifié par la Rada (Parlement). La ministre a détaillé sur le réseau social X le contenu de cet accord. Selon elle, le fonds créé place les deux partenaires sur un plan d’égalité, respectant la pleine souveraineté ukrainienne. Kiev sera le seul décisionnaire en matière de lieux et de ressources à exploiter. Le document ne prévoit pas de réparations financières aux Etats-Unis pour leur aide multiforme depuis le début de la guerre, en février 2022. Pourtant, le vice-chef de l’administration, Stephen Miller, continuait à parler jeudi matin d’un « remboursement » pour les « centaines de milliards de dollars que nos contribuables ont dépensés pour subventionner la guerre en Ukraine ». Ce propos divergent témoigne surtout de l’approche isolationniste, pleine de défiance à l’égard de Kiev, qui domine parmi les conseillers les plus radicaux du président.

Un potentiel encore spéculatif

« L’accord respecte la Constitution et préserve la trajectoire de l’Ukraine vers une intégration européenne », a souligné Ioulia Svyrydenko. Il s’agissait d’un point-clé pour Kiev, qui ne voulait pas se retrouver dans une situation de dette immédiate et lourde vis-à-vis de Washington, portant un coup à ses ressources budgétaires déjà très limitées par la guerre. La priorité est de tenir ses engagements par rapport à l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Le fonds créé ne sera alimenté que par de nouveaux revenus, générés par des permis inédits d’exploitation des minerais, du pétrole et du gaz. Les projets déjà existants ne sont donc pas concernés, leurs recettes demeurant entièrement ukrainiennes.

La ministre de l’économie a insisté sur l’importance des investissements américains à venir et des transferts de technologie. Elle a même lié le fonds à la mise à disposition de nouvelles aides de type militaire, citant les systèmes de défense antiaérienne, que réclame le président Volodymyr Zelensky pour mieux protéger les zones civiles contre les missiles russes. Selon le ministre des affaires étrangères, Andrii Sybiha, l’accord représente « un investissement dans la présence à long terme d’entreprises stratégiques américaines en Ukraine et dans la formation d’une architecture future de sécurité ». Or Donald Trump, lorsqu’il était interrogé ces derniers temps sur la mauvaise volonté du président russe, Vladimir Poutine, en vue d’un cessez-le-feu, n’a jamais évoqué de nouvelles livraisons d’armes. Il a préféré citer des sanctions financières et bancaires éventuelles contre Moscou, notamment pour affaiblir ses recettes énergétiques. Pour la Maison Blanche, des intérêts économiques américains forment une garantie de sécurité en soi.

Selon l’Ukraine, cet accord est mutuellement bénéfique et ancre la relation bilatérale sur le long terme, même si – détail essentiel – le potentiel des minerais ukrainiens demeure largement spéculatif et nécessite des investissements énormes. « Nous escomptons que, pendant les dix premières années, les profits et les revenus du fonds ne seront pas redistribués mais au lieu de cela réinvestis en Ukraine dans de nouveaux projets ou dans la reconstruction, a précisé la ministre de l’économie. Ces termes feront l’objet de discussions à venir. »

Dans le communiqué américain, il est aussi fait mention de la volonté partagée de « rendre opérationnel au plus vite » cet accord. Une façon de reconnaître, en creux, que ses paramètres généraux ont beau être fixés, il reste beaucoup d’incertitudes sur sa mise en œuvre concrète. La poursuite du conflit armé risquerait de réduire ce document à une ambition de papier. Si l’accord établit un lien économique fort entre les Etats-Unis et l’Ukraine, il représente surtout à ce stade une forme d’assurance politique et psychologique pour Donald Trump, qui estimait son pays abusé. Mais, au-delà de cet accord, une fin de l’implication diplomatique américaine, en vue d’une paix négociée, laisserait l’Ukraine dans une forme de précarité sécuritaire inédite depuis trois ans.

Trump ordonne de rouvrir l’emblématique prison d’Alcatraz

Donald Trump a annoncé dimanche soir avoir donné l’ordre à son administration de moderniser et de rouvrir l’emblématique prison d’Alcatraz fermée depuis plus de 60 ans, dans la baie de San Francisco, pour y incarcérer les « criminels les plus dangereux et violents ».

« Depuis trop longtemps, l’Amérique est victime de criminels vicieux, violents et récidivistes, la lie de la société, qui n’apporteront jamais rien d’autre que la misère et la souffrance », a écrit le milliardaire républicain conservateur sur son réseau social Truth Social.

« C’est pourquoi aujourd’hui j’ordonne au Bureau des prisons, ainsi qu’au ministère de la Justice, à (la police fédérale) FBI et au ministère de l’Intérieur de rouvrir, agrandir substantiellement et reconstruire Alcatraz pour enfermer les criminels les plus dangereux et violents d’Amérique », a-t-il ajouté.

Donald Trump estime que la remise en fonction de l’établissement, fermé en mars 1963, sera un « symbole de loi, d’ordre et de justice ».

Un symbole

Avec cette dernière annonce, le président américain franchit une nouvelle étape dans la lutte contre la criminalité, un élément clé de son second mandat à la Maison Blanche.

Alcatraz, un mythe états-unien

Surtout, Alcatraz est une prison mythique, un symbole fort de la lutte contre la délinquence. L’établissement a été le lieu où les plus grands chefs de la mafia et notamment Al Capone ont été emprisonnés. Si elle est entrée dans la postérité en 1962 avec l’évasion spectaculaire de trois détenus, dont Frank Morris, inspirant ensuite un livre en 1963 (« L’évadé d’Alcatraz » de J. Campbell Bruce) suivi en 1979 d’un film au même titre de Don Siegel, avec Clint Eastwood, elle est aussi connue pour être l’une des prisons les plus rudes des Etats-unis. « A Alcatraz, un prisonnier (avait) quatre droits : la nourriture, l’habillement, le logement et les soins médicaux. Tout le reste était un privilège qui devait être gagné. Parmi les privilèges qu’un prisonnier pouvait gagner, il y avait le travail, la correspondance et les visites des membres de sa famille, l’accès à la bibliothèque de la prison et les activités récréatives telles que la peinture et la musique », détaille l’agence fédérale.

Devenu parc national en 1972, Alcatraz fascine autant par sa situation exceptionnelle que par son passé sinistre de pénitencier fédéral. L’ancienne prison est aujourd’hui une attraction touristique de la baie de San Francisco, qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs venus du monde entier.

Une aberration budgétaire ?

L’établissement a été fermé après seulement 29 ans de service en raison de coûts de fonctionnement trop importants, selon le Bureau des prisons américain, chargé de l’administration des prisons fédérales aux Etats-Unis. Aujourd’hui, l’agence américaine l’administration pénitentiaire explique qu’Alcatraz coûtait près de trois fois plus cher que toute autre prison fédérale.

Ici, les raisons de la fermeture d’Alcatraz

L’isolement géographique de cette prison, située sur un îlot rocheux, générait de nombreux frais, tels que l’acheminement par bateau de nourriture, ou encore de 3,8 millions de litres d’eau potable par semaine, l’île ne disposant d’aucune source d’eau douce.

Et selon des estimations, trois à cinq millions de dollars avaient été injectés dans des travaux de restauration et d’entretien de l’établissement afin de le maintenir ouvert, de même source.

De plus, pendant ses 29 ans de service, la population carcérale moyenne d’Alcatraz se situait entre 260 et 275 personnes, selon le Bureau des prisons, soit moins d’1% de la population totale des prisons fédérales. Même sa ré-ouverture ne résoudra pas le problème de la surpopulation carcérale…

Fact-chek-quoi ? J’ai pas bien compris, vous pouvez répéter la question ?

Toutes les bonnes choses ont une fin, comme Stéphanie de Monaco et le fact-cheking sur Meta. Le propriétaire des réseaux sociaux les plus utilisés dans le monde, Mark Zuckerberg, l’a annoncé début janvier. Le Fact-cheking est définitivement mort aux États-Unis sur Meta, donc Facebook, Instagram et Whatsapp. 

Déjà, le fact-cheking qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de vérifier (un minimum) les informations, histoire de ne pas raconter (que) de la bouse, et de modérer les contenus. Sur Facebook la régulation des contenus apparaît suite à la crise politique que traverse le média entre 2016 et 2018 ; des campagnes féministes dénoncent des pages et des groupes faisant l’apologie de la violence envers les femmes, l’état Islamique s’en sert pour orchestrer sa propagande, réguler les contenus devient une nécessité. Une nécessité qui aura duré moins de dix ans. Et ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête, le patron au look d’adolescent a ses raisons

L’une des hypothèses, c’est que Mark veut renforcer les liens bien virils avec son poto de la tech, Elon Musk (le fameux). Effectivement, en supprimant la régulation et la vérification par des instances extérieures, il se rapproche quand même vachement du modèle de X. Et il assure son soutien au (pas si nouveau) président des États-Unis, Trump. Ce positionnement semble plus « opportuniste », au vu du nouveau président, c’est un stratagème politique, se rapprocher de Trump pour garder sa place de maître. D’anciens ennemis à meilleurs amis, leurs relations ne sont pas claires.

Autre hypothèse, qu’est-ce qui gouverne le monde, c’est l’argent, et si la fin du fast cheking ne serait pas juste une opportunité de réduire les couts ? Une bonne régulation des contenus, ce n’est pas donné, il faut payer des travailleur.euse.s, il faut du temps, de l’argent. En plus, les fact-cheker font partie d’une profession régulièrement confrontée au harcèlement et aux menaces quand ils ne finissent pas traumatisés des images qu’ils voient sur internet. Bref, laissez la communauté Facebook ou Instagram se réguler par soi-même avec des notes de communauté, c’est plus pratique et plus économique.

Et du côté des conséquences ?

La suppression du Fact-cheking aurait des conséquences économiques, les annonceurs s’inquiètent. Les conséquences seront aussi sur le plan démocratique, le réseau international de fact-checking s’en mord les doigts, les politiques prennent parti… La suspension de la vérification des contenus n’est pas encore arrivée en France. Cependant, Zuckerberg aimerait bien, et l‘Union européenne a déjà demandé une étude sur les effets de la fin du Fact cheking, histoire de savoir avec des données chiffrées ce qui va nous tomber sur la tête.

Le plus horrible dans toute l’histoire ? Le fait qu’on vire vers une société qui banalise la violence ? Non, c’est surtout que cela touche nos petites consciences. Doit-on continuer à utiliser ces instruments ou ces plateformes super pratiques ou tout arrêter au nom de nos valeurs ? Faut-il boycotter ? HelloQuitteX aurait répondu oui, les inconnues auraient répondu « mais cela ne nous regarde pas » et je réponds que je ne sais pas, mais que c’est dommage que cette veille soit la dernière, j’en aurais fait le sujet de ma prochaine !

2025, Anastasia est toujours là

À le Nouvel An… On tourne la page de 2024 mais juste avant de lui dire adieu, on se retourne une dernière fois sur les souvenirs, les images de 2024, les meilleurs selfies insta devant un paysage de rêves ect..Qu’est-ce qui restera quand nous ne serons plus là ? des images, des dessins et des personnes qui nous pleureront (et des veilles des médias). Et même en 2025, on se souvient des personnes mortes et de leurs héritages. 10 ans après l’attentat, les caricature de reste dans les mémoires et dans l’actualité. L’article dont je suis partie pour cette veille est celui de Libération qui explique que mardi 7 janvier paraîtra une édition spéciale de Charlie Hebdo pour commémorer les attentats de janvier 2025. Avec un tirage à 300 000 exemplaires, cette édition, avancée d’un jour, s’annonce historique. Hommage aux victimes assassinées, cet hebdo spécial sera également l’occasion de savoir les relations entre francais.es et caricature. Anastasia et ses grands ciseaux appartiennent-elles à une époque révolue ou le pays des droits de l’homme n’est pas encore prêt à voir ses figures caricaturées sans déclencher une polémique sur le, on ne peut plus vague, « politiquement correct  » ? Je penche pour la deuxième option.

Pas plus tard que , le quotidien français, Le Monde a annulé un projet de caricature en une de la tribune du dimanche. Dans le numéro spécial qui a dû paraître dimanche, l’idée était de mettre une caricature du dessinateur Juin, idée annulée sans plus de raison. Et la société des journalistes a interrogé cette annulation. D’après eux, il y aurait l’intervention du directeur général du pôle presse de CMA Média, président et directeur de la publication de La Tribune, Jean-Christophe Tortora. Directeur qui a quand même « consulté l’actionnaire [Monsieur Saadé] avant d’annuler la commande satirique. C’est le retour de la censure par les actionnaires… Et cette censure fait débat au Monde, c’est quoi ces médias où les actionnaires vérifient le contenu et ont leurs mots à dire sur les publications d’un média forcément libre et indépendant ?

Pour revenir sur les caricatures, leur avenir inquiète. De plus en plus critiqué, le nombre de dessinateurs de presse est en constante baisse, selon l’article du Monde qui éclaire les enjeux qui pèsent sur le dessin de presse. Pourtant, selon l’édition spéciale de Charlie Hebdo, 76 % des francais.es sont favorables au « droit de caricaturer ». Mais la caricature perd de son influence, elle revient avec les dix ans de l’attentat, mais rien ne freine son déclin. Malgré des critiques dessinées de plus en plus critiquées, un lieu de mémoire de cet art presque oublié devra voir le jour en 2027. Cependant, l’exposition – ou non – des caricatures de Mahomet qui ont provoqué l’attentat font toujours débat. La France n’oublie pas, mais le pays de la liberté a encore du mal avec les satires religieuses, politiques, économiques… Un jour, ça viendra… Le jour où on pourra rigoler de tout avec tout le monde…

Au Niger, les sanglots longs des violons ne blesseront plus mon cœur

La BBC… dans l’esprit de beaucoup de francais.ses cette radio mythique renvoie aux « sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Les vers mythiques du débarquement, le rôle de cette radio anglaise dans la Résistance en France lors de la Seconde Guerre mondiale… Et pourtant, cette image glorieuse d’une radio œuvrant pour la liberté n’est pas partagée partout. Au contraire… Le Niger vient d’affirmer ce jeudi 12 décembre la suspension de la BBC pour trois mois. Les raisons officielles, les voici : le gouvernement reproche à la BBC de « diffuser des informations erronées tendant à déstabiliser la quiétude sociale et à saper le moral des troupes. »

Dans une lettre officielle adressée aux groupes de presse Anfani, R&M et Saraounia, le Ministre de la Communication, des Postes et de l’Économie Numérique du Niger, Sidi Mohamed Raliou, a annoncé, la suspension de tous les programmes et émissions sur toute l’étendue du territoire nigérien. Et l’événement qui a déclenché cet arrêt, c’est une attaque djihadiste qui a frappé la localité de Chatoumane (près du Burkina Faso). Avec un bilan d’environ 90 soldats et d’au moins 40 civils tués, vérifié par l’AFP, cette fusillade est particulièrement meurtrière.

Cependant, le président de la junte nigérienne déments ce bilan, surtout les morts dans son camp, et accuse la BBC de colporter de fausses informations qui visent «  à saper le moral de nos troupes et à semer la division entre les populations et nos vaillantes FDS [l’armée nigérienne] ».

Cette suspension n’est pas anecdotique. Déjà, ce n’est pas la première, du côté français France 24 et RFI (également interdite au Burkina Faso depuis le 3 décembre 2023) sont interdites depuis juillet 2023, date du coup d’État qui a mis la junte militaire menée par le général Abdourahamane Tiani, au pouvoir. Et le général est même allé plus loin, il annonce sa décision de porter plainte au nom du Niger contre RFI pour « incitation au génocide ». A quoi RFI a répondu « La direction de Radio France Internationale qualifie cette plainte d’extravagante et diffamatoire, et ne reposant sur aucun élément. Les journalistes de RFI, comme toujours, exercent leur métier de façon professionnelle et totalement indépendante, et ne publient que des informations vérifiées. »

Mais outre les faits, pourquoi censurer les médias ? Le Niger est loin d’être le seul à contrôler l’information, la Chine emprisonne les journalistes, la Russie les exile, la Corée du Nord contrôle tout… tout régime dictatorial qui se respecte ne respecte pas la liberté de la presse. Et même peu de pays la respectent vraiment selon Reporter Sans Frontière. Effectivement, la démocratie, c’est « un.e. citoyen.ne informé.e, une voix ». Alors bloquer les médias, c’est contrôler ce que sait le peuple, c’est contrôler le peuple. Et le général l’a compris, s’il veut conserver le pouvoir, il vaut mieux que son peuple lui reste fidèle, alors les médias qui montrent des failles dans son armure, merci mais non merci.

Cependant, la suspension immédiate des médias français internationaux juste après sa prise de pouvoir interroge. Pourquoi bloquer directement les canaux francophones et pas les autres ? Peut-être que la réponse se trouve dans l’analyse des relations entre les deux États. Le Niger, ancienne colonie française, entretient des relations tendues avec son ancien colonisateur. Relations qui se sont détériorées depuis le coup d’État de juillet 2023. Suite à l’arrivée du général, la France a fermé son ambassade et rappelé ses troupes militaires qui y étaient stationnées. En bref, la junte militaire en a toujours eu après la France, interdire les médias français était un moyen pour elle de protester contre les restes de la colonisation et la France-Afrique.

La suspension de la BBC et des chaînes francophones a donc un double volet. C’est l’expression de la censure de la liberté de la presse dans un régime autoritaire, mais aussi l’expression du rejet de la France et de ce qu’elle représente, de ces valeurs, transmises par ces médias.

Quand poster caca sur Twitter fait élire Trump président

France Info nous informe que l’exode n’est pas qu’au Liban, mais aussi sur la plateforme X. En effet, après Ouest France, c’est Sud-ouest, troisième groupe de presse local français, qui quitte le réseau. Et ce n’est ni les premiers ni les derniers… Des groupes de presse comme The Guardian en Angleterre, des célébrités (Stephan King par exemple) des ONG tel Greenpeace, des politiques et des gens lambda ferme leur compte X. En tout 30% des utilisateurs ont fui la plateforme selon David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS et auteur de Toxic Data. En réponse aux départs de ces médias, Elon Musk déclare « les médias c’est vous désormais, postez ce que vous savez, postez ce que vous entendez, postez ce que vous voyez ». Ce que je vois, ou plutôt ce que j’ai lu sur le site de Sud Ouest, c’est qu’ils quittaient le réseau social « tant que des garanties sérieuses de lutte contre la désinformation et en faveur de l’équilibre des débats n’auront pas été apportées ».

Les raisons du départ sont donc une critique du modèle et surtout d’Elon Musk. Le multimilliardaire qui, depuis son rachat de Twitter (devenu X) en 2022, a augmenté le climat haineux sur le réseau, dénonce le chercheur David Chavalarias. Effectivement, plus un sujet divise, plus on en parle, on tweet et retweet et plus ça rapporte. Les photos des jolies fleurs où tout le monde trouve qu’elles sont jolies, Elon Musk s’en tamponne le coquillard.

Elon Musk qui a beaucoup fait parler de lui en ce moment, notamment après avoir été nommé ministre de l’efficacité gouvernementale par Trump, tout juste ré-élu. Et c’est en partie ce lien qui gêne, ou du moins qui pousse aux départs. En effet, la vague de départ s’intensifie depuis les résultats de l’élection états-unienne. Cette élection agit comme un déclencheur, signe que ce n’est pas que X qui gène, mais bien les implications politiques et économiques de son propriétaire.

Petit rappel sur Elon Musk, outre d’être un mec avec la tête dans les étoiles, c’est un acteur important de la vie politique états-unienne. Déjà, il est le patron de X qui compte 619 millions d’utilisateurs actifs mensuellement, selon le blog du modérateur. Et même si des études montrent que l’impact des réseaux sociaux dans le changement des opinions politiques est minime, ceux-ci tendent surtout à renforcer les opinions déjà préexistantes ; ce n’est pas rien.

Surtout, Elon Musk est le deuxième soutien financier de Trump, durant la campagne électorale il a donné près de 130 millions de dollars au total depuis juillet, selon les données de la Federal Election Commission (FEC) récupérées par Ouest France.

(petit rappel du fonctionnement du financement de la campagne au États-Unis)

Ces sommes colossales sont directement ciblées sur sept états clé, les Swings States, ceux qui peuvent faire basculer l’élection présidentielle. Avec des publicités provocantes, des mobilisations (démarchage), une loterie d’un million de dollars (pour des signatures d’une pétitions sur le port d’arme), Elon Musk a tout fait pour faire basculer 800 000 votants du côté de l’éléphant (symbole des républicains). 800 000 votants, cela correspond à 5% des votants totaux (145 600 000) mais c’est le pourcentage qui fait pencher la balance. Et la balance a penché.

Donc en postant un hashtag #caca, hashtag des plus pertinant, on participe à la richesse d’Elon Musk, richesse qu’il utilise (quand ce n’est pas pour essayer d’aller sur Mars) pour financer Trump. C’est triste de participer au succès de Trump en postant le mot caca quand même…

(Je me suis demandé quel était le hashtag le plus utilisé sur X et les résultats en France touchent surtout la politique. Des sujets qui font donc débats… Et le système de X, et donc son modèle économique, c’était pas de créer des conflits pour gagner de l’argent ?)

Bloquer les médias : rien n’est impossible -ou presque- pour Google

Google lance un nouveau test qui fait scandale. L’entreprise veut expérimenter la dissimulation d’articles de presse européenne dans neuf pays de l’union européenne, dont la France à 1% de la population pendant quelques semaines. « Tout redeviendra normal après le test » a-t-elle promis selon Euronews.

L’objectif de cette expérience : déterminer précisément l’importance de la presse dans les recherches Google et son poids financier. En effet, depuis 2019, Google doit rétribuer les médias lorsqu’il cite des articles, selon la loi des droits voisins. La presse s’étrangle, outre bafouer totalement le droit à l’information et les accords sur les droits voisins, ce test aurait des conséquences sur la fréquentation de leur site et toucherait à leurs intérêts économiques.

Conséquences, en France, le Syndicat des Éditeurs de la Presse Magazine (SEPM) fait recours au tribunal de commerce de Paris, saisis en urgence par mercredi 13 novembre. Celui-ci ordonne à Google de ne pas procéder au test sous peine de 90 000 euros d’amende par jour. L’affaire sera tranchée ultérieurement par le juge courant décembre mais la firme états-unienne a déjà annoncé suspendre l’expérience en France. Néanmoins, leur porte-parole se dit surpris par la décision. Selon lui, le SEPM aurait effectivement demandé à Google tous les résultats de l’analyse. Le syndicat dément, estime que Google a déjà les données nécessaires et qu’il n’a pas besoin de réaliser cette enquête. Et dans les autres pays européens où le test est en cours, il n’y a pas eu de recours identiques. Il se déroulera comme prévu, et ce sujet est très peu traité dans les médias des autres pays.

Cette expérimentation s’inscrit dans le contexte de négociations constantes des droits voisins. Depuis 2019, la loi sur la directive des droits d’auteurs prévoit, dans les grandes lignes, la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse. Les GAFAM doivent rétribuer tous les articles de médias qu’ils citent ou utilisent (apparition dans les actualités, dans Discoverd…) Toujours en négociation, cette rétribution fait l’objet de nombreux débats. Effectivement, cette mesure est très impopulaire à leurs yeux et elle n’est pas toujours respectée.

Dans ce contexte, l’action de Google peut alors se voir comme une menace, comme l’affirmation qu’ils ont le pouvoir de bloquer et de rendre invisible les médias. Le bras de fer entre les GAFAM et la presse se continue et est analysée par Ophélie Coelho, spécialiste du numérique dans un article de Libération. Le jeu de pouvoir est implicite, les GAFAM ont le pouvoir d’invisibiliser les médias et ceux-ci sont trop dépendants des GAFAM pour s’en affranchir. De plus, les procédures judiciaires sont souvent insignifiantes pour ces entreprises dont le chiffre d’affaires se comptent en milliards de dollars ; les médias ont plus à perdre que les géants du numérique.

Cependant, les médias peuvent se retirer des réseaux sociaux, comme The Guardian qui s’est retiré de X, ou trouver des plateformes alternatives. Les états ont aussi leurs rôles à jouer en régulant ces géants du web.

En dernières solutions, les médias ont recours à la justice comme dans le cas de ce test. Autre exemple, en février, une coalition de médias demandaient à Google 2,1 milliards de dommages et intérêt pour non-respect des règles de la concurrence sur son offre publicitaire. Plus récemment, Le Monde, Le Figaro, Les Échos et d’autres journaux ont lancé une procédure contre X, le réseau social d’Elon Musk, également pour non-respect des droits voisins. De nombreuses actions contre les GAFAM sont en cours, et renforcent ce bras de fer numérique.

L’Intelligence Artificielle ne permet pas qu’aux morts de parler ; elle engendre aussi de véritables problématiques

Tout part d’un article du Monde intitulé « En Pologne, l’intelligence artificielle dans une radio tourne au fiasco ». Radio Off Krakow, basée à Cracovie au sud est de la Pologne, a effectivement lancé une expérimentation à l’aide de l’intelligence artificielle (IA) : animer des émissions grâce à des avatars entièrement générés par l’IA. Censé représenter et attirer la génération Z (née entre 1990 et 2010), ces trois animateurs ont créé une grande controverse, provoquant leur « licenciement ». La raison, outre le fait plus ou moins anecdotique que ce ne sont pas des humains, c’est qu’ils ont interrogé la poétesse polonaise Wislawa Szymborska lauréate du prix Nobel de la Littérature en 1996, décédée en 2002. Déjà que l’expérimentation n’a pas forcément convaincu ce pays assez conservateur, faire parler les morts encore moins.

Mais au-delà des morts qui revivent et des avatars qui peuvent encore s’apparenter à de la science-fiction, l’utilisation de l’IA pose de véritables questions éthiques pour l’avenir des médias. Pour la radio Off Krakow, remplacer des postes d’animateur.ice.s bien vivant.e.s par des machines était sûrement une solution économique mais qui pose néanmoins de vrais problèmes déontologiques. Et ce problème ne touche pas que la Pologne.

En France, l’IA est déjà utilisée dans beaucoup de médias depuis ses premières apparitions et encore plus depuis l’apparition de l’IA générative (capable de créer des contenus). L’article des Échos liste l’utilisation de l’IA dans les différents médias français. Et jusqu’à présent, il s’agit surtout d’aide pour la traduction comme au Monde, la détection de fake news à Radio France ou la transcription automatique des flux audio à France Télévisions. Une utilisation présente, qui augmente depuis 2023, mais qui ne remplace pas vraiment des journalistes déjà présent.e.s. Et pourtant, le remplacement, c’est ce qu’a mis en place cette radio polonaise. Selon Courrier International, Mateusz Demski, pigiste, a été renvoyé fin aout pour être remplacé par les avatars quelques mois plus tard. Cet aspect est beaucoup plus perçu comme dangereux pour la sphère médiatique ; même si on ne trouve pas (encore) d’exemple d’avatar présentateur radio en France, il y a déjà des exemples de licenciements dus à l’IA. En septembre 2023, l’entreprise Onclusive, spécialisée en veille médiatique, congédie 209 salarié.e.s pour les remplacer par une IA. Même si à l’heure actuelle, il s’agit encore d’événements marginaux, l’utilisation de l’IA pour réaliser les tâches dites de desk inquiète les journalistes.

Face à cette appréhension qui se généralise, le Parlement Européen organise du 20 au 22 novembre 2024 la deuxième édition des Assises Européennes du Journalisme de Bruxelles sur le thème « L’IA, les médias, l’Europe et moi : le journalisme européen face au défi de l’Intelligence Artificielle ».

En parallèle, des médias mettent en œuvre des « barrières » face à l’IA sous forme de chartes. C’est le cas du Monde qui en a mis une en place en mars 2024, comme beaucoup d’autres médias. Ces chartes, passées au crible par la Revue des Médias de l’INA mettent en place une priorité à l’humain, un respect de la déontologie, une transparence vis-à-vis du public… L’encadrement de cet outil, c’est une première mesure face à une IA toujours plus puissante qui, en fonction des conditions de son utilisation, peut être le remède ou le poison, comme l’expliquait déjà Platon avec son concept de Pharmakon.

Alice Bourré

Duo acrobate

Breathe Love
Duo Aérien

Cependant que l’acrobate est en proie à l’équilibre le plus instable,
nous faisons un voeu.
Et ce voeu est étrangement double et nul.
Nous souhaitons qu’il tombe,
et nous souhaitons qu’il tienne